Le malaise, la syncope : impressionnants mais sans gravité
Gilles est kinésithérapeute. Il n'est pas près d'oublier cette soirée où l'un de ses patients est arrivé à son cabinet à l'improviste pour lui demanda à s'allonger.
Quelques secondes plus tard, c'était la syncope. « Son pouls et sa respiration étaient filants... j'ai eu peur ! J'ai cru qu'il était mort », raconte Gilles.
Deux minutes plus tard, les pompiers arrivaient sur place et décrétaient qu'il n'y avait plus qu'à... attendre. Au grand dam du kiné qui n'avait encore jamais été confronté à une syncope vagale.
Impressionnant, certes, mais sans gravité, le malaise vagal est la cause la plus fréquente de syncope ou d'état "à la limite" de la syncope. Le malaise vagal est dû à une hyperactivité du nerf vague, appelé également nerf pneumo-gastrique. Celui-ci est divisé en deux systèmes : le parasympathique et le sympathique (voir plus en fin d’article). Quand l'équilibre entre ces deux systèmes est rompu, dans le sens d'une hypertonie du nerf vague, c'est le malaise et/ou la syncope.
Les situations à risque
On ignore pour quelle raison ces déséquilibres surviennent dans le système nerveux. En revanche, les situations qui peuvent les provoquer sont assez faciles à identifier : émotions folles tristes ou gaies, peur, fatigue, jeûne, anxiété, douleur, prélèvement sanguin, stress, environnement confiné, repas trop riche et trop arrosé, ou passage brutal de la position allongée à la position debout.
Il est très fréquent que la vue du sang, l'odeur de l'éther, l'anxiété au cours d'explorations médicales ou l'idée même de l'hôpital aient raison des plus costauds souffrant d'une hyperactivité du nerf vague.
« A chaque fois que quelqu'un me raconte ses soucis de santé, j'ai tellement mal au cœur que je force mon interlocuteur à changer de sujet, raconte Marie. Et quande à être allongée, je me force à respirer profondément et ça passe comme une lettre à la poste. »
De quelques secondes à quelques minutes
Les manifestations du malaise sont toujours les mêmes : la tension baisse, le pouls reste généralement normal mais il peut être difficile à trouver ; on se met à avoir des suées ou la peau très sèche, ou encore les deux à la fois. La respiration s'accélère. Il est courant d'avoir des nausées (le fameux : "j'ai mal au cœur ! "), voire des vomissements, on devient blanc comme un linge, la tête tourne, la vue se brouille, on salive plus que d'ordinaire, on bâille... Bref, on sent qu'on va tomber dans les pommes.
Soit on reste conscient et le malaise passe rapidement. Soit on tombe en syncope. De quelques secondes à trois ou quatre minutes, la durée de la perte de connaissance est très brève. Pendant la syncope, la personne évanouie peut rester très calme, ou se mettre à.… ronfler fortement !
La reprise de conscience est spontanée et totale. En général, lorsque la victime du malaise se réveille, elle a totalement repris ses esprits. Elle se souvient qu'elle s'est sentie mal mais pas toujours qu'elle s'est évanouie.
« Le malaise vagal n'est pas grave. Le seul risque est de se casser quelque chose en tombant », explique le Dr Marc Toubon, généraliste. Ce qui le rend handicapant, c'est son caractère imprévisible et récidivant. En outre, c'est loin d'être une partie de plaisir. L'expression se sentir mal n'a d'ailleurs pas été choisie par hasard.
« Le plus pénible, c'est quand mon entourage pense que je joue la comédie, raconte Hélène. Du coup, j'essaye toujours de lutter pour faire bonne figure. Mais rien n'y fait si je ne m'allonge pas. A cause de petits traumatismes, j'ai régulièrement fréquenté les hôpitaux depuis mon enfance. Mais j'ai dû attendre d'avoir 31 ans avant d'entendre prononcer le terme « malaise vagal » par un médecin généraliste... »
Pour récupérer, allongez-vous !
En cas de malaise vagal, une seule chose à faire s'allonger. Seconde étape : mettez les jambes en l'air, à la verticale. Si le lieu ne se prête pas à la position horizontale, mettez la tête entre les jambes. On peut appliquer de l'eau froide sur le visage et sur les mains afin de réactiver le tonus sympathique. Pour se sentir moins oppressé, desserrez le col de chemise et la ceinture. Retrouver la station debout doit se faire en douceur, car une reprise d'activité trop rapide peut provoquer un second malaise.
Faites un bilan en cas de malaises trop fréquents
A ce jour, il n'existe pas de traitement curatif ou préventif. Excepté dans des situations précises et programmées, comme un examen médical tel qu'une prise de sang. Dans ce cas, on peut prévoir un sédatif léger, pris à petite dose, quelque temps avant l'examen. Autre solution : un médicament qui agit sur le système parasympathique en neutralisant le nerf vague. Ceux qui en souffrent ne doivent donc pas hésiter à en parler avec leur médecin afin que celui-ci leur prescrive une prémédication adaptée.
De plus, « si les malaises sont fréquents, il est important de faire un bilan pour savoir si la syncope est d'origine vagale, c'est-à-dire anodine, ou plus grave. Il peut s'agir d'épilepsie, de diabète (il favorise les désordres sur le système nerveux autonome), d'un rétrécissement aortique, d'un accident vasculaire cérébral, d'une angine de poitrine à forme syncopale, de troubles du rythme cardiaque ou d'alcoolisme », dit le Dr Toubiana. Heureusement, il semblerait qu'avec l'âge le malaise vagal se fasse plus discret, et parfois même disparaisse.
Un système nerveux très… sympathique
Le système nerveux autonome est divisé en système nerveux sympathique et parasympathique. Leur activité s'équilibre de façon à coordonner le fonctionnement de tous les viscères. Ce système autonome sert ainsi à remplir des fonctions fondamentales comme la régulation des rythmes cardiaque et respiratoire, mais aussi des fonctions telles que transpirer, déclencher l’érection, pleurer, éternuez…
Le système nerveux sympathique a une fonction de mise en alerte, notamment en stimulant le rythme cardiaque. Le système nerveux parasympathique (par l'intermédiaire de son nerf principal le nerf vague) veille à la mise au repos de l'organisme en ralentissant le rythme cardiaque.
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