L’insuffisance cardiaque : une maladie peu connue
Nous avons tous déjà entendu parler d'angine de poitrine et d'infarctus. Et même s'il nous est difficile de définir ces maladies du cœur, on sait qu'elles se caractérisent par une douleur dans la poitrine et qu'elles sont graves. En revanche, l'insuffisance cardiaque est une maladie peu connue dont on mesure mal la sévérité.
Selon une étude menée en Europe auprès de 8 000 personnes, un tiers des personnes interrogées pensent qu'elle serait un effet de l'âge. Seules 3 % disent en connaître les symptômes.
Après plusieurs infarctus
L'insuffisance cardiaque n'est pas un vieillissement naturel du cœur qui se fatiguerait au fil du temps parce qu'il a trop travaillé. Elle survient quand le cœur n'arrive plus à pomper le sang correctement. Plusieurs maladies provoquent cette fatigue du cœur. Celui-ci commence à ne plus fonctionner normalement, puis plus du tout et, sans traitement, le patient risque de décéder. En France, selon le ministère de la Santé, il y aurait chaque année 120 000 nouveaux cas et peut-être 1 000 000 de personnes atteintes par cette maladie ; 30 000 personnes en décéderaient.
L'insuffisance cardiaque survient chez des personnes dont le cœur a été malmené sur une longue période par certaines maladies. C'est pourquoi elle ne se déclare généralement que vers 60-70 ans. Ainsi, les principales affections à l'origine de ses maladies sont celles qui touchent les artères coronaires apportant le sang au muscle cardiaque.
Les patients survivent à un, deux ou trois infarctus du myocarde (ou crise cardiaque). Mais, au fur et à mesure, se produit une destruction de plus en plus importante du muscle cardiaque, et la situation devient irréversible. L'autre maladie, qui conduit à terme à l'insuffisance cardiaque quand elle est mal contrôlée ou insuffisamment traitée, est l'hypertension artérielle.
Une fatigue à l'effort
Les personnes susceptibles de développer une insuffisance cardiaque sont, en général, des patients déjà suivis pour des problèmes cardiaques ou une hypertension. Cependant, trop souvent encore, le diagnostic est posé alors que la maladie est déjà bien installée et le cœur affaibli de manière définitive.
Plusieurs raisons expliquent le difficile dépistage chez les personnes à risque. Tout d'abord, de nombreuses personnes hypertendues ou souffrant de maladies cardiaques ont l'impression qu'elles se portent bien. En effet, l'hypertension est souvent sans symptômes, et une fois la crise cardiaque passée, beaucoup de patients ne présentent plus aucun signe. Se sentir en bonne santé peut conduire à négliger son traitement - le cœur continue donc à s'abîmer - ou à trop espacer les visites de contrôle chez son généraliste, alors que deux à trois visites par an sont nécessaires chez les gens à risque.
Mais ce qui complique le plus le dépistage, c'est la difficile reconnaissance des signes de la maladie par les personnes à risque ou par leur entourage. Il s'agit d'un essoufflement associé à une fatigue, tous deux observés à l'effort. On peut également remarquer chez les patients, des chevilles ou des jambes enflées.
Pourquoi le cœur défaillant d'un insuffisant cardiaque se fatigue-t-il et s'essouffle-t-il à l'effort ? Pour simplifier, c'est un peu comme si le cœur était comparé à un moteur de voiture dont les tuyaux seraient bouchés.
Quand on lui demande d'accélérer (à l'effort), il manque de puissance et n'est plus capable d'envoyer assez d'essence partout (le corps et notamment les muscles des jambes, sont donc insuffisamment approvisionnés en oxygène), d'où la fatigue à l'effort. À un stade plus avancé de la maladie, il peut se produire un œdème pulmonaire (une infiltration de plasma sanguin dans les poumons). De même, il peut exister un gonflement des membres inférieurs.
Prévenir est possible
Si vous reconnaissez ces signes courants, pas de panique pour autant.
Mais il faut sans tarder consulter son généraliste si l'on est hypertendu, si on souffre de problèmes cardiaques ou si on a un risque (diabète, hypercholestérolémie, tabagisme) de développer des maladies cardiovasculaires. En toute situation, il est recommandé de consulter à partir de 60 ans.
Par exemple, un homme de 40 ans, gros fumeur, devra faire attention. Et dans tous les cas, il ne faut pas banaliser les symptômes sous prétexte que l'on est âgé. Une fatigue, associée à un essoufflement à l'effort, peut être très grave, et signifier un problème cardiaque.
En cas de doute, le généraliste enverra son patient chez un cardiologue qui pourra pratiquer une échographie du cœur, l'examen qui permet de poser le diagnostic de l'insuffisance cardiaque. Il existe des médicaments qui font en général disparaître les symptômes et qui stabilisent la situation. Mais ils ne vont pas guérir.
Une prévention précoce passe aussi par une meilleure formation des généralistes et médecins du travail sur les maladies cardiovasculaires. Bref, pour mieux combattre l'insuffisance cardiaque, il faut améliorer l'information du grand public et des professionnels de santé.
À lire aussi :