Qu'est-ce que l'orthoptie ?
Du grec ortho (droit) et opsie (vision ou œil), l'orthoptie est une profession paramédicale qui consiste à maintenir ou à rétablir la direction du regard et à favoriser une meilleure utilisation du potentiel visuel chez les personnes ayant des problèmes de vue.
Autrement dit, l'orthoptiste aide à corriger des anomalies (comme le strabisme) et permet à son patient de mieux utiliser sa vision, même si elle est floue, en lui apprenant à voir autrement
Ainsi, l'orthoptiste est amené à suivre aussi bien des enfants atteints de strabisme, des adultes souffrant de fatigue visuelle, des personnes plus âgées dont la vue baisse, etc.
En tout, plusieurs millions de Français ont eu, ont, ou auront un jour affaire à un orthoptiste.
L'orthoptie : sur prescription médicale
« J'ai amené Mathéo qui venait de fêter ses six mois chez le pédiatre. Il m'a envoyé voir un orthoptiste pour observer de plus près ce qui ressemblait fort à un strabisme », raconte une jeune maman. C'est en effet toujours un médecin (ophtalmologiste, pédiatre, généraliste, médecin scolaire ou du travail, gériatre) qui vous dirigera vers un orthoptiste pour faire un bilan.
C'est en fonction du compte rendu de l'orthoptiste que le diagnostic sera affiné et que le nombre et la fréquence des séances de rééducation ou de réadaptation seront programmés.
Les orthoptistes travaillent souvent en étroite collaboration avec les médecins prescripteurs, mais aussi avec les autres professionnels de la vue, comme les opticiens qui, eux, se chargent d'équiper les patients.
Consulter un orthoptiste : pour qui ?
On l'a dit : La rééducation des yeux peut tout aussi bien concerner les nouveau-nés que les personnes âgées, celles qui souffrent d'une anomalie binoculaire congénitale comme d'une paralysie passagère d'un muscle consécutive à un traumatisme, celles qui viennent de se faire opérer de la cataracte comme celles qui sont "fatiguées des yeux".
Si les personnes souffrant de strabisme représentent environ 20 % de la clientèle, les orthoptistes voient en effet beaucoup "d'yeux fatigués" dans les cabinets d'orthoptie.
Travail sur écran d'ordinateur, smartphones, lecture de dossiers, concentration sur la circulation pour les personnes toujours sur les routes (V.R.P., routiers...), sont responsables d'une tension musculaire qui, à la longue, entraîne une fatigue visuelle se manifestant par une vision trouble, des sensations de picotements...
Enfin, quand on devient presbyte, on est contraint de s'habituer à de nouvelles lunettes : pas toujours facile quand il s'agit de verres progressifs ! Or, neuf fois sur dix, l'orthoptie permet de s'y accoutumer en douceur.
Et c'est aussi quand on vieillit que l'on est victime de pathologies visuelles, comme la D.M.L.A. (Dégénérescence maculaire liée à l'âge) et la cataracte qui, opérée, nécessite une réadaptation nettement facilitée grâce à des séances de "gymnastique oculaire".
Comment s'effectue le bilan ?
Lors du bilan, qui dure au moins 1/2 heure, c'est le fonctionnement de la vision que l'orthoptiste va étudier afin de trouver les raisons des troubles et de la gêne. Sa discussion avec le patient lui permet de compléter son appréciation des troubles. Pour les petits, c'est à leur comportement que le spécialiste va se référer : s'il cligne des yeux, se les frotte avec les mains...
Ensuite, on procède à la partie "instrumentation" du bilan qui consiste à utiliser un matériel de mesure très minutieux observant le patient mis en situation. Et enfin, on termine en lui donnant un maximum d'explications afin qu'il cerne mieux le fonctionnement de sa vision... et par conséquent son dysfonctionnement.
Séances d'orthoptie : mode d'emploi
Si nous avons chacun nos propres stratégies visuelles, nous connaissons aussi des stratégies communes. Prenons l'exemple de la lecture. Pour lire, les yeux bougent le long de la ligne d'écriture par saccades, en s'arrêtant sur des mots pour les déchiffrer. Or, certains enfants, surtout vers 7-8 ans, ne font pas ce mouvement facilement et ont plus de mal à acquérir une stratégie visuelle de lecture qui leur permettrait de lire rapidement. Résultat : la lecture n'est pas fluide, et c'est l'institutrice qui donnera le plus souvent l'alerte.
Résoudre ces difficultés de vitesse de lecture entraînant un éventuel retard scolaire relèvera donc là encore du travail de l'orthoptiste qui s'appliquera à faire travailler l'enfant sur les mouvements de ses yeux pour leur donner plus d'efficacité.
Pour ce faire, le spécialiste aura recours à des moyens très simples (comme des bâtonnets à suivre du regard) derrière lesquels se dissimule une méthode très efficace.
Des résultats probants
Une séance dure environ 20 minutes, dont on ressort un peu fatigué, les résultats n'apparaissant qu'après plusieurs séances. Dans le cas d'une fatigue visuelle, par exemple, en moyenne sept séances sont nécessaires pour en ressentir les bénéfices - la durée moyenne d'une rééducation étant souvent de 12 séances, à raison de rendez-vous hebdomadaires, bihebdomadaires ou autres.
Le rythme dépend de chaque cas et des contrôles réguliers sont parfois indispensables après une phase de rééducation intensive. Ainsi, la prise en charge d'un strabisme s'étend sur des années. Quand un bébé louche, il est important de le faire examiner le plus tôt possible à un médecin. On peut lui prescrire une dizaine de séances d'orthoptie dès l'âge de six mois, puis il sera revu à un ou deux ans, parfois jusqu'à l'adolescence.
En réalité, une rééducation bien menée, complétée par le port de lunettes très adaptées, permet de limiter le nombre d'interventions chirurgicales tout en prenant en charge l'aspect à la fois esthétique et fonctionnel.
Bien sûr, comme toute discipline, l'orthoptie a ses limites. Ne comptez pas sur elle pour éviter le port de lunettes, nécessaire à la correction d'un défaut optique. Reste qu'une fois les stratégies visuelles mises en place, on ne les oublie pas en sortant du cabinet de l'orthoptiste et il va falloir les utiliser au quotidien jusqu'à ce qu'elles deviennent complètement naturelles.