Lenna a 37 ans. C'est sa première visite chez un parodontiste, spécialiste de la gencive et des tissus d'attache des dents (os, cément, ligament). Depuis peu, ses dents la préoccupent. Ses incisives lui paraissent bouger et ses gencives saignent de temps en temps. L'examen montre que sa gencive, inflammatoire, n'est plus "collée" autour des dents sur une profondeur de 5 à 8 millimètres. Du tartre est perceptible sous la gencive et l'examen radiographique confirme une perte osseuse de 40 à 60 %.
Lenna souffre de maladie parodontale sévère. Les tissus de soutien des dents sont atteints et elle risque, sans traitement adéquat, de perdre ses dents. La jeune femme doit désormais adopter une hygiène bucco-dentaire rigoureuse, et le praticien lui recommande d'abandonner le tabac (elle fume dix cigarettes par jour depuis l'âge de vingt ans).
Depuis quelques années, la maladie parodontale fait beaucoup parler d'elle. Et pour cause. Cette affection d'origine bactérienne est responsable de 30 à 40 % des cas de pertes dentaires prématurées.
Les premières atteintes commencent en moyenne après 50 ans, mais parfois aussi avant. Les hommes sont davantage concernés que les femmes (1,5 fois plus).
Faire un dépistage annuel chez le dentiste
L'ennui, avec cette maladie, c'est son caractère silencieux (on ne la sent pas venir) et irréversible quand elle n'est pas prise à temps. Ce qui est perdu est perdu. On peut certes utiliser des techniques de comblement quand il y a une diminution osseuse, ou réaliser des greffes en cas de récession gingivale sévère (quand la gencive se rétracte), mais ce sont des techniques lourdes et qui ne réussissent pas sur toutes les gencives. En outre, les soins coûtent cher et sont très faiblement remboursés par l'Assurance maladie.
Alors que l'hygiène préventive reste bon marché et facile à mettre en œuvre. En recherchant l'origine de la maladie, on retrouve les mêmes responsables : la plaque dentaire et le tartre, qui n'est autre qu'une plaque dentaire calcifiée.
C'est ce dernier qui, en s'agglutinant dans des poches à la base des dents et sous la gencive, favorise la destruction précoce du système d'attache. La gingivite (saignements et inflammation de la gencive) est le premier signe qui doit alerter. Contrairement à ce qui a été dit pendant longtemps, les saignements ne sont pas normaux. Ils sont au contraire le signe de la présence d'un foyer infectieux et ils nécessitent une visite chez le dentiste.
Hormis ces saignements chroniques, il est difficile, voire impossible, de détecter soi-même une maladie parodontale.
Seuls le dentiste ou le parodontiste peuvent en repérer les autres signes cliniques : inflammation, poches parodontales, récession gingivale... En interrogeant également le patient sur son mode alimentaire, ses antécédents familiaux, ses facteurs de risque (tabac, maladie, terrain...) il est possible de déterminer si l'on est plus susceptible de la développer.
Des tests sont effectués pour connaître l'origine et le degré d'atteinte du parodonte : test bactérien, pour contrôler la qualité de la flore buccale, mesure de la récession gingivale avec une sonde millimétrée introduite dans la gencive (au delà de 5 mm, le problème est sérieux), statut radiographique complet pour confirmer le diagnostic (perte osseuse).
Tabac : un risque multiplié par 14 !
Chez les personnes qui ont un terrain prédisposé (la flore bactérienne buccale ne sait pas répondre à l'infection), l'atteinte parodontale peut évoluer très vite, en un à deux ans. Mais cela reste rare.
L'existence de certaines maladies, de diabète notamment, entraîne également un risque de développer la maladie de trois à onze fois plus élevé que chez un sujet sain. Tandis que d'autres études montrent que la maladie parodontale chez une personne diabétique provoque aussi un risque de diabète mal équilibré.
Les facteurs de risque environnementaux, comme le tabac, ne sont pas non plus en reste. Chez un fumeur, le risque de développer prématurément la maladie est de deux à quatorze fois plus important que chez un non-fumeur !
Un patient non fumeur ayant une bonne hygiène buccale et se faisant suivre régulièrement ne perdra pas ses dents pour des raisons parodontales. Un fumeur, qui utilise un brossage manuel et ne va pas régulièrement chez le dentiste, perdra une dent avant l'âge de cinquante ans.
Globalement, les traitements marchent mal sur les fumeurs, même s'ils ont un bon brossage. Les mécanismes de destruction sont liés à des perturbations de certaines cellules de défense et à une baisse des anticorps. Nous parvenons cependant à ralentir l'évolution de la maladie grâce au traitement.
La prévention reste la meilleure arme pour conserver ses dents le plus longtemps possible. Avec une hygiène parfaitement adaptée à sa dentition, les dentistes pensent qu'il est même possible de les garder jusqu'à cent ans ! En procédant à un ou deux détartrages annuels chez un sujet sain, trois à quatre chez des sujets fragilisés ou prédisposés. Pensez-y lors de votre prochaine visite chez le dentiste.
Une hygiène adaptée à chacun
Pour préserver ses gencives, il faut avoir une hygiène "parfaite". Et pour atteindre la perfection, il faut ne pas être avare de son temps, utiliser (presque) tous les moyens à sa disposition et penser à l'avenir de ses dents :
- Brossage. Trop rapide, il est inefficace. Trop fort, il provoque des inflammations gingivales et, à terme, un risque de récession gingivale localisée chez les personnes qui ont la gencive fine. Il faut faire simple : des petits mouvements, en rotation, partant de la gencive vers la dent.
- Brosse manuelle. Elle ôte en moyenne 50 % de la plaque dentaire. Préférez les brosses avec une petite tête, pour aller partout, et des poils croisés ou de différentes longueurs, pour les espaces interdentaires.
- Brosse électrique. Sans être la panacée, elle est plus efficace que la brosse manuelle. Elle ôterait entre 20 % à 30 % de plaque dentaire supplémentaire. Privilégiez les brosses à mouvement rotatif.
- Fil dentaire. Il ôte les déchets alimentaires logés dans les espaces interdentaires et la plaque. À condition de savoir l'utiliser : faites glisser le fil de haut en bas et de gauche à droite pour bien décoller la plaque. Utilisez-le avant le brossage. Choisissez un fil ciré si vos dents sont serrées.
- Brossettes interdentaires. Elles s'emploient essentiellement en cas de récession gingivale sévère, de perte d'attache de la gencive, de bridges ou après une chirurgie parodontale. Elles existent en différentes tailles.
- Jets interdentaires. Ils ôtent les déchets alimentaires et la plaque dentaire seulement lorsque celle-ci a été décollée préalablement par le brossage ou le fil dentaire.
- Bains de bouche. Seules les solutions antiseptiques délivrées sur prescription sont indiquées pour les problèmes gingivaux (saignements, gonflements...). À utiliser sur une courte période, une semaine maximum.
À lire aussi :