Suite à une phlébite ou en raison d'une maladie cardiovasculaire, de nombreuses personnes doivent prendre un traitement anticoagulant à longueur d'année. Régulièrement, le médecin contrôlera l'efficacité du médicament en faisant doser le TQ (temps de Quick ou temps de coagulation) ou l'INR (surveillance du temps de Quick). L'idéal est d'obtenir un TQ aux environs de 30 % ou une INR comprise dans une fourchette de deux à trois. Cependant, chez une même personne, on observe souvent des variations brutales, en dépit d'un respect rigoureux de la prescription médicale. Pourquoi ?
Persil, choux, épinards... Gare à la vitamine K !
Le plus souvent, c'est dans l'alimentation qu'il faut trouver la réponse, et plus précisément dans la vitamine K contenue dans de nombreux fruits et légumes, ou plantes médicinales. Cette vitamine exerce en effet une action coagulante et contrecarre par là-même celle des anticoagulants prescrits, d'où la variabilité des dosages de contrôle effectués. On estime que 500 microgrammes de vitamine K par jour suffisent pour agir ! Or, la nature en a souvent mis bien plus dans de nombreuses plantes qui se retrouvent dans nos assiettes.
Certes, l'utilisation de certains légumes très riches en vitamine K reste parcimonieuse : on mange rarement 100 grammes de persil et de thé vert, qui renferment 600 à 900 microgrammes de vitamine K. Mais avec la famille des choux, la ration sera vite dépassée : dans 100 grammes, on en trouve de l'ordre de 700 microgrammes, et dans la choucroute, cela peut atteindre 3 000 microgrammes !
Épinards, brocolis, avocats, graines de soja, tomates en sont également riches. Mais les légumes ne sont pas les seules sources de vitamine K. Les poulets, canards et autres volailles en renferment 300 à 400 microgrammes pour 100 g, et le foie de volaille ou de porc peut en contenir jusqu'à 800 microgrammes !
S'agit-il de s'abstenir totalement de ces aliments en cas de traitement anticoagulant oral ? Non. Mais pour éviter des variations brutales du TQ ou de l'INR, il est conseillé de ne pas en abuser et surtout ne pas les associer au cours d'une même journée. En revanche, la diversification alimentaire corrigera les excès et restera le meilleur gage de l'efficacité du traitement médical.
Mélilot, écorce de saule, matricaire...
Si de nombreux végétaux tendent donc à inhiber l'action des anticoagulants, d'autres, au contraire, accroissent cette même action avec risque d'hémorragie. Ce sont toutes les plantes qui contiennent de la coumarine, anticoagulant naturel. Parmi elles, le mélilot (melilotus officinalis), le marronnier d'Inde (aesculus hippocastanum), souvent utilisés pour traiter les troubles veino-lymphatiques. Il en est de même de la khella (ammi visnaga) et de l'aspérule odorante (asperula odorata) que l'on retrouve dans différentes spécialités antispasmodiques. Parmi les plantes antalgiques, la matricaire (matricaria chamomilla) est également riche en coumarine.
Quant à l'aspirine, aux propriétés également anticoagulantes, elle provient essentiellement de l'écorce de saule (salix alba), que l'on rencontre dans une bonne vingtaine de préparations et tisanes du commerce.
Les personnes qui ont recours aux anticoagulants oraux doivent donc prendre quelques précautions afin de ne pas modifier inopinément l'effet de ces médicaments. Et lorsque le TQ ou l'INR varie brutalement, elles devront toujours rechercher une consommation d'aliment ou de plante médicinale qui aurait faussé le résultat pour quelques jours au maximum.
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