Il existe encore chez de nombreux gynécologues français une réticence à prescrire (et plus encore à poser !) un stérilet ou DIU (dispositif intra-utérin) à une jeune femme sans enfant.
Aucune raison scientifique ne vient cependant justifier cet excès de prudence : l'OMS et l'Afssaps qui ont compilé toutes les études sérieuses sur la question l'attestent. Il est dommage que ce mode contraceptif soit aussi peu valorisé car, contrairement à la pilule, il ne présente aucun risque cancéreux ni cardiovasculaire. Mais les habitudes et les pratiques gynécologiques évoluant lentement, il ne faut pas forcément s'émouvoir de se voir refuser un DIU lorsque l'on est une toute jeune femme !
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Les plus indiqués : ceux au cuivre pour les jeunes femmes
La cavité utérine est plus étroite chez les femmes n'ayant pas encore mené de grossesse à terme. Dans ce cas, on pose donc des "shorts". C'est-à-dire des modèles plus petits.
En France, le Multiload CU 375 SL et les LIT 380 short et NT 380 - des références en la matière — répondent à ce critère. Ce sont des stérilets au cuivre (donc sans hormones), dont les effets anticonceptionnels sont principalement liés aux propriétés spermicides du cuivre.
Concernant le Miréna ®, le DIU hormonal délivrant du lévonorgestrel - il n'est pas indiqué de le poser à une femme nullipare (qui n'a pas eu d'enfant). Il s'avère en effet trop grand et provoque de plus un arrêt des règles (suite au passage dans le sang du progestatif qui bloque l'ovulation). Ce qui peut être ressenti psychologiquement comme une atteinte à la féminité.
Quels sont les avantages ?
Il y a beaucoup d'avantages en faveur d'un DIU au cuivre :
- Pas de contraintes, pas d'hormones et zéro risque d'oubli.
- Un cycle naturel : sans aucune altération du désir, ni de problèmes de prise de poids.
- Une protection longue durée et qui est gratuité.
Le confort de ce DIU est en effet souvent le premier avantage mis en avant par les utilisatrices. Car, ce stérilet sait se faire oublier, puisque on ne le sent pas. On peut, de plus, avoir toute confiance dans sa fiabilité presque parfaite (99,5 %). C'est d'ailleurs la seule contraception non hormonale pouvant se vanter d'une telle efficacité. Ce point mérite d'être souligné, car il participe au choix des jeunes femmes qui n'ont pas envie de prendre d'hormones ou pour qui elles sont contre-indiquées.
« Ce mode de contraception est en fait le plus respectueux qu'une femme puisse choisir pour son organisme, souligne le Dr Martin. Il n'agit que localement, sans modifier les constantes biologiques. Les inconvénients du stérilet sont le plus souvent transitoires et sans gravité. Alors qu'une phlébite favorisée par une contraception orale peut effectivement mettre immédiatement la vie en danger ! »
Notons aussi que certains gynécologues, comme le Dr Bérengère Arnal-Schnebelen, le recommandent tout particulièrement aux femmes sous pilule depuis plus de dix ans et à celles présentant des risques de cancer du sein.
Bon à savoir : Un DIU coûte environ 30€, remboursé à 65 % par l’Assurance maladie (le reste étant pris en charge par les mutuelles).
Quid des effets indésirables ?
Ils concernent essentiellement les règles : elles durent plus longtemps, leur volume est plus abondant et elles peuvent s'accompagner de maux de ventre. Ces symptômes ne sont pas obligatoires, mais fréquents au cours des trois premiers mois qui suivent la pose. Les anti-inflammatoires ne réduisent pas l'efficacité du DIU, comme cela se dit encore souvent en France.
Toutes les études européennes démontrent le contraire », explique le Docteur Martin.
L'infection (génitale et voies urinaires) fait aussi partie des effets indésirables, et il existe quelques contre-indications infection génitale, allergie au cuivre...
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La pose du stérilet : un moment délicat pour les jeunes femmes
Lorsque l'on appréhende la pose du stérilet, certains médecins proposent une anesthésie locale. « Dans certains cas, cela rassure énormément et procure un confort indéniable lors de l'insertion », souligne le Docteur Martin. S'il est vrai que rien ne remplace la relation de confiance nouée avec le praticien, les aspects pratiques sont, eux aussi, fondamentaux lorsque vient le moment de la pose.
Ainsi, on peut dire qu'il est très rassurant :
- d'avoir constaté de visu la petitesse du DIU,
- qu'aucune question ne soit restée sans réponse,
- d'avoir eu le temps de la réflexion,
- que la pince de Pozzi (douloureuse à cause de ses crochets) soit utilisée, ou maniée, avec beaucoup de douceur lorsqu'il est impossible de s'en passer,
- que l'hystéromètre soit jetable et en plastique (et non en métal pour éviter tout risque de perforation),
- de s'adresser à un médecin qui a l'habitude de poser des DIU.
Depuis quelques années, des gynécologues formés proposent des séances de sophrologie pour préparer à la pose.
Est-ce que ça fait mal ?
L'insertion du stérilet n'est pas un moment agréable. Dans la majorité des cas, les femmes évoquent des crampes dans le ventre comme au moment des règles. La douleur peut parfois s'avérer plus intense si le col de l'utérus est très sensible, si la femme est très "tendue" ou s'il existe un refus inconscient du stérilet. Chez celles qui n'ont pas eu d'enfant, le col est plus tonique. On constate donc souvent des réactions plus vives. Contre la douleur et le malaise vagal, il est recommandé de préparer sa pose avec une prémédication (antalgiques traditionnels, anxiolytique homéopathique ou phytothérapique).
Voici deux types de préparation possibles :
- On peut prendre, la veille et 1 h 30 avant le rendez-vous, un antalgique à base d'ibuprofène, comme le prescrit le Dr Martin.
- Ou 2 comprimés de Spasfon + 2 gélules de Spasmag + 10 granules de la préparation homéo anti-stress suivante
Dans les deux cas, deux heures avant la pose : 1 comprimé de Cytotec pour ouvrir le col de l'utérus.
Cela peut-il gêner la sexualité ?
Non, la femme ne sent pas du tout son DIU pendant les rapports sexuels. Le ventre peut être juste douloureux pendant deux à trois jours après la pose. En cas d'appréhension, reprendre la sexualité en douceur. Il n'y a pas non plus de risques que le partenaire "touche" le stérilet ou se blesse, car le stérilet se trouve dans l'utérus et non dans le vagin. Dans de rares cas, l'homme peut "sentir" le(s) fil(s) du stérilet. Le gynécologue pourra alors le(s) raccourcir. Attention : si l'homme venait malgré tout à être gêné, cela pourrait indiquer une descente du stérilet. Consultez alors d'urgence.
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À partir de quel âge peut-on demander un DIU ?
Aux États-Unis, le DIU est autorisé, dans les bonnes pratiques, à partir de 16 ans, relève Martin Wickler, Personnellement, j’en ai posé à des jeunes femmes de 17 ans. Cependant, l'âge est moins important que la situation et la demande de la femme. Si une jeune femme de 15 ans, ayant une sexualité responsable, préfère un DIU au cuivre plutôt qu'une contraception hormonale, je lui en poserais un, en lui donnant les mêmes informations qu'à une femme de 25 ans.
Il est surtout nécessaire que la jeune femme se sente prête dans son corps et dans sa tête à assumer le port et la pose stérilet.
Vos questions sur le stérilet
C'est le troisième gynécologue qui refuse de me poser un stérilet sous prétexte que je n'ai pas eu d'enfant. Vers qui me tourner ?
On peut se renseigner auprès des CPEF (centres de planification et d'éducation familiale) et des centres du Planning familial. Il y a des CPEF partout où se trouve un hôpital important.
Je suis diabétique, puis-je me faire poser un DIU ?
Bien sûr. Les DIU n’augmentent pas le risque infectieux intra-utérin. De plus, un DIU au cuivre évitera les variations hormonales ou de poids qui sont la crainte de beaucoup de femmes diabétiques.
Ressources utiles :
- Organisation mondiale de la santé (OMS) ;
- Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé ;
- Le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) et l'OMS ont évalué le risque cancérogène de la pilule oestroprogestative comme « certain ».
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