Dès les premières règles, les femmes ressentent toutes sortes de douleurs en partie liées aux sécrétions hormonales. De surcroît, elles sont plus sujettes que les hommes aux douleurs intestinales et aux cystites. Le stress, qui a un impact négatif sur l'immunité, en est en partie responsable. Et comme nous avons toutes des prédispositions génétiques à telle fragilité (certaines naissent migraineuses, d'autres ont un côlon fragile), le stress et les émotions déclencheront des douleurs plus particulièrement dans cette région du corps.
Syndrome prémenstruel : le poids du psychisme
Certaines femmes endurent un vrai calvaire les jours précédant leurs règles. « Chaque mois, j'ai le ventre ballonné, les seins très durs, et je suis irritable, confie Sophie, 32 ans. Et lorsque je suis stressée par mon travail ou en désaccord avec mon mari, c'est pire encore : je suis carrément déprimée. »
Toutes les femmes ont ressenti ces symptômes désagréables. Les responsables ? Les hormones, plus précisément les œstradiols, qui sont en chute libre et cela a des conséquences sur le cerveau. Cette baisse hormonale entraîne en effet une diminution d'un neuromédiateur, la sérotonine.
Au final : baisse de tonus et coup de blues. Certaines femmes sont très déprimées à ce moment-là et ont des idées noires.
Il existe probablement une réceptivité différente du cerveau aux hormones selon les femmes. Les chercheurs avancent aussi une explication génétique à ce syndrome, après avoir découvert que les gènes de sensibilité aux hormones avaient également leur importance.
Reste que le psychisme est aussi partie prenante : si le stress s'en mêle, cet événement mensuel prendra une importance considérable. Tensions et douleurs n'en seront que plus violentes !
Le souvenir d'un traumatisme ?
L'origine des maux qui touchent le ventre est parfois difficile à diagnostiquer. C'est le cas de l'endométriose, qui concerne 20 % des femmes. Ce trouble correspond à la migration dans le bas-ventre de cellules provenant de l'endomètre (muqueuse tapissant l'utérus) et qui, au fil du temps, entraînent des douleurs pendant les règles ou au cours des rapports sexuels. L'endométriose survient chez les femmes qui ont une prédisposition génétique. Mais les souffrances psychologiques influent considérablement sur l'apparition des douleurs ainsi, certaines femmes ne ressentent rien. Puis, à la faveur d'un choc émotionnel ou de tensions dans leur vie affective, la douleur se manifeste.
Mais il existe aussi des maux de ventre "psychogènes", c'est-à-dire dont les causes sont purement psychiques. Exemple- type : les vulvodynies (ou brûlures vulvaires), responsables de douleurs pendant l'amour. Même si l'on soupçonne chez ces femmes un défaut de résistance immunitaire des muqueuses qui réagissent de façon excessive, l'aspect psychologique est très important. Elles ressentent souvent un sentiment de culpabilité dont l'origine est un traumatisme psychologique (notamment des violences sexuelles) qu'elles ont refoulé. Lorsqu'elles retrouvent la mémoire de cet événement, une psychothérapie s'avère nécessaire.
Le côlon, sensible au stress
Autres problèmes "féminins" : les troubles du transit, ballonnements... Les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes à souffrir d'un côlon irritable. Une des explications possibles ?
La paroi du côlon est tapissée de récepteurs aux hormones (notamment aux œstrogènes), ce qui peut expliquer des diarrhées ou des ballonnements à certains moments de leur cycle.
Différents facteurs prédisposent à souffrir d'un côlon irritable : l'alimentation, les infections... Mais le rôle du psychisme est ici fondamental, car le côlon est sensible à tous les états affectifs, du simple stress aux chocs affectifs plus profonds. A tel point qu'on l'appelle aussi cerveau "intestinal". Le côlon possède des liens neurologiques privilégiés avec le cerveau.
De plus, des études montrent que les femmes sont globalement plus tendues que les hommes, qui extérioriseraient plus volontiers leur anxiété en ayant recours à l'action ou à l'agressivité. Une vaste étude sur le stress au travail, menée sur près de 13 000 salariés par l'Ifas, confirme la plus grande fragilité des femmes : celles-ci présentent plus de risques de souffrir d'anxiété pathologique et de ressentir un niveau de stress dangereux pour leur santé.
Un conflit relationnel non résolu
En dehors de la médecine psychosomatique, des courants s'inspirant de la psychanalyse ont élaboré des théories établissant des liens entre le corps et le psychisme.
Certaines personnes auraient ainsi tendance à refouler leur imaginaire elles ne se souviendraient plus de leurs rêves, s'accrocheraient à la réalité... Et lorsqu'elles se trouveraient aux prises avec un conflit relationnel qu'elles ne peuvent résoudre, elles tomberaient gravement malades (maladies touchant de préférence les organes).
D'autres auraient, au contraire, un imaginaire riche et foisonnant et, à l'occasion d'un conflit, développeraient une maladie moins sévère, avec des symptômes variables (tachycardie, maux de ventre...) et renvoyant à une symbolique du corps.
« L'une de mes patientes, dépendante de sa mère, était très agressive avec elle pour tenter d'échapper à son emprise, raconte Christelle Pichon, psychanalyste. Elle a souffert de maux de ventre, le ventre symbolisant pour elle l'enfantement, une naissance d'elle- même qu'elle ne parvenait pas à effectuer. »
Si ces théories sont intéressantes, ne perdons pas de vue que chaque histoire psychosomatique est singulière et ne saurait se décrypter ailleurs que dans un cadre thérapeutique... Attention donc aux interprétations "sauvages" fondées sur la seule symbolique du corps !
Des maladies imaginaires ?
Pas toujours facile de distinguer la part du psychisme dans l'éclosion d'une maladie... Trop souvent, les médecins disent aux femmes : "Madame, vous n'avez rien, consultez un psy". Elles se sentent alors abandonnées et ont l'impression d'être prises pour des malades imaginaires. Or, leur douleur, quelle qu'en soit la cause est bien réelle.
Une douleur qui persiste au-delà de trois mois est considérée comme chronique. Et souffrir d'une douleur chronique entraîne souvent anxiété et dépression. Une chose est sûre : avant de diagnostiquer une origine psychique à des maux de ventre, le médecin doit envisager des examens complémentaires pour s'assurer qu'il n'existe aucune altération des organes en cause.
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