Depuis la légalisation de la pilule en 1967, le recours à la contraception s'est généralisé : aujourd'hui, on estime à 37 % le nombre de Françaises sous pilule contre 16 % qui portent un stérilet et 16 % ayant recours aux spermicides, préservatifs ou méthodes naturelles. Idéale en cas de rapports fréquents, la pilule séduit surtout les plus jeunes, puis est progressivement abandonnée entre 35 et 45 ans.
Le profil des porteuses de stérilet est différent : il s'agit de femmes ayant au moins déjà un enfant. C'est d'ailleurs la méthode la plus employée après l'âge de 40 ans. Les contraceptifs locaux intéressent les couples ayant des relations ponctuelles, ou pour une période de relais, par exemple après un accouchement et avant la pose d'un stérilet.
Quant aux méthodes naturelles ou l'absence de contraception, elles sont le propre des couples ayant plusieurs années de vie commune qui, pour des raisons médicales ou de convictions personnelles, ne veulent pas en entendre parler. Près d'un tiers des femmes (31 %) se retrouve ainsi sans contraception...y compris évidemment celles qui souhaitent une grossesse ou sont déjà enceintes !
Pilule : elle joue sur le désir
Il n'y a pas une mais plusieurs familles de pilules. Selon qu'elles associent œstrogène et progestérone (deux hormones féminines) ou contiennent de la progestérone, on parle respectivement de pilules combinées ou de pilules progestatives. Les premières agissent en bloquant l'ovulation, les secondes en modifiant la glaire cervicale et les parois de l'utérus de façon à empêcher l'ascension des spermatozoïdes et la nidation de l'œuf. Parmi les pilules combinées, les minipilules, les moins dosées en œstrogènes sont les plus prescrites : elles existent en différents dosages (mono, bi ou triphasées) pour permettre à chaque femme de trouver "la" pilule qui lui convient.
Pour les pilules progestatives, il existe également différents dosages, standard ou mini avec, en particulier, des micropilules.
La bonne tolérance des pilules de dernière génération ne doit pas faire oublier qu'une prescription n'est jamais anodine.
Lorsqu'une une femme n'est pas prête psychologiquement à franchir ce pas, soit qu'elle se sente trop jeune ou qu'elle a un désir inavoué de grossesse, elle lui trouve toujours un effet indésirable ou encore oublie régulièrement de la prendre !
Les plus pour la femme...
Ce n'est pas un hasard si l'on a longtemps assimilé la libération de la femme à la naissance de la pilule. En lui offrant la possibilité d'avoir un enfant quand elle le souhaite, la pilule permet d'avoir une sexualité sans calendrier, les règles représentant encore - mais pas toujours - le seul frein.
D'autre part, elle permet de régulariser les cycles et donc de prévoir la date des prochaines règles. Chez certaines, incommodées par un syndrome prémenstruel, la piIule permet d'atténuer les tensions mammaires et les douleurs pelviennes, peu propices aux rapports amoureux les jours précédant les règles.
Quant aux femmes gênées par des règles abondantes, elle diminue sensiblement leur flux.
La pilule protège de certaines affections gynécologiques (endométriose, kystes de l'ovaire) qui entraînent des douleurs, et peuvent donc perturber les rapports. Et elle diminuerait, pense-t-on, le risque de cancer de l'ovaire ou de l'utérus...
Sur le plan psychologique, elle possède un atout : du fait de son efficacité (100 % si elle est bien prise), elle libère le couple du risque de grossesse non désirée. Inversement, comme il suffit de l'arrêter en fin de plaquette - sans qu'il soit nécessaire de voir un médecin - pour qu’une grossesse redevienne à nouveau possible, elle permet au couple de mûrir sa décision.
…et les moins
Si malgré ses nombreux avantages la pilule ne fait pas 100 % d'adeptes, c'est qu'elle a aussi des inconvénients. « J'ai rencontré des femmes qui ont perdu tout désir sexuel sous pilule parce que ce moyen de contraception a la réputation d'être tellement efficace qu'il annule toute possibilité de grossesse », remarque le Dr Oignon, gynécologue.
Or, sans vraiment souhaiter être enceintes, certaines ont besoin de savoir qu'elles peuvent procréer pour se sentir complètement femmes.
Autre blocage psychologique parfois retrouvé : comme la pilule ne protège pas des maladies sexuellement transmissibles, elle ne libère pas totalement l'esprit hormis celui du couple stable et fidèle. Enfin, le fait de devoir prendre tous les jours un comprimé à heure fixe peut être vécu comme une contrainte. Pour les distraites, il existe une carte qui sonne chaque jour à la même heureou des plaquettes de 28 pilules dont certaines ne contiennent aucun principe actif : elles se prennent en continu, ce qui évite de se tromper dans les dates. Outre ces réticences psychologiques, certaines femmes se plaignent de sécheresse vaginale, peut-être en raison d'une baisse du désir. Saignements en dehors des règles et maux de tête susceptibles de gêner les rap- ports amoureux sont parfois rapportés : dans ce cas, le passage à une autre pilule peut améliorer ces symptômes. Mais il est rare de ne pas trouver une pilule qui convienne.
Et lui, qu'en pense-t-il ?
Le fait de s'en remettre à la femme pour la contraception peut gêner ceux qui ne font pas entièrement confiance à leur partenaire. De même, si l'homme veut un bébé mais pas la femme (ou l'inverse), la pilule peut être source de conflits ou de chantage entre eux. Enfin, le fait que la femme puisse avoir des rapports quand elle le souhaite, sans période d'abstinence, peut faire peur à l'homme en le renvoyant à des exigences de qualité. Certains se sentent alors obligés d'être disponibles tout le temps, ce qui génère chez eux un stress parfois responsable de pannes sexuelles !
Stérilet : des inquiétudes masculines
Réservé aux femmes ayant au moins un enfant et un partenaire stable, du fait d'un risque minime d'infection pouvant entraîner une stérilité, le stérilet n'empêche pas la rencontre de l'ovule et du spermatozoïde, mais l'implantation de l'œuf fécondé dans l'utérus.
Le cuivre présent sur la plupart des stérilets a de plus un effet toxique sur les spermatozoïdes. Certains d'entre eux diffusent enfin de la progestérone, à des doses très faibles, pour permettre aux femmes ayant des règles trop abondantes de retrouver un flux normal.
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Hormis les stérilets diffusant de la progestérone, les autres ont une action purement mécanique et parfaitement respectueuse du cycle de la femme : la lubrification vaginale et les périodes du cycle où le désir est le plus fort (au moment de l'ovulation et avant les règles) ne sont donc pas perturbées.
En fait, fois une posé, un stérilet sait se faire oublier : il n'est jamais douloureux. Les derniers venus étant à changer seulement tous les quatre-cinq ans, les contraintes sont aussi réduites à leur maximum.
…et les moins
Parce qu'il augmente souvent la durée, l'abondance des règles et fatigue donc davantage, le stérilet peut gêner les rapports amoureux durant cette période (en cas de fatigue prolongée, penser à re- chercher une éventuelle anémie par carence en fer).
Mais, surtout, certaines femmes supportent très mal sur le plan psychologique, l'idée d'avoir "un corps étranger, elles n'arrivent pas à se détendre pendant leurs rapports ou, encore, se plaignent de contractions douloureuses ou toutes sortes de maux. Enfin, du fait de son mode d'action, certaines personnes, qui estiment que la vie commence au moment même de la fécondation, le refusent...
Et lui, qu'en pense-t-il ?
« J'ai eu le cas d'un couple où l'homme est devenu impuissant du jour où sa femme a mis un stérilet », se souvient le Dr Oignon. Ce patient a retrouvé une érection normale dès que le stérilet de sa femme a été retiré ! C'est dire si le fantasme du corps étranger est aussi très présent chez les hommes. »
Pourtant, lorsque le stérilet est bien posé et les fils coupés suffisamment courts, le partenaire ne peut pas sentir quoi que ce soit, sauf parfois lors du tout premier rapport (ensuite, les fils remontent ou peuvent être coupés)
« Je conseille à mes patientes de ne pas prévenir leur mari qu'ils peuvent sentir les fils lors du premier rapport. En effet, l'expérience montre que lorsqu'ils n'en savent rien, ils l'acceptent beaucoup mieux ! » suggère la gynécologue. Si la crainte de se blesser perturbe la vie sexuelle du couple, on entre dans le registre du fantasme : une petite leçon d'anatomie est alors utile car beaucoup d'hommes sont ignorants de leur corps et encore plus de celui de leur femme. Une petite leçon de modestie aussi : aucun pénis, aussi long soit-il, ne peut toucher un stérilet placé de l'autre côté du col..
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Méthodes locales : des contraintes partagées
Le préservatif masculin, avant tout utilisé contre les maladies sexuellement transmissibles, prévient aussi de la grossesse. Du côté des spermicides, ce n'est pas le choix qui manque : ovules, mousses, crèmes, éponges agissent en noyant les spermatozoïdes dans un milieu incompatible avec leur survie. Quant à la cape cervicale ou le préservatif féminin, ils agissent de façon mécanique, en empêchant les spermatozoïdes de passer le col à condition de les placer correctement dans le vagin.
Les plus pour le couple...
En protégeant contre le virus du sida, les préservatifs rassurent. Du fait de leurs propriétés lubrifiantes, les spermicides sont intéressants en cas de sécheresse vaginale.
Comme leur action reste purement locale, contrairement à la pilule, ils ne suscitent aucun rejet dû à la prise d'un médicament.
Enfin, pour les couples ayant peu de rapports, lorsque les autres moyens contraceptifs sont contre-indiqués, en relais après un accouchement ou en période de péri-ménopause, la contraception locale offre une solution pratique, plus efficace que toutes les méthodes naturelles réunies.
…et les moins
Quel que soit le contraceptif local utilisé, celui-ci doit être placé juste avant le rap- port sexuel (préservatifs, éponge spermicide) ou quelques minutes avant pourles autres : on y perd donc en spontanéité !
Autre contrainte avec les spermicides, il ne faut surtout pas se laver avec du savon ou prendre un bain avant un rapport et aussi durant les quatre heures suivantes, sous peine d'inefficacité de la méthode.
Hormis l'éponge spermicide qui reste efficace en cas de rapports répétés, une nouvelle contraception locale est indispensable en cas de second rapport.
Avec les préservatifs y compris les modèles les plus fins, certains se plaignent d'une baisse de la sensibilité.
Sur le plan psychologique, le fait que les contraceptifs locaux soient moins efficaces que d'autres méthodes, comme la pilule ou le stérilet, est source d'arrières- pensées et peut, par conséquent, nuire aux rapports amoureux.
Enfin, le préservatif ayant surtout une image de prévention contre le sida, son recours au sein d'un couple stable peut générer de la suspicion à propos de la fidélité de l'autre.
Méthodes naturelles : du piment et des risques
Elles sont nombreuses, depuis l'abstinence en période d'ovulation jusqu'au retrait avant l'éjaculation. Mais c'est le plus aléatoire des moyens de contraception. Le problème vient de la difficulté à déterminer la période de l'ovulation, étant donné qu'il suffit de peu de chose (une simple contrariété) pour perturber le cycle féminin !
Même le calcul par ordinateur des marqueurs de l'ovulation comme le changement de température ou la sécrétion de l'hormone lutéinisante (ou LH) dans les urines n'arrive pas à rendre ces méthodes complètement fiables.
Les plus pour le couple...
Des relations non protégées peuvent signer, pour certaines, un désir inavoué de grossesse. Quant aux périodes d'abstinence, donc d'attente, elles sont parfois utiles pour échapper à la routine, aiguiser le désir et favoriser d'autres types d'échanges amoureux (mas- sages, caresses, baisers).
Enfin, le fait d'être à l'écoute de son corps n'est jamais inutile en sexologie, trop de problèmes viennent d'une méconnaissance de soi !
…et les moins
La peur de ne pas se retirer à temps pour l'homme ou de s'être trompé dans le calcul de sa période d'ovulation pour la femme peuvent parasiter les pensées au moment du rapport, en cas de grossesse vraiment indésirable. Ces méthodes ne protégeant guère des maladies sexuellement transmissibles, la relation sexuelle peut aussi être perturbée lorsque la confiance n'est pas réciproque. La méthode du retrait peut enfin être source de frustration et non des moindres, puisqu'elle intervient juste avant l'orgasme masculin !
Après bébé, sexualité et contraception
Près de la moitié (45 %) des jeunes mamans avouent rencontrer des difficultés sexuelles après l'accouchement : baisse du désir, troubles de la sensibilité, voire douleurs font partie des plaintes les plus fréquentes. Pourtant, peu d'entre elles osent se plaindre et peu de médecins semblent s'en inquiéter...
Les trois premiers mois suivant l'accouchement représentent une période charnière tant pour la femme que pour l'homme. Hormis les modifications physiques liées à la grossesse et l'accouchement, la femme est confrontée à son nouveau statut de mère, l'enfant accaparant toute son énergie et son attention.
Côté père, la situation est aussi ambiguë : il se retrouve face à une partenaire dont le corps a changé, et dont l'emploi du temps est en grande partie voué au bébé, sans compter l'accouchement qui est susceptible de changer l'image érotique qu'un homme a de sa femme.
Pour venir à bout de ces blocages, chacun des deux partenaires doit laisser du temps au temps : le corps de la femme ayant subi des transformations durant ces neuf mois, tout ne peut rentrer dans l'ordre comme par magie ! Outre une bonne dose de patience, le renforcement de la sangle musculaire périnéale grâce aux séances de kinésithérapie et l'éventuel recours aux lubrifiants lors des premiers rapports sont utiles pour retrouver une sexualité harmonieuse.
Mais si le blocage persiste au-delà des trois premiers mois, s'il est source de tensions importantes dans le couple, l'aide d'un psychologue s'impose afin de verbaliser les angoisses et de renégocier le rôle de chacun dans le couple.
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