La phlébite : tout savoir sur cette maladie encore fréquente

Phlébite
En dépit de toutes les précautions, elle reste encore très fréquente. Pourquoi ?

Qu'est-ce qu'une phlébite ?

La phlébite est la manifestation circulatoire survenant à la suite de la formation d'un caillot de sang à l'intérieur d'une ou plusieurs veines profondes. Elle peut parfois évoluer sans bruit ni signe initial apparent, et être à l'origine d'une soudaine embolie pulmonaire, laquelle peut être fatale.

II y a beaucoup de "phlébites spontanées" aujourd'hui : elles ne proviennent pas de facteurs favorisants et sont donc imprévisibles. Les causes de ce type de phlébite sont une des grandes découvertes de ces dix dernières années. De nombreuses études biologiques ont en effet démontré que les phlébites spontanées sont très souvent en rapport avec des anomalies de la coagulation. Les recherches consacrées à ces anomalies ont permis de constater leur caractère familial. Plus de cinq anomalies génétiques ont déjà été identifiées.

Comment prévenir cette maladie ?

Ces anomalies de la coagulation pourraient être facilement dépistées par une simple prise de sang. On ne peut cependant pas instituer un dépistage systématique à toute la population.

Cet examen sanguin ne se fait généralement que lorsqu'une phlébite spontanée est diagnostiquée. En cas d'antécédents familiaux de phlébite ou d'embolie pulmonaire, ce dosage sanguin serait pourtant un bon moyen de prévention.

Où la phlébite peut-elle survenir ?

  • La phlébite des membres inférieurs est, de loin, la plus fréquente. Elle peut survenir aux pieds (veines plantaires), aux mollets (veines profondes et musculaires), derrière le genou (veines poplitées), au niveau de l'aine et de la cuisse (veines fémorales).
  • Mais il arrive que le caillot se forme directement dans la veine cave (partie supérieure de l'abdomen). Confluent de toutes les autres veines, la veine cave ramène le sang dans la partie droite du cœur qui le propulse aux poumons via l'artère pulmonaire, pour qu'il y soit oxygéné. C'est pourquoi cette localisation est redoutable.
  • Chez les personnes ayant un problème anatomique (syndrome du défilé thoraco-brachial), le caillot peut se constituer dans les veines du bras et de l'épaule. Ce type de phlébite est très rare.

Qui est concerné ?

Tout ce qui entraîne un ralentissement de la circulation peut être à l'origine de la formation d'un caillot. Hommes et femmes peuvent donc faire une phlébite. Les femmes ont toutefois plus d'épisodes hormonaux qui les prédisposent (l'augmentation des œstrogènes favorisent le processus thrombotique).

  • Celles et ceux qui sont alités pour des raisons médicales ou chirurgicales sont particulièrement exposés.
  • Les personnes qui ont un cancer évolutif, une maladie inflammatoire affectant l'ensemble des organes ou une anomalie de la coagulation.
  • Les femmes sous pilule contraceptive, en fin de grossesse, celles qui viennent d'accoucher.

Mais, fort heureusement, les mesures préventives sont bien respectées ; les prescriptions d'anticoagulants sont désormais systématiques après une intervention chirurgicale, un plâtrage de jambe ou toute autre situation à risque.

Bon à savoir : Un caillot peut également se former après un long voyage en avion sans quitter son siège.

Les symptômes qui doivent vous alerter

Le mollet (ou toute la jambe) est gonflé, chaud, tendu et douloureux. Mais ces signes ne se retrouvent pas toujours. Parfois, la phlébite évolue en silence vers l'embolie pulmonaire, provoquant une douleur brutale dans la poitrine.

L'embolie pulmonaire est la plus terrible complication de la phlébite car elle peut être mortelle. Le caillot remonte dans la veine cave, passe par le cœur d'où repart l'artère pulmonaire dans laquelle il se faufile.

  • Si le caillot est fragmenté et migre dans les petites branches de l'artère pulmonaire, il entraîne une embolie pulmonaire (déficience respiratoire grave nécessitant une hospitalisation).
  • S'il obstrue complètement l'artère pulmonaire, cette embolie peut être immédiatement fatale.

C'est pourquoi une phlébite est une urgence médicale. Au moindre doute, il faut consulter sans tarder.

Comment éviter la phlébite ?

Suivez votre traitement anticoagulant préventif lorsqu'il vous a été prescrit.

Quand vous voyagez en avion, levez-vous toutes les deux heures et faites des mouvements de flexion et d'extension de la cheville, 5 à 10 minutes par heure (très souvent les phlébites des avions se font au niveau de la jonction cuisse-tronc).

En cas d'antécédents familiaux, parlez-en à votre médecin traitant. Les femmes qui désirent prendre la pilule ou qui sont enceintes doivent dans ce cas en parler à leur gynécologue. une recherche d'anomalie de la coagulation pourra être effectuée.

Que faire quand on en a une ?

Consultez votre médecin. La plupart du temps, les signes étant évocateurs, il vous enverra à l'hôpital le plus proche ou chez un angiologue pour passer un écho-Doppler veineux.

Cet examen à base d'ultrasons n'est pas douloureux faites-le car il permet de confirmer le diagnostic et de localiser le ou les caillots. Plus la phlébite est haute, plus elle risque d'évoluer vers une embolie pulmonaire.

En fonction de sa localisation, le traitement sera plus ou moins long et important.

  • Si elle est située sous le genou, un traitement anticoagulant, d'abord par injections sous-cutanées (au niveau de l'abdomen) puis rapidement par voie orale pendant 3 mois, peut être instauré par un médecin de ville.
  • Si elle est au-dessus du genou, vous serez hospitalisé quelques jours pour qu’un traitement anticoagulant "par perfusions" de première intention, soit mis en place. Il sera poursuivi par voie orale pendant 3 à 6 mois.
  • Quand elle atteint la veine cave, le traitement peut être associé à la mise en place d'un dispositif dans la veine pour éviter que le caillot ne migre vers le cœur.
  • Ne restez pas alité. Dès que le traitement est efficace (comptez 48 heures), vous devez absolument marcher. Ne piétinez pas, marchez régulièrement sans aucune restriction.
  • Pendant 8 à 10 jours, portez impérativement des bandes de contention relayées ensuite par des collants ou chaussettes de contention (selon la localisation de votre phlébite). Ceci quotidiennement et aussi longtemps que le médecin vous le prescrira.

Bon à savoir : Porter une contention le plus longtemps possible après une phlébite peut éviter un syndrome post-phlébitique (coloration cutanée, fragilité du derme) pouvant survenir parfois des années après.

  • Pour faciliter le retour veineux quand vous êtes couché, vous pouvez surélever les pieds du lit.
  • Pendant les trois à six mois qui suivent, respectez scrupuleusement les contrôles hebdomadaires biologiques sanguins (prise de sang permettant de connaître la fluidité de votre sang).
  • La phlébite est une contre- indication définitive à la prise de pilule contraceptive.
  • Si vous souhaitez avoir des enfants, n'oubliez pas de signaler au gynécologue que vous avez eu cette maladie, un traitement anticoagulant pourra ainsi être mis en place dès le 3e mois de la grossesse.
  • Après une phlébite, une cure thermale peut être bénéfique pour ce type de pathologie.

Les traitements contre la phlébite ont-ils évolué ?

Depuis quelques années, les phlébites peuvent être traitées en médecine de ville grâce à des piqûres sous-cutanées à faire dans la paroi de l'abdomen (héparine de bas poids moléculaire).

Ce qui est plus récent, c'est le dosage de ce type d'héparine qui ne nécessite plus qu'une seule injection sous-cutanée par jour pour la même efficacité qu'autrefois (deux ou trois piqûres quotidiennes).

S'il s'agit d'une veine superficielle

Parallèlement aux veines profondes, notre circulation de retour est aussi assurée par des veines superficielles (la saphène interne qui draine le sang de la cheville à l'aine et la saphène externe, de la cheville au creux du genou).

La paraphlébite est "l'inflammation" d'une veine superficielle. Il ne s'agit pas d'un caillot. Elle se traite par des anti-inflammatoires.

Elle est bénigne quand l'inflammation touche une veine de la partie basse de la jambe. En revanche, les veines superficielles communicant avec les veines profondes, quand l'inflammation est proche d'une zone de confluent (derrière le genou ou à l'aine), elle peut favoriser la formation d'un caillot dans une veine profonde. Ce type de paraphlébite peut donc être à l'origine d'une vraie phlébite.

Quel est le lien de la phlébite avec le cancer ?

Les "phlébites spontanées" (sans anomalie de la coagulation du sang) peuvent être révélatrices d'un cancer qui ne s'est pas encore manifesté. On a remarqué que les cellules cancéreuses fabriquent des éléments particuliers qui passent dans le sang et stimulent anormalement la coagulation.

Parfois, des masses tumorales (en particulier abdomino-pelviennes) peuvent éventuellement comprimer certains trajets veineux entraînant un ralentissement de la circulation et la formation d'un caillot.

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