Car ces maladies dites infantiles n'épargnent pas les grands enfants que nous sommes. Théoriquement, avoir eu, dans son jeune âge, une rougeole, une coqueluche ou une varicelle permet de fabriquer des anticorps qui nous protégeront à l'âge adulte des mauvaises surprises. C'est ce que nous croyons... mais ce n'est peut-être pas si simple ! Alors, qui peut-on incriminer contre ces transmissions si désagréables ? Pourquoi certaines se transmettent-elles et d'autres non ? Et, afin de réagir à temps, comment reconnaître les formes qu’adopteront les maladies infantiles chez l'adulte ? L'adulte atteint de rougeole pourrait s'en prendre... aux progrès de la médecine ! L'explication paraît contradictoire, et pourtant...
Jusqu'à une époque récente, tous les enfants avaient la rougeole. Une fois adultes, ils continuaient de se trouver en contact avec la maladie, d'autres enfants étant à leur tour atteints, et ces contacts répétés avec la maladie créaient chez l'adulte un "rappel naturel". Tout se passait comme si les anti-corps de l'adulte se renforçaient à chaque exposition à la rougeole.
Aujourd'hui, les données ont changé : la maladie a tellement régressé sous l'effet de la vaccination systématique que peu d'enfants attrapent la rougeole. L'adulte n'a plus ce système de "rappel naturel", qui renforçait sans cesse ses défenses contre la maladie. Car les anticorps, si on ne les "active" pas de temps à autre, deviennent vite amorphes.
Résultat, on voit ressurgir çà et là des adultes atteints de rougeole. Il est sûr que les malades ont peu à peu perdu leur protection naturelle contre la maladie. Dans un sens, en France, on a encore la chance d'avoir des cas de rougeole suffisamment fréquents pour assurer ce salutaire effet de rappel, mais qu'en sera-t-il dans dix ans pour ceux qui ne seront pas vaccinés ou qui ne feront pas leur rappel, sous prétexte que le mal est éradiqué ?
Les autres facteurs de transmission des maladies infantiles ? Certaines d'entre elles ne donnent pas lieu à vaccination obligatoire car elles restent bénignes chez l'enfant. Ainsi, un enfant qui n'aurait pas la varicelle dans sa jeunesse pourra la contracter une fois adulte, s'il se trouve en contact avec des porteurs du virus en culotte courte.
Tout le problème de ces transmissions est de savoir ce que donnera la forme adulte d'une maladie bénigne chez l'enfant. Car il est fréquent que les réactions à une même maladie se modifient avec l'âge sans que l'on sache d'ailleurs très bien pourquoi.
Le système immunitaire - naturellement plus mûr à 35 ans qu'à 8 ans - expliquerait peut-être certaines variations.
La rougeole
Chez l'enfant, elle se manifeste par des difficultés à respirer, une forte fièvre les premiers jours et une toux importante. Le virus s'étend alors sur un axe yeux- bouche-larynx-poumons, entraînant des surinfections pulmonaires, des conjonctivites ou des otites.
D'ailleurs, la rougeole reste aujourd'hui une des premières causes de mortalité infantile dans le monde.
Chez l'adulte, la rougeole peut entraîner des complications pulmonaires, prenant la forme de bronchites traînantes. A priori, son capital respiratoire ne sera pas entamé, mais il peut avoir une pneumonie sévère, des difficultés respiratoires temporaires et une surinfection autour des poumons.
Car la rougeole détruit tout sur son passage, et si une bactérie se trouve sur ce terrain laminé, elle progressera à grande vitesse, provoquant pleurésie et autres infections. Sans compter que la rougeole tombant sur un terrain fragile (asthmatique, fumeur) peut faire de gros ravages.
La varicelle
On se souvient tous des séances de badigeonnage des petits boutons au mercurochrome... et des efforts de volonté surhumains qu'il fallait déployer pour ne pas se gratter !
Certains adultes qui, dans leur jeunesse, sont miraculeusement passés à travers cette maladie, deviennent plus tard les victimes toutes trouvées de ce virus. Avec toujours les mêmes conséquences : les traces que laisseront les séances de "grattouille" incontrôlée. Et des infections cutanées et pulmonaires dans les pires cas. Enfin, un détail important : le malade est contagieux !
La coqueluche
Si elle peut devenir grave chez le nourrisson de moins de six mois (arrêt respiratoire, infection pulmonaire), la coqueluche reste d'ordinaire bénigne chez l'enfant. Le plus gros handicap ? Une toux persistante (les Chinois l'appellent la toux des 100 jours) qui dure en moyenne un mois. L'adulte, lui, développe une forme particulière de coqueluche : il fait une infection avec la même bactérie, mais qui n'est pas typique de la coqueluche. Il semble que ses anticorps le protègent de façon partielle contre la maladie. Cela ne l'empêchera pourtant pas de tousser, et d'être contagieux.
Mais comme l'infection ne revêt pas une forme spécifique, les symptômes peuvent être pris à tort pour une bronchite un peu longue à soigner. La situation peut devenir préoccupante lorsque le parent atteint contamine, sans le savoir, son nourrisson de moins de 3 mois (donc non encore vacciné), chez qui la maladie peut être grave.
La rubéole
Elle passe souvent inaperçue chez l'enfant. C'est tout juste si les parents se souviennent d'un épisode fébrile, avec une éruption très discrète et des ganglions, l'enfant guérissant tout seul en quelques jours.
Chez l'adulte, et plus précisément chez la femme enceinte, la rubéole peut vite devenir préoccupante pour le bébé qu'elle porte. Car ce micro-organisme que constitue le fœtus est en pleine phase de croissance... Une structure de 0,5 cm2 va bientôt devenir le cerveau. Mais lorsque la rubéole s'attaque au fœtus - immunodéprimé, donc sans résistance -, elle peut détruire de moitié cette infime structure. On comprend donc combien les infections du fœtus donnent par la suite de terribles complications : malformations oculaires ou cardiaques, troubles neurologiques graves (le cerveau trop petit entraînant des retards mentaux ou moteurs) ...
Les oreillons
Depuis toujours, les hommes craignent comme la peste cette maladie bénigne de l'enfance. En effet, si elle les surprend à l'âge adulte, elle peut les rendre stériles.
L'explication ? Elle est simple. Le virus des oreillons s'attaque à différentes glandes sexuelles (ovaires et testicules). Chez la femme, les oreillons provoquent de violentes douleurs au niveau des ovaires, mais aucun cas de stérilité n'a été signalé à la suite d'une telle maladie. Lorsque le virus s'en prend aux testicules, provoquant ce que l'on appelle une orchite, les testicules vont se mettre à gonfler démesurément, pouvant aller jusqu'à tripler de volume.
Ils sont alors terriblement douloureux, à tel point qu'il convient de les mettre dans un "suspensoir" pour les protéger de tout contact (même le "poids" du drap est insupportable). Dans certains cas ce n'est pas une généralité les testicules s'atrophient une fois guéris. Et pour peu que l'atrophie atteigne les deux testicules, l'homme se trouve définitivement stérile...
On voit à quel point il est prudent de mieux connaître ces maladies, pour éviter leurs complications à l'âge adulte. Alors, comment s'en prémunir ? Le mieux est de se renseigner auprès de ses propres parents, pour connaître les maladies déjà faites, et celles... qui restent à faire !
Ensuite, il n'est pas inutile de jeter un coup d'œil dans son carnet de santé et d'étudier l'état de ses vaccinations antérieures. Il est bien rare qu'il n'y ait pas quelques rappels oubliés... Enfin, lorsque vous avez des enfants, n'oubliez pas de respecter leurs dates de vaccination, c'est encore le meilleur moyen pour vous protéger des maladies et autres infections éventuelles à venir !
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