« Depuis quelque temps, mon mari et moi avons espacé nos rapports sexuels, car j'ai trop mal. » Pour Corinne, 53 ans, comme pour beaucoup d'autres femmes, la ménopause est un passage difficile à vivre dans la tête et dans le corps. Corinne ne se voit pas comme une vieille dame — loin de là ! — et, surtout, elle n'a pas tiré un trait sur sa sexualité. Mais la sécheresse vaginale, due aux bouleversements hormonaux, lui gâche la vie.
Certes, il y a une chute des hormones féminines lots de la ménopause. Mais c'est aussi une période critique sur le plan psychologique. Les enfants quittent la maison, on prépare sa retraite... C’est toute l'image de sa féminité qui change.
C’est aussi le moment où les signes du vieillissement s'accentuent. Rides, kilos superflus... toutes ces modifications corporelles ont forcément un impact sur la libido et sur la sexualité. Quelqu'un qui ne s'aime pas à du mal à se laisser aimer. Pourtant, les femmes doivent savoir que la ménopause ne sonne pas la fin de leur vie sexuelle.
Message reçu ! Sylvie, 59 ans, appartient à cette génération qui a décidé de ne pas lâcher prise : « Je me sens encore jeune. C’est important pour moi, mais aussi pour mon mari, d'avoir encore une vie sexuelle. »
Rester active, préserver son couple et l'image de soi... les solutions ne manquent pas pour aider les femmes à passer le cap.
Que se passe-t-il dans votre corps ?
Au moment de la ménopause, les ovaires cessent progressivement de sécréter les hormones féminines. La baisse du taux d'œstrogènes va peu à peu assécher les muqueuses, notamment celle qui tapisse le vagin. Ce phénomène, qui peut gêner la pénétration, finit par s'étendre vers le fond du vagin. À la longue, celui-ci perd de son élasticité et a tendance à s'atrophier.
Ce problème de sécheresse va concerner toutes les femmes, mais à des degrés divers. Certaines commenceront à le ressentir en période de périménopause, d’autres seront épargnées pendant des années.
Parallèlement, la lubrification du vagin lors du rapport sexuel est plus lente et moins abondante. C’est d'autant plus vrai que la femme a peur d'avoir mal… « J'appréhendais de faire l'amour, mais je n'osais rien dire à mon mari de peur de gâcher un bon moment », raconte Sylvie.
Découragées, certaines femmes saisissent n'importe quel prétexte pour renoncer aux rapports amoureux : ce n'est plus de mon âge, je suis fatiguée...
C’est dommage car, en général, les femmes qui ont une activité sexuelle régulière ne souffrent pas de sécheresse. Il faut qu'elles gardent confiance en elles et comprennent que le temps de préparation à l'amour sera désormais plus long.
Nous vous conseillons d’allonger les préliminaires par des jeux érotiques, afin de laisser s'installer le plaisir. Et pour celles qui sont prêtes à prendre un traitement, il existe toute une palette de remèdes.
Le THS classique : efficace, mais risqué
L'idée est simple : on compense la chute naturelle des hormones par un traitement hormonal substitutif. Les effets positifs de ce THS sur la sécheresse vaginale et les bouffées de chaleur sont reconnus.
Mais des études récentes ont soulevé une vague d inquiétude, en montrant que certains produits augmentent le risque de développer un cancer du sein, une maladie cardiovasculaire ou thrombo- embolique (phlébite, embolie...). Le THS, disponible uniquement sur prescription médicale, est donc contre-indiqué chez certaines femmes, notamment en cas d'antécédent de cancer du sein. Il est aujourd'hui recommandé de le prescrire à dose minimale, sur une période la plus courte possible.
En complément, il existe des crèmes ou des ovules à base d œstrogène, à placer au fond et à l'entrée du vagin deux ou trois soirs dans la semaine. Parfois, le produit coule un peu, et certaines femmes doivent porter une protection. Mais la sécheresse vaginale, même ancienne, se traite bien, à condition d'être persévérante.
Une alternative, la tibolone
Sur prescription médicale uniquement, la tibolone agit sur la sécheresse vaginale, mais aussi sur les troubles de la libido.
Cette molécule a, en effet, une légère action androgènes (des hormones mâles), sécrétés en faible quantité dans l'organisme féminin, stimulent le désir sexuel.
A savoir : la tibolone a les mêmes contre-indications qu'un THS classique, et elle favoriserait la prise de poids.
La phytothérapie : efficace, mais controversée
Beaucoup de femmes, inquiètes à l'idée de prendre des hormones de synthèse, préfèrent les produits naturels à base de plantes. De fait, les phyto-œstrogènes, en particulier les compléments alimentaires à base d'isoflavones de soja, rencontrent un certain succès. A ce jour, leurs bénéfices et leurs risques éventuels n'ont pas encore été complètement évalués.
Par prudence, on ne donne pas de phyto-œstrogènes à une femme qui a des antécédents de cancer du sein. Dans la pratique, les médecins utilisent peu les produits très concentrés en isoflavones de soja et privilégient d’autres extraits de plantes à action œstrogénique (actée en grappes, sauge, trèfle rouge, houblon, etc.) ou progestative (gattilier, alchémille...).
En plus du traitement de fond, ils recommandent d'utiliser, deux ou trois jours dans la semaine, des gels à base de plantes, disponibles en pharmacie ou parapharmacie.
On peut aussi essayer les gélules contenant de l'huile de bourrache, d'onagre ou de germe de blé, connues pour améliorer la souplesse de la peau et des muqueuses. En principe, on les prend par voie orale. Mais, on peut aussi les laisser fondre dans le vagin ! Les résultats sont plus rapides.
L'homéopathie : dès les premiers signes
Pour que le traitement soit efficace, il vaut mieux démarrer dès les premiers signes de ménopause. L'homéopathe dispose d'un panel de remèdes, à adapter en fonction du profil de chaque patiente : sa psychologie, son état général.
En traitement de fond, on fait souvent appel à Folliculinum (les basses dilutions, 4 ou 5 CH, stimulent la production d'œstrogènes) et Lutéinum (pour compenser le déficit en progestérone). On peut alterner quinze jours l'un, quinze jours l'autre ; ou prendre trois granules de chaque, cinq ou six jours par semaine.
L’acupuncture : pour lutter contre l'assèchement
Les petites aiguilles peuvent soulager les tourments de la ménopause, en corrigeant les déséquilibres inhérents à cette période de la vie. On obtient les meilleurs résultats en prévention, mais cela marche aussi quand les symptômes sont installés. Les patientes devraient suivre le traitement dès les premiers cycles irréguliers, c'est-à-dire dès la périménopause. Souvent, les femmes ont les yeux secs et des bouffées de chaleur à cette période-là. Pour nous, c'est un début d'assèchement du corps qui annonce les problèmes sexuels.
Les points d'acupuncture varient d'une femme à l'autre. L'idéal serait de commencer en périménopause par une séance hebdomadaire, puis mensuelle, comme pour rester dans le rythme des cycles menstruels, et ce jusqu'à l’arrêt définitif des règles. Ensuite, on conseille un traitement d'entretien tous les trois à six mois, selon les cas.
Et si ça ne suffit pas ?
- Celles qui le souhaitent peuvent utiliser un lubrifiant vaginal, à poser juste avant les rapports sexuels.
- Pour la toilette intime, il existe des savons liquides spécialement adaptés aux muqueuses fragiles.
Le point sur les phyto-œstrogènes
Les phyto-œstrogènes ont-ils une action reconnue sur les troubles de la ménopause ?
Les effets des isoflavones de soja sur la sécheresse vaginale ont été trop peu étudiés. En revanche, sur les bouffées de chaleur, on dispose d'une dizaine d'études. Quelque 60 % d'entre elles montrent une réduction des bouffées, mais 40 % aucun effet.
Par ailleurs, les phyto-œstrogènes évitent à l'os de se déminéraliser. Mais cela ne suffit pas à dire qu'ils protègent contre le risque d'ostéoporose.
Les risques sont-ils les mêmes qu'avec un THS classique ?
En ce qui concerne le cancer du sein, les études montrent un effet protecteur des phyto-œstrogènes chez les femmes asiatiques, mais pas chez les Occidentales, probablement à cause de l'effet cumulatif d'une consommation régulière de soja tout au long de la vie.
Et on ne sait pas si la prise de phyto-œstrogènes risque d'accélérer l'évolution dune tumeur cancéreuse. Les rares études donnent des résultats contradictoires.
Que penser des compléments alimentaires qui sont vendus dans le commerce ?
Il est difficile de s'y retrouver, d’autant que la quantité d'isoflavones de soja qu'ils contiennent n'est pas toujours indiquée sur la boîte. Le dosage est très variable d'un produit à l'autre. Il serait temps de légiférer, car ces produits ont une activité hormonale et ne devraient pas être utilisés sans un suivi médical.
Faut-il privilégier une alimentation à base de soja ?
La voie alimentaire est probablement la meilleure pour les femmes ménopausées, et aussi la moins chère. Si on se réfère à la consommation des femmes asiatiques, il faudrait trouver dans l'alimentation l'équivalent de 50 à 100 milligrammes par jour de principe actif, soit un demi-litre de boisson au soja ou quatre desserts au soja.
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