« J’avais tout juste 40 ans, raconte Marianne. J'ai ressenti une douleur au mollet. Trois jours plus tard, la douleur s’était intensifiée. J'ai consulté. Chez l'angiologue, le diagnostic de phlébite est tombé. »
Marianne a bien agi, car cette maladie, appelée thrombose veineuse profonde dans le langage médical, est liée à la formation d'un caillot de sang le plus souvent dans la jambe (dans 9 cas sur 10). Celui-ci obstrue la veine et empêche le retour du sang vers le cœur et les poumons. La phlébite est donc une maladie grave.
Le caillot peut se détacher, être emporté par la circulation sanguine vers les vaisseaux pulmonaires et provoquer une embolie pulmonaire. Contrairement à une idée reçue, les hommes aussi sont sujets aux phlébites.
« Être un homme est même un facteur de risque pour la tranche d'âge 40-70 ans du fait de la prévalence de surpoids, de tabagisme et de pathologies sous-jacentes comme les pathologies cardiaques, précise le Pr Jean-Luc Bosson, angiologue. Dans l'étude Optimev, nous avons constaté que face à ce risque les hommes se prenaient moins bien en charge que les femmes. »
Un échodoppler est indispensable
Une douleur au mollet qui perdure n'attire pas forcément l'attention. On l'attribue plus volontiers à un problème musculaire. Comment différencier une banale douleur au mollet d'une phlébite ?
« Des signes simples doivent vous pousser à aller voir un médecin : un mollet sensible à la marche, lorsque vous le contractez ou lorsque vous le touchez, un mollet rouge et chaud et enfin un pied, une cheville ou un mollet gonflés. Certaines personnes ressentent aussi des picotements sur le trajet de leur veine, mais ce signe est moins évident », explique le Pr Ismail Elalamy, médecin vasculaire à l'hôpital Tenon, à Paris.
Apres un interrogatoire et un examen clinique, le médecin prescrira une prise de sang afin de doser les D-dimères, des marqueurs de la formation du caillot. Un dosage normal élimine la présence d'une phlébite.
« Un dosage anormal nécessite de pratiquer en urgence un échodoppler chez un angiologue de ville » ajoute le Dr Bosson. C'est un examen totalement indolore qui dure de 15 à 30 minutes. Une sonde est placée sur la peau afin de visualiser à l'aide d'ultrasons la présence ou non d'un caillot dans une veine. En cas d’urgence, devant une forte suspicion clinique, le médecin vous enverra directement passer un échodoppler.
Dépistée à temps, elle se soigne bien
Quand un caillot est détecté, il faut agir vite. Le médecin réalise alors une contention élastique de la jambe par des bandes ou des bas, et prescrit des injections quotidiennes (au niveau du ventre ou de la cuisse) d'anticoagulants appelés des héparines de bas poids moléculaire.
Puis, un traitement oral d'anticoagulants, des antivitamines K, est poursuivi pendant trois à six mois. Efficace, mais contraignant, car de nombreuses interférences, notamment alimentaires (choux, brocolis, épinards, persil, basilic, thym, jaune d'œuf...), imposent une surveillance bicylogique tous les quinze jours et l'adaptation régulière des doses.
À savoir : De nouveaux anticoagulants arrivent sur le marché. Ils sont plus simples d'utilisation, sans contrainte de surveillance biologique, ni d'interférence alimentaire.
Déjà utilisés pour prévenir une phlébite après une chirurgie orthopédique, ils obtiendront une autorisation de mise sur le marché dans le traitement des phlébites.
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