L’infarctus : quand survient-il ?
Il y a des morts qui frappent l'imagination. Comme celle de Félix Faure, le sixième président de la IIIe République. Selon la rumeur publique, il serait en effet mort brutalement pour avoir "trop sacrifié à Vénus", en l'occurrence sa maîtresse, la belle Marguerite Steinheil...
Si, 9 fois sur 10, l'infarctus - qui touche chaque année 120 000 Français - se constitue au repos ou durant le sommeil, il peut être aussi, parfois, précédé d'un effort physique inhabituel ou d'une émotion violente. Les exemples tels que la mort de Félix Faure aidant, l'acte sexuel n'a pas une bonne réputation pour le cœur.
Chez les hommes, qui représentent avant 60 ans plus de 90 % des victimes d’infarctus. Et chez les femmes qui, si elles restent relativement protégées jusqu'à la ménopause, ont souvent peur de faire l'amour avec un partenaire ayant déjà eu un accident cardiaque. Mythe ou réalité ?
Exercice physique et activité sexuelle : quelles différences ?
En fait, l'activité sexuelle est une activité physique comme une autre. Contrairement à une idée largement répandue, l'effort qu'elle demande est même plutôt modéré.
Exemple : les dépenses énergétiques. Ces dernières sont multipliées par deux quand l'organisme passe du repos à la marche (3 km/h), par trois quand la marche est plus soutenue (5 km/h) et par treize quand l'effort est très poussé.
Lors d'un acte sexuel fait dans des conditions habituelles, les dépenses énergétiques de l'organisme ne sont pas multipliées par plus de deux ou trois en phase pré-orgasmique et par trois ou quatre au cours de l'orgasme.
Même constat du côté du rythme cardiaque. Au repos, les battements du pouls, qui s'élèvent avec l'âge, sont généralement compris entre 60 à 90 par minute, la moyenne avoisinant 70 à 75. La pression artérielle maximale (systolique), qui augmente aussi avec l'âge, est considérée quant à elle comme normale lorsqu'elle tourne aux alentours de 14 cm de mercure.
En cas d'activité sexuelle, les battements du pouls dépassent rarement 130 et la pression artérielle maximale 17. Des chiffres qui reflètent une intensité de l'effort comparable à celle de la montée de deux ou trois étages. Cette équivalence n'est, bien sûr, qu'une approximation moyenne. L'intensité de l'activité sexuelle peut varier considérablement en fonction des circonstances et des individus.
D'une manière générale, elle reste tout de même très inférieure à celle des épreuves d'effort faites dans le cadre d'un examen cardiologique. Dans ces cas-là, il n'est pas rare de voir le pouls atteindre 160, voire 180 battements par minute, et la pression artérielle maximale s'élever jusqu'à 20 ou 22 cm de mercure.
Qui sont les plus concernés ?
Rien n'exclut, pour autant, un accident cardiaque pendant l'acte sexuel. Un infarctus peut, en effet, très bien se révéler en faisant l'amour, en particulier lorsque la charge émotionnelle est trop forte.
Cela, évidemment, n'arrive pas à n'importe qui. Parmi les plus concernés, il y a d'abord les personnes qui n'ont pas de maladie cardiaque à proprement parler, mais qui présentent des facteurs de risques cardiovasculaires : hypertension artérielle, diabète, cholestérol, tabagisme, obésité ou sédentarité.
La possibilité qu'une maladie cardiaque survienne est plus grande chez les sujets qui cumulent plusieurs facteurs de risques et dont l'âge est élevé. Il y a ensuite les personnes "cardiaques". Derrière ce mot, se cachent toutes les personnes qui souffrent ou ont souffert d'une maladie du cœur.
À commencer par les "coronariens" ceux qui ont une atteinte des coronaires (artères nourricières du cœur) et qui peuvent souffrir d'angine de poitrine et avoir fait un ou plusieurs infarctus du myocarde... Viennent s'ajouter ceux qui ont une insuffisance cardiaque (les contractions du cœur ne sont pas d'une qualité optimale) ou qui ont des troubles du rythme. En pratique, la grande majorité de ces "cardiaques" présentent un risque faible d'infarctus.
Infarctus : trois profils à risque
Les cardiologues se sont penchés sur la question. Le fruit de leur réflexion a même fait l'objet d'une conférence de consensus. Résultat : trois niveaux de risque cardiaque ont été définis.
- Le premier correspond à un risque faible. Il concerne, en fait, les hommes qui vont apparemment bien mais qui ont, au moins, un facteur de risque et jamais plus de trois. On y retrouve ceux qui ont une hypertension artérielle ou une angine de poitrine bien contrôlée par des médicaments, ceux qui ont subi, avec succès, une re-vascularisation des artères coronaires (pontage, dilatation par ballonnet...), mais aussi ceux qui souffrent d'une pathologie peu importante des valves du cœur, d’antécédents d'infarctus du myocarde non compliqué ou d'une insuffisance cardiaque légère. Pour eux, le maintien ou la reprise d'une activité sexuelle n'entraîne pas de risque particulier et ne nécessite ni évaluation cardiologique ni traitement complémentaire.
- Le deuxième niveau correspond à un risque moyen ou indéterminé. Il touche surtout les hommes qui ont plus de trois facteurs de risques. Parmi eux, on retrouve ceux qui ont eu un infarctus du myocarde récent (datant de deux à six semaines), qui souffrent d'une insuffisance cardiaque modérée ou d'une pathologie artérielle extra cardiaque (accident vasculaire cérébral, artérite des membres inférieurs...). Pour eux, une évaluation cardiologique s'impose afin de définir précisément si le niveau de risque cardiaque est faible ou élevé.
- Le troisième niveau correspond à un risque cardiaque élevé. Ce sont les hommes qui souffrent d’une hypertension artérielle que l'on n'arrive pas à équilibrer, d'angine de poitrine qui résiste au traitement, de pathologie valvulaire modérée à sévère, d'insuffisance cardiaque grave, de troubles du rythme à haut risque, ou ceux qui ont eu un infarctus du myocarde datant de moins de deux semaines.
Pour tous ces patients, la prise en charge cardiologique est prioritaire et exige un suivi spécialisé. Ce n'est qu'après avoir évalué, traité et stabilisé les conditions cardiologiques qu'ils pourront envisager une activité sexuelle.
Le viagra n’est pas fait pour tout le monde
Malgré son prix élevé, le Viagra® fait de plus en plus d'adeptes, y compris chez les "cardiaques" : un tiers des hommes qui en prennent présentent en effet une pathologie cardiovasculaire.
Logique, expliquent les cardiologues. Les facteurs de risque des troubles de l'érection sont, pour beaucoup, les mêmes que ceux des maladies de cœur. La "pilule du bonheur" n'est cependant pas sans risque pour les personnes qui prennent des dérivés nitrés.
L'utilisation de ces médicaments qui traitent l'angine de poitrine ou l'insuffisance cardiaque (comprimé, spray, timbre) est en effet incompatible avec la prise du Viagra®. Non seulement il est contre-indiqué, en cas de douleur dans la poitrine au cours d'un acte sexuel, de prendre des dérivés nitrés si l'on a pris du Viagra®, mais il est aussi indispensable, si la douleur ne cesse pas spontanément au repos, d'appeler d'urgence un médecin et de l’informer que l'on a pris du Viagra®.
Les signes d’alerter
Le principal signe de l’infarctus est une douleur soudaine qui s'étend à toute la paroi thoracique antérieure avant de se déplacer vers les épaules, les bras, le cou et le dos. Cette douleur est intense et angoissante. Elle donne généralement l’impression d'un écrasement violent et peut s'accompagner d'essoufflements, sueurs, nausées.
Elle peut se réduire à une simple gêne et être associée à des troubles digestifs trompeurs. Si la douleur persiste plus d'une dizaine de minutes, il faut appeler immédiatement un service d'urgence (15 ou 18). Plus la prise en charge se fait tôt plus grandes sont les chances de survie. Les meilleurs résultats étant obtenus quand le traitement est mis en œuvre dans l'heure suivant l'apparition des symptômes.
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