Le ronflement : des causes multiples
Quelque 25 % des Français ronflent ! Et 10 % sont atteints de rhonchopathie chronique. En fait, le ronflement est un bruit lié au passage de l'air entre deux membranes vibrantes au niveau du pharynx et du larynx.
Pourquoi ronfle-t-on ?
Pendant la phase de sommeil profond, le relâchement musculaire est total.
Dans ce contexte, le voile du palais et/ou la langue peuvent être source de ronflement en provoquant une occlusion pharyngée. Le voile du palais concourt à des équilibres complexes et précaires, car ses muscles fonctionnent en permanence. Soumis à des agressions (alcool, tabac, acides, chaud, froid...) et des mouvements continuels (phonation, déglutition), il se transforme. En prenant de l'âge, muscles et muqueuse augmentent de volume.
Subissant les mêmes agressions, la langue s'épaissit aussi avec l'âge. En raison du relâchement musculaire pendant le sommeil, elle a aussi tendance à se rétropulser vers l'arrière. (À l'état de veille, les muscles, sous tension, ne s'effondrent pas sur la paroi pharyngée postérieure. C'est pourquoi on ne ronfle qu'en dormant.)
Différents degrés de ronflement
Ronflement simple
Un voile distendu, des muscles épaissis, une luette trop longue, le recul et l'augmentation de la base de la langue provoquent un rétrécissement de l'isthme pharyngé. La respiration se fait mal et le dormeur ronfle.
Ronflement avec apnées
Lorsque le voile du palais et la base de la langue viennent se bloquer contre la paroi du pharynx, l'air ne passe plus. Le ronfleur est en état d'asphyxie. C'est l'apnée du sommeil. Ronflement et apnées du sommeil ne sont pas toujours liés. Tout dépend de l'importance du volume du voile et de celui de la langue.
Le ronfleur simple est seulement gênant pour son entourage. L'apnéique compromet sa santé à long terme. Des apnées répétées engendrent des asphyxies respiratoires (entraînant une baisse de l'oxygène sanguin) pouvant provoquer un ralentissement cérébral avec somnolence, fatigue chronique, problèmes de vigilance, baisse de libido... Elles augmentent en outre, dans les cas sévères, les risques d'infarctus, d'hypertension et/ou d'hémiplégie.
Reconnaître les apnées du sommeil
Plusieurs solutions.
- La nuit, le conjoint (ou le voisin) du ronfleur entend un bruit continu soudain interrompu par une phase de silence suivie d'une sorte d'étouffement, d'une agitation du dormeur et d'une reprise du ronflement.
- Le jour, l'entourage constate les signes d'apnées du sommeil déjà cités.
- La polysomnographie ambulatoire. C'est l'enregistrement par le ronfleur lui-même de son sommeil à l'aide d'un petit ordinateur gérant les données de cinq ou six palpeurs placés toute une nuit sur la peau, près du pharynx.
- La polysomnographie hospitalisée. C'est l'enregistrement du sommeil en milieu hospitalier associé à un électroencéphalogramme. S'agissant d'un acte très onéreux, il n'est demandé que pour les cas sévères. S'il permet de vérifier la sévérité du syndrome, l'enregistrement du sommeil est, par ailleurs, un outil important pour déterminer l'origine du ronflement.
Les facteurs prédisposants
- Environnementaux : Alcool, tabac, somnifères, épices, repas du soir trop copieux, fatigue...
- Morphologiques : La conformation anatomique dans certaines familles (même forme de langue, de mâchoire...)
- L'excès de poids. La graisse et la cellulite qui se glissent sous la peau se retrouvent aussi au niveau des muqueuses (voile du palais, pharynx...).
Les traitements
Diverses petites astuces sont proposées ici et là (petite balle cousue au dos du pyjama...). Mais la solution est de consulter un spécialiste et, si cela se révèle nécessaire, de se faire traiter. Il s'agit de libérer l'espace aérien, sans compromettre le rôle du voile dans la phonation. Le traitement est fonction de la demande du patient mais il va dépendre surtout de la pathologie rencontrée.
La chirurgie
Elle consiste (après avoir enlevé les amygdales) à réduire le voile en longueur et/ou en épaisseur pour le replacer dans sa position initiale et raccourcir ou supprimer la luette. Dans de très rares cas (lorsque la base de la langue est la cause d'importantes apnées et après un diagnostic bien établi), une opération osseuse de la mâchoire est possible.
Il s'agit ici d'un acte exigeant certaines précautions, des examens précis et une structure hospitalière lourde (réanimation, huit jours d'hospitalisation). Les douleurs postopératoires sont longues. Efficace dans 80 % des cas, la chirurgie du ronflement est douloureuse pendant une semaine environ et nécessite un arrêt de travail.
Les lasers
Moins performants que la chirurgie, les lasers (technique plus récente) découpent une partie du voile du palais. Ils le diminuent en longueur mais pas en épaisseur et ne peuvent en aucun cas le repositionner vers l'avant ni déplacer des masses musculaires. Leur principal intérêt est la possibilité d'avancer à petits pas jusqu'au résultat.
- Le laser CO2 a une longueur d'onde de 10 000 nanomètres. Il délivre une énergie lumineuse qui se déplace dans l'air et s'épuise rapidement. Son action consiste à sectionner le pilier postérieur du voile et une partie de la luette. Cette technique est ambulatoire et ne nécessite qu'une anesthésie locale. Plusieurs séances sont nécessaires pour arriver, dans 60 % des cas, au résultat escompté. La douleur, moins vive qu'avec une chirurgie, existe néanmoins car il y a destruction de muqueuse.
- Le laser Yag (Ytrium-Argon-Grenat). Des cristaux d'yttrium sont mélangés à un gaz (l'argon) et le cristal de grenat lance la lumière.
Ce type de laser à très basse longueur d'onde (560 nanomètres) développe une énergie puissante qui se transmet dans des fibres de quartz. Transportable dans un fibroscope, il permet des tirs plus précis et brûle surtout en profondeur. Il est moins douloureux, car il blesse moins la muqueuse. Les résultats après enregistrements sont satisfaisants dans 68 % des cas.
Le masque respiratoire
Pour les grandes apnées du sommeil menaçant la vie du patient, les pneumologues proposent cette autre possibilité thérapeutique. Il s'agit d'une machine qui propulse, pendant le sommeil, de l'air en surpression à l'aide d'un masque nasal.
Ce traitement est très astreignant car, pour être efficace, il doit être suivi toutes les nuits pendant toute la vie. Chirurgie et laser sont complémentaires et non pas en opposition. Pour éviter les échecs, le médecin doit bien poser l'indication et adapter le traitement à la pathologie rencontrée. Du choix de la bonne technique et de l'outil approprié dépend en partie le résultat.