Les kystes de l’ovaire

femme douleur dans le bas du ventre
Les ovaires ont pour rôle essentiel de permettre aux femmes de donner la vie. Ils peuvent être le siège de kystes. Pourquoi ? Comment les reconnaître et les traiter ? Les premiers signes d’un kyste de l’ovaire sont les douleurs du bas-ventre. Elles doivent conduire à consulter un médecin le plus rapidement possible. Un kyste ovarien est une masse remplie d’un liquide qui se développe dans l’ovaire. On les divise en kystes fonctionnels et kystes organiques.

Deux catégories de kystes

Les kystes fonctionnels

Ce sont les plus courants - 90 % des kystes de l'ovaire - et les moins inquiétants, car ils n'ont, en aucun cas, un caractère cancéreux. Ils sont liés à l'activité hormonale des ovaires. Ils proviennent soit d'un follicule persistant, soit d'un corps jaune - dit "gravidique".

Le follicule persistant

Il s'agit d'une ovulation qui n'a pas eu lieu ("raté de l'ovulation") au 14e jour du cycle. Le follicule ovarien continue alors à grossir et à sécréter des œstrogènes.

Il se transforme en kyste, contenant un liquide et perturbant le cycle. Les seins et le ventre sont ballonnés et l'on assiste à un retard de règles. On parle alors de kyste folliculaire.

Ce type de kystes touche, dans 90 % des cas, des femmes de moins de 40 ans. Le mot kyste ne doit être employé que si le follicule dépasse 30 millimètres de diamètre, après le 14e jour du cycle. En effet, certaines femmes viennent nous voir affolées car, sur le compte rendu de leur échographie, est précisé "kyste", alors qu'un follicule normal peut mesurer jusqu'à 30 mm.

Une échographie, pratiquée après les règles, permet de vérifier si le kyste a régressé de lui-même ou s'il persiste un traitement hormonal (pilule) est alors prescrit. Si celui-ci n'est pas efficace, il faut opérer, ce qui est assez rare.

Le corps jaune gravidique

Au lieu de régresser 14 jours après l'ovulation, juste avant l'apparition des règles, le corps jaune sécrète encore des hormones donnant des signes qui pourraient faire croire à une grossesse (nausées, température au-dessus de 37°, retard de règles...), mais ce sont un ou plusieurs kystes dits "lutéiniques". Ils sont liquides et leur taille peut être de 3 ou 7 centimètres, voire de 10 cm et plus.

Les kystes fonctionnels disparaissent, en général d'eux-mêmes, aux règles suivantes. En cas de persistance, un traitement médical est instauré.

Parfois, les kystes fonctionnels peuvent se rompre et entraîner une hémorragie intra-abdominale qui provoque des douleurs ressemblant à celles d'une grossesse extra-utérine.

Les kystes organiques

Contrairement aux kystes fonctionnels, ces kystes ne subissent pas l'influence du cycle menstruel. Longtemps silencieux, ils peuvent provoquer des douleurs en grossissant s'ils compriment les organes voisins. Ils peuvent encore se tordre, provoquant une douleur intense nécessitant un traitement en urgence.

Ils peuvent être liquides, solides ou mixtes. Ils résistent au traitement médical. Ils possèdent une paroi et donc leur ablation (kystectomie) est possible.

Ils peuvent être bénins ou malins. On distingue différents types de kystes :

Endométriosique

Présent sur les deux ovaires, dans un cas sur deux, il est associé à des règles douloureuses et peut atteindre de 1 à 4 cm de diamètre, parfois même 10 cm et plus. Il contient un liquide caractéristique, de couleur chocolat, correspondant à la présence de sang depuis un certain temps.

On l'appelle kyste endométriosique, car il est dû à la présence anormale de tissu provenant de l'utérus (endométriose) dans l'ovaire. Ce kyste peut être à l'origine d'une mauvaise ovulation expliquant une stérilité.

Séreux

Il peut être bénin ou malin. Il représente 25 % des kystes bénins de l'ovaire et apparaît plutôt avant 40 ans. Mais on peut l'observer à tout âge, même chez l'enfant. Il est présent sur les deux ovaires dans 20 % des cas. Il a une taille moyenne de 15 cm de diamètre et contient un liquide clair citrin (de couleur citron).

Mucineux

Il peut être bénin ou malin et représente 20 % des kystes bénins de l'ovaire. La moitié des tumeurs ovariennes, chez les femmes de moins de 20 ans, correspondent à des kystes mucineux. Il s'observe entre 20 et 50 ans. Il est rarement bilatéral (5 % des cas). Sa taille est variable avec une moyenne de 20 cm. Il contient un liquide épais, citrin.

Dermoïde

Il représente 16 % des tumeurs ovariennes. L'âge moyen de survenue est 34 ans. Il prédomine à droite, mais est bilatéral dans 16 % des cas. Il se cancérise rarement (1,1 % des cas). Il peut contenir des cheveux, des dents, du cartilage...

Selon les données du réseau Francim, le nombre de nouveaux cas de cancer de l'ovaire en France en 2020 était d'environ 4 690. La fréquence du cancer de l'ovaire continue d'augmenter.

Il est difficile de parler d'une population à risque, bien que le taux de tumeurs de l'ovaire soit plus élevé chez les femmes célibataires et que 50 % de ces tumeurs soient découvertes entre 45 et 50 ans, surtout dans les pays à haut niveau de vie.

La prise de contraceptifs oraux combinés (contenant des œstrogènes et des progestatifs) pendant plusieurs années est associée à une réduction du risque de cancer de l'ovaire. Cependant, il est important de discuter avec un professionnel de la santé pour peser les avantages et les inconvénients de la prise de contraceptifs oraux, car ils peuvent également présenter des effets secondaires et des risques.

Confirmer le diagnostic du kyste ovarien

Le diagnostic clinique reste difficile. Il peut se faire, grâce :

Au toucher vaginal (T.V)

La masse latéro-utérine, sur les côtés de l'utérus, est indépendante de l'utérus et les mouvements imprimés par le toucher vaginal ne sont alors pas transmis à l'utérus.

A l'échographie pelvien

Par voie abdominale (vessie pleine), mais surtout intra-vaginale (vessie vide), qui confirme le diagnostic de masse non utérine et permet de caractériser les structures liquidiennes, internes, solides ou mixtes du kyste ovarien. Elle peut être couplée au

Doppler couleur, qui permet d'apprécier la vascularisation de cette masse et de signifier si ce kyste correspond à une tumeur maligne, avec une très bonne fiabilité.

L'échographie va donc apprécier : la taille du kyste, l'existence ou non de cloisons, leur épaisseur, l'échogénicité (liquide solide ou mixte), l'existence ou non de végétations, la présence de liquide dans l'abdomen (ascite).

D'autres examens peuvent être pratiqués devant la découverte d'un kyste :

Les marqueurs tumoraux

Ils sont détectés grâce à une prise de sang. Toutefois, aucun d'entre eux n'a réellement démontré la preuve de son intérêt dans le dépistage des kystes de l'ovaire malins débutants.

La ponction échoguidée

Il s'agit d'une technique d'investigation et non d'un traitement du kyste de l'ovaire. En effet, si l'on a écarté un kyste fonctionnel, la ponction permettra de vider le kyste de son contenu, mais laissera la paroi à l'origine des récidives.

Le risque de cette ponction est de méconnaître une tumeur maligne et d'entraîner une contamination de la cavité abdominale, modifiant ainsi le pronostic. Les chirurgiens gynécologues-cancérologues sont hostiles, en général, à ce procédé.

La peur du cancer des ovaires

Certains aspects du kyste, sur le plan clinique, confirmés par des examens complémentaires, peuvent d'emblée permettre d'évoquer le diagnostic de cancer de l'ovaire.

Sur le plan clinique, l'altération de l'état général et l'ascite, c'est-à-dire la présence dans l'abdomen d'une quantité importante de liquide dans le ventre, qui fait grossir ce dernier, peuvent être révélatrices. L'échographie peut mettre en évidence l'existence de cloisons épaisses, de végétations intra ou extra-kystiques ou d'un épanchement liquidien.

Le Doppler, quant à lui, montrera une hypervascularisation. Enfin, on assiste à une augmentation importante des marqueurs tumoraux.

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Des traitements efficaces

Il est indispensable de traiter un kyste de l'ovaire tout d'abord pour ne pas "passer à côté" d'un cancer débutant de l'ovaire, mais aussi pour éviter les complications des kystes : compression, rupture, hémorragie, torsion, infection... et enfin, pour traiter une éventuelle stérilité.

Les kystes évoquant un cancer ou une suspicion de cancer ainsi que les kystes organiques doivent être opérés d'emblée. Un traitement médical sera proposé pour un kyste d'allure fonctionnelle, inférieur à 6 cm, sans caractère suspect (marqueurs tumoraux normaux, échographie et Doppler ne révélant rien de particulier).

À lire également : Kyste de l'ovaire : bien comprendre le traitement

Différentes méthodes existent dans l'arsenal thérapeutique

  • Une pilule œstroprogestative (contenant des œstrogènes et de la progestérone) normodosée à 50 gamma d'éthyniloestradiol : 2 plaquettes en continu.
  • Un progestatif pendant 40 jours en continu.
  • Un analogue de la LH-RH (hormone présente au cours du cycle menstruel) pendant trois mois.

Au terme de ce traitement, une nouvelle échographie permettra de vérifier la disparition du kyste. En cas de persistance, il faut opérer.

Le traitement chirurgical est actuellement réalisé sous cœlioscopie. Il consiste en une kystectomie (ablation du kyste avec conservation de l'ovaire) ou en une ovariectomie (ablation de l'ovaire).

Le kyste est extériorisé à l'intérieur d'un sac introduit dans la cavité abdominale pour éviter toute dissémination à l'intérieur de l'abdomen ou contamination des parois de l'abdomen, s'il s'agit d'un cancer. Cette technique dite "kystectomie avec ensachage" (à l'intérieur d'un sac), nécessite un chirurgien expérimenté dans la cœlioscopie et en même temps capable d'ouvrir le ventre (laparotomie) en cas de kyste suspect de cancer.

Cette méthode a les avantages de la chirurgie à ventre fermé, avec une courte hospitalisation, une récupération et une reprise rapides de l'activité avec un minimum de cicatrices, esthétiques. En cas d'antécédent d'intervention chirurgicale avec une cicatrice sur l'abdomen, des précautions seront nécessaires avant de réaliser une cœlioscopie.

L'ovariectomie sera proposée en préménopause et à la ménopause.

Un kyste ovarien peut toutefois réapparaître s'il est endométriosique ou si la ponction a laissé la paroi du kyste.

Pour le traitement et la détection des cancers de l'ovaire, « l'utilisation des dérivés du bois d'if (Taxol) en chimiothérapie améliore la survie des malades. La cœlioscopie a fait de grands progrès. Enfin, de nouveaux marqueurs sont à l'étude pour le dépistage du cancer de l'ovaire. Ils n'ont malheureusement pas encore fait la preuve de leur spécificité.

Le rôle des ovaires

L'ovaire est une glande génitale féminine correspondant à celles des testicules chez l'homme.

Elle joue un double rôle, celui de produire (de la puberté à la ménopause, en dehors des grossesses) un ovule qui se détache de l’ovaire tous les 28 jours à une période fixe du cycle menstruel (ovulation) qui se situe vers le 14e jour du cycle.

L'autre rôle est hormonal. Les ovaires sécrètent des œstrogènes et de la progestérone qui agissent différemment au cours de fa vie d'une femme :

  • A la puberté, apparaissent les caractères sexuels secondaires, Au cours du cycle menstruel, les hormones contribuent à la libération d'un ovule et favorisent la fécondation.
  • Pendant la grossesse, estrogènes et progestérone agissent encore de pair pour préparer la nidation.
  • A la ménopause, on assiste à l'arrêt progressif des sécrétions de l’ovaire.

Retenez que :

  • Dans tous les cas de douleurs au bas-ventre persistantes, consultez votre médecin.
  • Si la douleur est soudaine et si elle survient après un rapport sexuel, la consultation est urgente : ce peut être une torsion de kyste.
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