« Docteur, j'ai des douleurs dans la poitrine. Je ne me sens pas bien ». Cette plainte, les cardiologues l'entendent tous les jours. Les gens consultent parce qu'ils ont peur d'avoir un problème au cœur. En réalité, une fois les examens cardiaques réalisés, on s'aperçois qu'ils sont trop stressés. A notre époque, on est obligés de devenir multitâches. Le téléphone sonne, la tablette, l'ordinateur, la télé… sont allumés... Cela n'arrête pas. Nous ne sommes plus habitués à faire autant de choses à la fois. C'est cela qui nous stresse et nous fragilise.
Le corps se met en état d'alerte
A l'origine, le stress est défini dans les années 1970 par le chercheur canadien Hans Seyle comme un mécanisme d'adaptation. Il s'agit d'un processus physiologique que l'organisme déclenche en réaction à une difficulté.
Le stress survient chez une personne lorsqu'un déséquilibre apparaît entre deux de ses perceptions : celle des contraintes environnementales et celle de ses ressources pour faire face aux précédentes. Le corps se met en état d'alerte et le stress se traduit par des manifestations bien connues : la pupille se dilate, le rythme cardiaque et la tension augmentent, on respire mal, les muscles se contractent et la digestion est perturbée.
Un stress aigu est appelé à disparaître rapidement. C'est vrai quand il concerne un examen, une prise de parole en public ou encore un entretien d'embauche. Mais ce n'est pas le cas lors d'événements tragiques : le deuil du conjoint, un divorce ou une séparation, la mort d'un proche, une maladie ou un licenciement qui ont tous un retentissement psychologique bien plus long. D'ailleurs, nombreux sont ceux qui pensent que la perte d 'un être aimé ou le deuil d'un projet vital a provoqué la survenue d'une maladie grave.
Beaucoup d'études ont cherché à mettre en évidence un lien entre un événement de vie et le cancer du sein, toutes ont été négatives. Cela n'a jamais pu être affirmé.
Mais cela n'exclut pas qu'une défaillance du système immunitaire permette à un cancer préexistant de progresser. Ce qui, en outre, est difficile à démontrer. Restent les maladies psychosomatiques : asthme, eczéma, psoriasis, crise d'herpès... dont on sait qu'un stress unique ou chronique peut les favoriser. Il faut toutefois un terrain favorable. Les personnes y sont déjà prédisposées.
Le pire ? Le stress chronique
Le stress devient chronique quandford, en Californie : Le stress, Portrait d'un tueur. Attractif, effrayant, mais en partie vrai. Pour preuve, des chercheurs américains ont analysé que les personnes les plus stressées ont un risque de décès augmenté de 20 % au cours des huit années suivantes, par rapport à des personnes ne pré- sentant pas de symptômes de stress.
Le fait d'être confronté à un environnement stressant, de façon plus ou moins régulière et intense, est reconnu pour affecter la santé physique et mentale.
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Le stress chronique peut induire une maladie auto-immune
La mémoire est aussi perturbée
En plus de favoriser la dépression et le burn out, se sentir stressé double le risque d'avoir un problème cardiovasculaire : l'hormone la plus incriminée dans la formation des maladies coronariennes, c'est l'adrénaline. Celle-ci a probablement une action athérogène.
Non seulement elle abîme les artères pendant des années, mais elle favorise les caillots, les troubles du rythme sévères et l'hypertrophie du ventricule gauche. Il a été montré qu'à la faveur d'une vie stressante, un épisode de trop, comme une explosion de colère, pouvait provoquer une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral. Et ce n'est pas tout. Le stress chronique est caractérisé par la production de cortisol qui, va perturber la mémoire, les fonctions hormonales et le système immunitaire, nous rendant plus vulnérables aux virus.
Plus important, le stress chronique pourrait induire des maladies auto-immunes comme le diabète de type 1, la rectocolite hémorragique, une maladie thyroidienne... Une étude suédoise publiée en janvier 2014 montrait que des enfants soumis à un stress familial important présentaient des réactions immunitaires et un taux de cortisol anormaux.
Leur système immunitaire s'attaquait à certaines de leurs propres protéines. On sait que la libération de cortisol, hormone hyperglycémiante, est un facteur aggravant du diabète parce qu'il rend les cellules de plus en plus résistantes à l'insuline. Stressés de façon chronique, nous puisons l'énergie nécessaire pour résister d'abord en consommant du glucose.
Puis, nous dégradons des protéines, ce qui provoque un fort affaiblissement, ou des lipides et cela libère énormément de cholestérol.
Chasser au loin les pensées anxiogènes
Quand doit-on s'alerter ? Lorsque la tension, l'insomnie, la fatigue, les problèmes digestifs et des troubles de concentration s’installent et ne passent pas malgré le repos. Le Dr Setbon propose plusieurs conseils qu’il adapte au contexte psychosocial : « J'oriente vers la pratique d'un sport ou d'une activité relaxante, sinon vers un traitement bêtabloqueur qui ne va pas guérir le stress, mais réduire la plupart des symptômes ».
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S'aguerrir pour mieux maîtriser le stress : on sait que c'est le stress non contrôlable qui entraîne des problèmes de santé, y compris physiques. Le stress est sous-tendu par des réactions biologiques modulées par le sentiment de contrôle ou de non-contrôle de la situation.
C'est pourquoi il ne faut pas se laisser envahir par les mauvaises nouvelles sur lesquelles nous sommes impuissants, quitte à parfois couper le son et l'image. Mieux vaut aussi ne pas anticiper des faits dont on ignore l'issue pour ne pas entretenir une mécanique de pensées anxieuses. Les pensées abstraites nous éloignent du concret, alors que des petites choses, par exemple demander du soutien, échanger avec des amis, trouver des alternatives, nous placent dans la résolution de problèmes et dans l'action. Si l'on sait que l'on peut y faire face, le stress sera moins violent que si l'on a peur de l'épreuve qui nous attend.
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