Allergies : deux plantes dans le viseur
Bien que rares, les allergies aux plantes d'intérieur peuvent "empoisonner" la vie. D'autant qu'on les identifie souvent longtemps après l'apparition des symptômes. « Au bout de cinq minutes dans mon salon, mes yeux picotaient et mon nez ressemblait à une fontaine. Cela s'arrêtait dès que j'étais dans une autre pièce. Il a fallu plus d'un an pour que mon médecin trouve la cause de ces manifestations : mes magnifiques ficus qui encadraient la fenêtre du salon ! » raconte Anne, qui regrette parfois d'avoir dû se séparer de ses plantes fétiches.
Deux types de plantes d'appartement sont en cause : les plantes arbustives et les fleurs coupées ou séchées. Les substances allergènes sont de minuscules molécules allergisantes, dégagées par les feuilles, les tiges, les fruits et la sève. Autres substances allergènes : les pollens, qui apparaissent lors de la floraison.
De plantes venues d'Asie tropicale
Parmi celles-ci, les ficus occupent une place de choix dans nos logements. Originaires d'Asie tropicale, ces plantes sont des figuiers de la famille des moracées. Parmi les cent espèces recensées, une dizaine ont été adoptées comme plantes d'intérieur, les plus connues étant ficus benjamina et ficus elastica (caoutchouc).
Diagnostiquées d'abord dans les années 1980 chez des horticulteurs, les allergies au ficus ont été également reconnues chez les particuliers, avec les mêmes symptômes. Si les consultations d'allergie sont loin d'être submergées par ces cas, on doit tout de même rester vigilants. L'un des indices peut être une rhinite, souvent associée à un asthme.
Cette rhinite est provoquée par les allergènes du ficus - ou ceux, par exemple, du caféier et du yucca - qui se dispersent dans l'air ambiant. Elle va généralement de pair avec une conjonctivite. Bref, des manifestations allergiques "classiques" si ce n'est que, dans le cas des plantes vertes et contrairement aux plantes à pollen, elles ont des chances de persister toute l'année, avec un pic lors de la manipulation ou du bouturage du végétal. À long terme, il y a le risque de développer un asthme en cas de rhinite persistante.
Des allergènes dans la poussière de maison
Les allergènes du ficus benjamina sont d'autant plus "actifs" qu'ils se colmatent à la poussière. Transportés jusqu'à la surface des feuilles via le latex (substance qui donne l'impression que le ficus "sue"), ces allergènes tombent et se mélangent aux particules en suspension dans l'air.
Cette poussière, riche en allergènes, se disperse ensuite un peu partout dans la pièce : des chercheurs ont mis en évidence la présence de telles molécules dans la poussière de moquettes, de matelas, de canapés placés à plus de trois mètres de la plante. Et six mois après l'éviction du végétal, ces allergènes sont encore là ! La solution ? Le nettoyage de fond en comble.
Urticaire et eczéma
Plusieurs familles de plantes vertes risquent de provoquer des réactions d'eczéma de contact, associées ou non aux manifestations respiratoires. Au banc des accusés, par exemple l'alstromère, l'ananas ou le philodendron : quelques jours après le contact avec la partie allergisante - la feuille (philodendron), la tige et la feuille (croton) ou le fruit (citrus, ananas) -, une réaction cutanée, voire une urticaire se développent avec l'apparition d'émotions et de modifications de l'épiderme, ou de plaques rosâtres et prurigineuses pouvant gonfler.
Les allergies aux fleurs coupées et aux plantes séchées, elles, restent exceptionnelles. Méfiance tout de même avec les statices ou limoniums susceptibles de provoquer rhinite et asthme. Le cactus, le tournesol et les plantes à bulbe (iris, freezias et tulipes) ne sont pas en reste.
Des tests cutanés pour diagnostiquer
Le diagnostic d'allergie aux plantes est simple... si on y pense. Notamment lorsque les tests cutanés aux allergènes respiratoires classiques restent sans résultat. Comme chez Adrien, dix ans, souffrant d'asthme chronique depuis deux ans jusqu'à ce que l'on s'aperçoive qu'il vivait entouré de plantes (ficus benjamina et elastica, philodendrons...).
L'allergologue mène un travail d'enquête, et il est parfois aiguillé par la conseillère en environnement intérieur, envoyée chez les personnes allergiques pour traquer le plus souvent les sources d'acariens. Il ne faut pas non plus oublier de recenser les plantes sur le lieu de travail.
On confirme le diagnostic par des Pfick-tests à l'aide d'un stylet, le médecin introduit une goutte d'extrait de sève de la plante suspectée sur la peau de l'avant- bras ou du dos. Au bout de vingt minutes, apparaît une réaction (gonflement et rougeur autour de la piqûre).
Gare aux moisissures
Même avec les plantes apparemment inoffensives, il faut penser aux parasites et autres moisissures qui viennent les contaminer. Les moisissures, surtout, peuvent être de redoutables allergènes.
Voilà pourquoi l'entretien des plantes s'impose : nettoyage régulier des feuilles, changement quotidien de l'eau stagnante des vases ou des bacs, élimination des moisissures formant un amas blanc ou jaunâtre à la surface de la terre humide.
Dans tous les cas, traiter une allergie aux plantes d'intérieur consiste à se débarrasser des espèces en cause. Les symptômes disparaissent en quelques semaines pour les signes cutanés.
Quelques précautions avec les plantes irritantes ou allergisantes
- Se munir de gants de protection lors de l'entretien de la plante.
- Bien laver la partie de la peau mise au contact du végétal.
- Ne pas s'exposer au soleil en cas de contact cutané avec une plante irritante ou allergisante photoréactive (citrus, figuier, dahlia).
- En cas de réaction allergique (rhinite, asthme ou eczéma sévère), se débarrasser du végétal jugé responsable.
- Faire attention aux allergies croisées par exemple, le philodendron et l'anthurium font partie de la même famille des araceae.
- En cas d'irritation ou d'allergie cutanée sévère, consulter un médecin spécialiste ou contacter le centre antipoison le plus proche.
Une réaction bien connue : la rhinite
Elle se caractérise par un écoulement clair et permanent du nez, fréquemment associé à des signes au niveau des yeux (larmoiements, picotements, sensation d'avoir les paupières irritées et gonflées), ainsi qu'une impression d'avoir les oreilles bouchées.
Souvent négligée par les patients, la rhinite allergique est une réaction des parois du nez à la présence d'un allergène ; celui-ci entraîne la production d'une trop grande quantité d'anticorps (Immunoglobulines de type E ou lgE) par les cellules immunitaires. L'association lgE-allergène se traduit par la production de substances responsables de l'inflammation allergique, la plus connue étant l'histamine.
Au niveau de la muqueuse nasale, elle provoque une dilatation des vaisseaux sanguins et une transsudation de liquide : c'est la rhinite.
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