« Madame, votre mammographie n'est pas normale. » Combien de femmes ressortent du cabinet de radiologie rongées d'inquiétude après cette annonce pour le moins angoissante ? Heureusement, une image suspecte n'est pas toujours synonyme de cancer, loin de là. Sur mille femmes qui participent au dépistage systématique du cancer du sein, cent apprennent que leur "mammo" est anormale, mais cinq ont réellement un cancer et devront être prises en charge immédiatement.
Toute une série d'examens sont nécessaires pour lever le doute. En réalité, il peut s'écouler plusieurs semaines avant que la patiente obtienne un diagnostic certain. « C'est une période psychologiquement traumatisante.
Mais, sur le plan médical, il n'y a pas d'urgence. En effet, un cancer du sein n'évolue pas vite.
Les femmes ont besoin d'explications claires
Face à une mammographie dont l'image suscite le doute, le radiologue ne doit pas laisser sa patiente sans un minimum d'explications.
Il existe une classification des mammographies selon les anomalies repérées. Celle-ci doit être inscrite dans les conclusions du radiologue, avec des indications sur les suites à donner. Mais ce n'est pas toujours fait correctement.
Au besoin, le gynécologue ou le médecin traitant peuvent aider la patiente à décoder des termes souvent difficiles à interpréter. Ils sauront trouver les mots pour la rassurer et l'aider à franchir les étapes suivantes.
La palpation des seins et la mammographie complétée par l'échographie (réalisée systématiquement lorsque les seins sont très denses) ne permettent pas, à elles seules, de diagnostiquer un cancer du sein.
Elles donnent des éléments d'orientation, mais les yeux et les mains ne remplaceront jamais le microscope. Il existera toujours une marge d'erreur tant qu'on n'aura pas réalisé une ponction ou une biopsie.
De fait, il va falloir prélever des cellules et les donner à analyser dans un laboratoire spécialisé. Pour cela, le radiologue ou le chirurgien ont à leur disposition une batterie d'examens qu'ils choisiront en fonction des lésions (nodule ou micro-calcifications) repérées sur les images radiologiques.
L'éventail des examens est large
La cytoponction : cet examen est pratiqué dans un cabinet de radiologie, chez le gynécologue ou dans un laboratoire spécialisé. Le médecin plonge une fine aiguille dans le sein afin de prélever quelques cellules. « Ce geste est de plus en plus souvent guidé sous contrôle échographique. Les résultats seront donnés en une semaine environ.
La microbiopsie : à l'aide d'une aiguille d'un diamètre un peu plus important que pour la cytoponction, on prélève des "échantillons" de tissus. L'intervention a lieu sous anesthésie locale et ne dure que quelques minutes. Elle peut être pratiquée sous échographie ou contrôle radiologique.
La macrobiopsie : toujours sous anesthésie locale, on prélève des fragments de tissus plus nombreux et de plus grande taille que lors d'une microbiopsie. Le dispositif le plus couramment utilisé est connu sous le nom de Mammotome. Concrètement, la patiente est allongée sur le ventre, torse nu. Son sein est introduit dans une ouverture pratiquée au travers de la table d'opération. Pour piquer au bon endroit, le radiologue localise la lésion à l'aide d'une radiographie. La patiente rentre chez elle le jour même, après avoir passé environ deux heures à l'hôpital. Elle ne gardera sur la poitrine qu'une petite trace. Le risque d'infection est minime, mais, dans 5 % des cas, un hématome peut se développer à l'endroit de la biopsie. Les résultats seront communiqués au gynécologue ou au médecin traitant dans un délai de dix à quinze jours.
La chirurgie stéréotaxique : la patiente est sous anesthésie locale, dans la même position que pour une macrobiopsie. D'ailleurs, tout se déroule dans les mêmes conditions. A cette différence près : cet examen permet de prélever un fragment de tissu encore plus volumineux (2 cm de diamètre sur 3 cm de long). Le chirurgien pratique une incision de 2 cm environ dans le sein, ce qui laissera une petite cicatrice. L'endroit exact de la biopsie est calculé par ordinateur et un radiologue, présent au cours de l'intervention, guide le chirurgien en surveillant son geste sous radiographie (l'ensemble du dispositif s'appelle Site-select). Les résultats sont donnés en une quinzaine de jours.
La chirurgie sous anesthésie générale : ce type d'intervention lourde est, en principe, réservé aux cas les plus suspects ou lorsque le diagnostic ne fait pas de doute. On a aussi recours à la chirurgie lorsque les biopsies sous anesthésie locale ne sont pas techniquement réalisables (par exemple, la lésion est trop près de l'aisselle) ou n'ont pas fourni un résultat probant.
Concrètement, le chirurgien procède à l'ablation de la tumeur ou de la zone suspecte. Celle-ci est confiée sur le champ à un laboratoire d'anatomopathologie pour analyse. Dans certains cas, il peut rendre un diagnostic immédiat, mais parfois (en particulier pour les tumeurs les plus petites) il faudra attendre huit jours environ.
Lorsque le résultat de cette analyse est bénin (dans 70 % des cas en moyenne en France), on peut regretter a posteriori cette intervention. C'est pourquoi, à l'avenir, le développement de la macrobiopsie et de la chirurgie stéréotaxique devrait permettre de mieux sélectionner les patientes.
Certains hôpitaux ont fait des efforts, mais sur l'ensemble du territoire les équipements nécessaires sont clairement insuffisants. Un paradoxe au moment où l'on incite les femmes à participer au dépistage systématique du cancer du sein.
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