Brigitte, 37 ans, enseignante, souffre de ménorragie, un terme médical qui désigne les règles trop abondantes. Pour elle, se lever à la fin du cours ou aller au tableau est devenu source d'angoisse. Depuis des années, elle ne porte plus que des pantalons de couleur foncée mais la crainte d'un incident demeure.
De quoi viennent les règles abondantes ?
Le sang des règles provient de la muqueuse utérine qui, à chaque cycle, gonfle, puis desquame sous l'effet des variations hormonales. Quand on souffre de règles anormalement abondantes, cette muqueuse saigne exagérément.
Les gynécologues considèrent qu'une patiente souffre de ménorragie lorsqu'elle utilise plus de six changes par jour. En fait, parmi les femmes qui se disent gênées, sept sur dix utilisent plus de huit protections par jour, et près de six sur dix ont huit jours de règles et plus.
Certaines sont même obligées de se lever plusieurs fois par nuit pour se changer. A cela, trois causes principales :
Un déséquilibre hormonal. Cette cause dite aussi fonctionnelle représente la grande majorité des cas. L'examen est le plus souvent normal et la responsabilité incombe à un déséquilibre hormonal entre les œstrogènes, qui stimulent la prolifération et la croissance de la muqueuse, et la progestérone, chargée de réguler ces fluctuations.
Un fibrome, un polype... On parle de cause organique. Le médecin peut faire le diagnostic grâce à des examens telles une hystéroscopie, une hystérographie, une échographie ou une biopsie de l'endomètre. Le plus souvent, les ménorragies sont dues à la présence d'un fibrome (surtout après 35 ans), d'un polype ou à une hyperplasie (épaississement) de l'endomètre.
Un trouble de la coagulation. Dans ce cas, c'est davantage au médecin hématologue qui suit la patiente qu'au gynécologue de prendre le problème de ménorragie en charge.
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Règles abondantes : d’abord des médicaments
Trois traitements permettent de venir à bout, dans un certain nombre de cas, d'une ménorragie due à un déséquilibre hormonal.
Le médecin peut prescrire un progestatif 20 jours par mois. Ce traitement peut aussi être donné en cas de fibrome. Mais ce médicament ne doit pas être prescrit aux fumeuses, il peut entraîner une prise de poids et, du fait qu'il bloque l'ovulation, il a aussi un effet contraceptif pas toujours désiré.
Il peut prescrire un médicament hémostatique, pendant les règles, destiné à éviter les hémorragies. Cette solution donne souvent de bons résultats. Il est possible de poser un stérilet à la progestérone qui, outre son effet contraceptif, empêche la muqueuse utérine de trop se développer, donc de desquamer, ce qui réduit l'importance des règles et entraîne même, parfois, une aménorrhée (absence de règles).
Que faire si aucune de ces solutions ne marche ? Comme ce problème peut être insupportable pour les femmes et qu’il risque d'entraîner une anémie, inutile de multiplier les tentatives. Quand un progestatif marche, le résultat est immédiat. Même chose pour les produits antihémorragiques. Quant au stérilet à la progestérone, même si, au début, il peut être responsable de quelques petites pertes de sang, il entraîne, dans 88 % des cas, une diminution immédiate de l’abondance des règles. Et si ce n’est pas le cas, il faut adresser la patiente à un chirurgien gynécologue.
Ensuite des solutions chirurgicales
Contre fibromes, polypes... Elles consistent à supprimer l'élément responsable des saignements excessifs. S'il s'agit d'un seul fibrome ou d'un seul polype, on obtient 95 % de bons résultats et s'il y a deux fibromes, deux polypes ou une hyperplasie, on obtient l'arrêt des saignements dans 85 % des cas.
Pour les problèmes hormonaux. Autrefois, certains chirurgiens proposaient une ablation de l'utérus (hystérectomie), la seule méthode efficace à 100 %.
D’autres effectuent soit une abrasion de l'endomètre, la muqueuse utérine, soit l’ablation de cette muqueuse par électrocoagulation. Ces deux méthodes donnent de bons résultats dans 75 % des cas, mais elles peuvent être sources de complications en cours d'intervention.
Depuis quelques années, il existe une technique moins invasive : la thermocoagulation de l'endomètre (Thermachoice) qui s'adresse à des femmes souffrant de ménorragies dites fonctionnelles, et ayant clairement renoncé à la perspective d'une grossesse, mais qui souhaitent conserver leur utérus.
Cette technique constitue une alternative aux progestatifs à prendre au long cours, mais aussi aux méthodes chirurgicales radicales (hystérectomie) et même conservatrices (endométrectomie).
L'intervention consiste à introduire dans la cavité utérine un fin cathéter au bout duquel se trouve un ballonnet en latex, de la taille d'un stérilet, que le chirurgien gonfle dans l'utérus avec une solution stérile. Ce ballonnet est muni d'une électrode qui permet d'élever la température du sérum à 87 °c de façon à entraîner la destruction de l'endomètre (la muqueuse utérine) sur une profondeur de 4 à 6 millimètres.
L'opération se pratique sous anesthésie locale ou générale "légère". Elle dure huit minutes au bout desquelles on retire le ballonnet. Il faut prendre des anti-inflammatoires et des antalgiques pendant douze à vingt-quatre heures pour calmer les crampes de l'utérus qui s'est contracté sur le ballonnet. Il faut savoir que l’on saigne un peu pendant un mois.
Des études faites en France et à l'étranger seraient en faveur de cette technique. Elle donne de bons résultats dans 87 % des cas. 70 % des femmes traitées retrouvent des règles normales ou peu abondantes et une femme sur quatre n’a plus de règles. D'autres techniques utilisant, notamment, la cryothérapie pourraient venir compléter les solutions existantes.
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