Une aide à domicile pour aider et rassurer
« Je vis dans cette maison depuis cinquante-trois ans. J'ai encore quelques poules, mon potager... qui va s'en occuper si je pars ? » Monique, 81 ans, sait ce qu'elle veut : rester chez elle, même si elle ne peut plus faire les choses comme avant. Victime d'une fracture du col du fémur survenue il y a dix ans, elle a de plus en plus de mal à marcher. Elle voit aussi moins bien.
Inquiète pour elle, sa fille a demandé aux services de la mairie une aide-ménagère. Depuis un an, une jeune femme se rend deux heures par jour au domicile de Monique. Pour lui préparer à manger et faire un peu de ménage.
La maison a aussi été réaménagée. Par sécurité. « On a posé des rampes de marche, un bon éclairage dans toutes les pièces, modifié la salle de bains, enlevé les meubles ou les objets qui pouvaient la blesser. Nous l'avons également abonnée à la téléalarme. Pour la nuit, on ne sait jamais... », confie sa fille. Tout cela grâce à l'APA.
Cette aide financière permet aux personnes à partir de 60 ans en perte d'autonomie, et vivant à domicile ou en établissement, de recourir à plusieurs types d'aides : aides-ménagères, auxiliaires de vie, portage de repas, des médicaments, téléalarme, aménagement du domicile, équipement médicalisé... Le dispositif connaît rapidement un grand succès : en un an, les bénéficiaires passent de 135 000 à plus de 600 000 !
Une pénurie d'aides qualifiées
Mais, très vite également, les agences pour l'emploi et les associations locales d'aides à domicile se heurtent à un problème de taille : le manque de personnel et, surtout, de personnel qualifié. Sur 220 000 personnes travaillant dans ce secteur, 60 % n'ont aucune formation et la plupart sont payées au Smic.
En quelques mois, il faut parer au plus pressé. Formations express ou "sur le tas" ont été le lot de quelques milliers de candidats demandeurs d'emploi. Les pouvoirs publics ont, de leur côté, essayé de réhabiliter une profession délaissée : création du Deavs (diplôme d'État d'auxiliaire de vie sociale) pour la reconnaissance du statut d'auxiliaire de vie suivie, et un accord conclu par le ministère des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité, pour augmenter les salaires.
S'occuper de personnes âgées, cela ne s'improvise pas. C'est un métier qui demande de vraies compétences, une grande motivation et de la patience. Il faut savoir tout faire, la toilette, les soins, l'administration de médicaments, la cuisine, le courrier, les factures, le soutien psychologique, être constamment vigilant, savoir réagir en cas d'urgence. Et plus les personnes vieillissent, plus il faut être polyvalent.
Des services à la carte
Depuis plusieurs années, associations et sociétés privées se multiplient pour proposer aux familles de nouveaux services, notamment : la garde des personnes âgées dépendantes au moment des vacances.
« Beaucoup de proches ne partent plus depuis des années parce que les structures d'accueil temporaire sont insuffisantes, explique Michèle Gilbert, directrice. Un de nos abonnés a dû verser plus de 4 500 euros l'été dernier pour faire garder son père un mois dans une maison de retraite ! Nous voulions proposer des alternatives, développer des services qui font défaut »
Les associations développent de plus en plus des services "à la carte". Comme celui de la "garde itinérante". Depuis trois ans, Corinne s'occupe de son père atteint de la maladie de Parkinson. Des visites ponctuelles des débuts, elle est passée à une occupation à plein-temps. « Si je veux faire des courses, je m'arrange avec une voisine. Mais si j'ai besoin de la journée ou si je veux partir quelques jours, c'est plus difficile. La garde itinérante a été un soulagement, même s'il faut s'organiser un peu. » Les visites au domicile de la personne âgée sont programmées ou effectuées sur appel téléphonique, de jour comme de nuit.
« En début de soirée, on aide les personnes âgées à prendre leur repas, à se changer, se déshabiller, se coucher... raconte Florian, 25 ans, garde itinérant de nuit. Dans la nuit, on effectue des passages de contrôle, pour voir si tout va bien. Si la personne est réveillée, on discute avec elle, mais surtout on écoute et on la rassure... »
Un maintien à domicile à tout prix ?
Les professionnels du secteur insistent sur un point l'entrée en établissement n'est plus ni systématique ni définitive. Cette décision doit être prise avec l'assentiment de la personne âgée.
Pour Mylène Fontaine, responsable d'une association d'aide à domicile en Côtes d'Or, cette question ne fait aucun doute : « Si la personne âgée est malade, mais qu'elle est entourée des siens, elle doit pouvoir rester chez elle jusqu'au bout. Si on estime, en revanche, que le maintien à domicile n'est plus souhaitable, pourquoi ne pas faire un essai d'hébergement temporaire, l'été par exemple, avant de prendre une décision définitive. »
Mais quand la dépendance devient lourde, le prix du maintien à domicile dépasse souvent le prix d'une place en établissement. Il est préférable, dans tous les cas, de se préparer à cette éventualité, en préparant des dossiers, en visitant des centres de long séjour, en rencontrant les personnes sur place... même si ces démarches ne servent pas en définitive.
Les délais d'attente sont d'autant plus longs que la dépendance est élevée : jusqu'à dix-huit mois dans certaines unités. Dans le milieu hospitalier, on s'inquiète d'ailleurs du retard pris par la France, en particulier en ce qui concerne le financement des structures d'accueil.
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