Le rôle de la colonne vertébrale
Votre colonne vertébrale a beaucoup de mérite à nous supporter tout au long de notre vie, nuit et jour. N'est-ce pas pour cette raison que de temps en temps elle crie : stop ! et nous : aïe ! Elle en a "plein le dos" de nos activités trépidantes, de nos mouvements incessants et même parfois de nos éternuements.
Pourtant, la colonne vertébrale est solide avec ses vingt-quatre vertèbres mobiles, entre lesquelles les disques servent de véritables amortisseurs. Mais certains travaillent plus que d'autres. C'est le cas des cinq derniers disques avant le sacrum, les lombaires, et même de la première vertèbre "sacrée". Lombalgies, lumbagos et sciatiques, dus à une compression inter-discale, trouvent leur origine à ce niveau.
Question de nerf
Le disque vertébral est fragile, et, avec les années, même sans le solliciter exagérément, il tend à se déshydrater, se fissurer, à perdre de sa souplesse et de sa résistance. Mais la partie la plus dure de ce disque peut aussi, à la suite d'un traumatisme ou d'une trop forte sollicitation ou pression, se déplacer légèrement et comprimer des racines nerveuses, situées à quelques millimètres.
Il y a alors une hernie discale qui se manifeste par une sciatique : Une sciatique précède ou est associée, le plus souvent, à une lombalgie, une douleur au niveau des reins, comme on dit couramment. Lorsque la hernie se situe entre la 4e et la 5e vertèbre lombaire, la racine nerveuse est comprimée et la douleur de la sciatique court sur la partie externe de la cuisse jusqu'au-dessus du pied et même du gros orteil. Si elle se situe entre la 5e vertèbre lombaire et la 1re vertèbre sacrée, la racine est comprimée et la douleur s'étend sur la face postérieure du mollet jusqu'au talon ou à la plante du pied.
Il n'est guère difficile de reconnaître une sciatique, et les personnes qui en ont déjà souffert connaissent ses caractéristiques. La douleur se promène tout le long du trajet du nerf sciatique, provoquant des sensations cutanées désagréables avec des engourdissements ou des picotements, surtout au niveau du pied et de la cheville. Dans certains cas, la sciatique peut s'accompagner d'une diminution de force et, dans d'autres, heureusement très rares, d'une paralysie.
Si vous pouvez encore marcher sur vos orteils, la partie motrice de la première vertèbre sacrée (SI) n'est pas atteinte ; si vous pouvez marcher sur vos talons, la partie motrice de la cinquième vertèbre lombaire (L5) est sauve !
Quand et comment ?
Le disque ou plutôt les disques, nous l'avons vu, sont les amortisseurs de la colonne vertébrale. Des amortisseurs qui sont extrêmement sollicités et malmenés. Chutes, chocs, accidents ou même certaines activités physiques et des efforts trop intenses sont les véritables ennemis de nos disques vertébraux.
Il faut se méfier de sports comme le tennis ou le judo, que pratiquent les enfants de moins de 8 ans de façon intense, plus de trois fois par semaine. S'ils permettent de sélectionner les futurs champions, ils sont responsables d'un pourcentage non négligeable de casse chez les adolescents qui, vers 18- 20 ans, seront de véritables handicapés.
S'il convient d'être vigilant dès le plus jeune âge pour l'avenir du dos de nos enfants, nous devons, nous aussi, nous surveiller au moment de la grossesse ou de l'accouchement, lors d'une prise de poids ou d'un amaigrissement trop rapide. Dans tous ces cas, c'est le nerf sciatique qui souffre et qui risque surtout de nous faire souffrir. Parfois, très rarement, la douleur peut être chronique à cause d'une compression trop prolongée du nerf.
Du repos à la chirurgie
Les traitements pour soigner une sciatique sont multiples, le tout est de trouver celui adapté à votre cas particulier. Le repos est à la fois la meilleure des solutions et la plus difficile à respecter, car il doit durer entre quinze jours et trois semaines sur un lit dur. Pour tous ceux qui ne peuvent le respecter, on propose de plus en plus de porter un lombostat plâtré, le plus souvent en résine légère, qui prend les reins, remonte sur le thorax et s'appuie sur les crêtes iliaques. Il immobilise la colonne vertébrale et met le disque au repos.
Ces solutions, souvent radicales, s'associent toujours à la prise de médicaments tels que des anti-inflammatoires, des antalgiques (qui calment la douleur), des décontracturants, et des infiltrations de cortisone dans l'espace péridural ou à proximité du nerf sciatique. L'action est, en général, rapide et bénéfique.
Une fois la douleur passée, une rééducation sous surveillance médicale chez un kinésithérapeute est parfois prescrite pour éviter une nouvelle contracture. Lorsque le repos, le lombostat et/ou le traitement médical ne donnent aucun résultat, on est souvent obligé d'avoir recours à la chirurgie. La chirurgie dite "discale" a fait d'énormes progrès depuis quelques années et, suivant les cas, plusieurs techniques peuvent être proposées. Elles doivent toujours être pratiquées par des chirurgiens spécialisés qui n'interviennent que si le diagnostic a pleinement été confirmé par un scanner, une IRM (imagerie par résonance magnétique), une radioculographie (examen de contraste permettant de visualiser directement le problème au niveau du disque et du nerf), ou une discographie avant certaines techniques d'infiltration discales.
L'intervention classique
La chirurgie classique consiste à retirer, sous anesthésie générale et en pratiquant une incision, le noyau de la hernie et la partie osseuse qui contribue à comprimer le nerf. Elle est réservée à des cas graves.
L'hospitalisation dure une semaine. Et un, deux, voire trois mois de convalescence sont nécessaires. 20 % seulement des patients reprennent leurs activités au bout de 15 jours. Pour les autres, le délai est plus long.
Sous microscope
Cette opération, qui a lieu également sous anesthésie générale, est moins agressive. L'incision est plus petite, le chirurgien peut visualiser la partie à enlever et ne touche pas à l'os.
48 heures d'hospitalisation suffisent. Il y a également un repos postopératoire non négligeable.
La chimionucléolyse
Elle consiste à détruire la hernie discale par injection de papaïne, extraite de la papaye (fruit exotique). Il se produit alors un affaissement discal d'autant plus important que le disque est bien hydraté et, donc, le sujet plus jeune. Cette opération est pratiquement indolore.
L'hospitalisation dure environ trois jours. Les douleurs disparaissent au bout de six à douze heures, mais laissent, dans certains cas, des lombalgies que la rééducation permet de calmer en deux ou trois mois.
La chimionucléolyse est plutôt proposée à des malades peu sportifs ayant la quarantaine. Si l'intervention échoue, il est impossible de la renouveler.
La nucléorthèse
Il s'agit d'un dérivé de la chimionucléolyse qui consiste à injecter de la cortisone dans le disque. La nucléorthèse s'adresse, en général, à des personnes présentant une hernie discale avec dégénérescence et fissuration du disque, ou à celles qui sont allergiques à la papaïne ou qui ne peuvent subir d'intervention chirurgicale sans trop grand risque. De bons résultats sont obtenus de façon immédiate, mais cet effet risque de s'épuiser dans le temps. La nucléorthèse permet de pratiquer très tôt une rééducation.
La discectomie percutanée
Réservée aux hernies récentes, d'accès facile, et à celles qui font souffrir, cette opération est pratiquée sous anesthésie locale. Un produit de contraste est d'abord injecté à travers une aiguille permettant, grâce à un écran de télévision, de repérer la partie atteinte. L'aiguille est ensuite remplacée par un tube dans lequel est placée une pince qui sectionne et enlève la partie du disque comprenant la hernie. L'intervention peut également être réalisée par aspiration.
Le lendemain, le malade se lève et rentre chez lui 48 heures plus tard. Environ trois semaines après, il pourra reprendre ses activités. La discectomie donne de bons résultats dans 70 % des cas.
La rhizolyse
Elle consiste, à l'aide d'une aiguille chauffante introduite à travers la peau, à coaguler les petits filets nerveux sensibles des nerfs rachidiens. L'hospitalisation est de 48 heures.
On a le droit d'attendre un peu avant de proposer une intervention chirurgicale lors d'une sciatique. En effet, un disque est capable de digérer sa propre hernie. C'est d'ailleurs ce qui se passe, la plupart du temps. Le seul problème est qu'un disque ne peut refaire un disque élastique, ce qui entraîne une fragilité résiduelle du disque et explique les récidives au même étage. Le but serait d'éviter le vieillissement aussi bien articulaire qu'osseux.
Beaucoup de sciatiques, à part celles qui surviennent à la suite d'un accident, pourraient être prévenues. Dans la vie de tous les jours, évitez de soulever des choses trop lourdes, utilisez plus vos hanches et vos genoux que votre dos lorsque vous vous baissez et que vous vous relevez. Après une sciatique soignée, votre dos reste fragile encore au moins trois mois. C'est à ce moment-là qu'une bonne rééducation, sous surveillance médicale, permet de tonifier sa ceinture abdominale et de réapprendre à se tenir correctement. Puis, dix minutes par jour, de préférence au lever, n'oubliez pas de refaire les quelques mouvements que vous aura appris votre kinésithérapeute. Allez à la piscine, ne pratiquez pas d'entraînement sportif intensif et faites attention à tout sport qui sollicite la colonne lombaire. Ayez pitié de votre dos, il vous en sera reconnaissant ! Quelques règles d'hygiène fort simples suffisent parfois à éviter une sciatique qui vous clouera au lit.
Ce que vous devez retenir
- C'est la région du dos la plus mobile - au niveau lombaire - qui est la plus vulnérable.
- Le premier examen à faire est une radio de la colonne vertébrale.
- Des anti-inflammatoires et décontractants musculaires peuvent suffire à guérir une sciatique.
- Le premier des traitements est le repos : restez au lit !
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