Insomnies et stress : le parcours de Vincent
Vincent, 44 ans, cadre de profession, vit pour son travail. Le soir, fatigué, énervé, il a du mal à s'endormir. Il s'agite, souffre de crampes et bouge sans arrêt. Quand enfin, il trouve le sommeil, son répit est de courte durée : il se réveille vers 3 heures du matin et cogite. Il ne se rendort qu'au petit matin. Au lever, il est si « assommé » qu'il prend un fortifiant pour se donner un coup de fouet. Sa femme l'incite à consulter un médecin homéopathe.
En consultation, il se plaint d'insomnies et de fatigue, mais aussi de troubles digestifs (brûlures d'estomac, ballonnements, selles fréquentes). Le médecin, après l'avoir interrogé et écouté, lui prescrit : 5 granules de Nux vomica 15 CH au coucher et 5 granules de Zincum metallicum 9 CH deux fois par jour avant les repas. Ces deux médicaments vont agir de manière complémentaire. Le premier est recommandé en cas d'hypersensibilité sensorielle avec irritabilité, mauvaise humeur et spasmes digestifs. Le second est indiqué contre la fatigue nerveuse chez l’anxieux souffrant de troubles du sommeil marqués par une agitation.
L'homéopathie peut être proposée en première intention pour traiter une insomnie. Elle permet, souvent, d'éviter la prise de somnifères. Les avantages ? Les médicaments homéopathiques n'entraînent pas d'effets indésirables connus (accoutumance, dépendance, effet rebond), et ne comportent pas de risque de surdosage ou de syndrome de sevrage. C'est pourquoi ils sont particulièrement indiqués chez l'enfant qui souffre de troubles bien identifiés : terreurs nocturnes, somnambulisme ou sommeil hyper agité.
L’homéopathie : un traitement pour tous les âges
Cas type : Quentin, 7 ans, dont les cauchemars perturbent pendant des mois la vie de famille. Systématiquement, il débarque la nuit, en hurlant, dans la chambre de ses parents. À l'école, sa maîtresse se plaint de son indiscipline. À la maison, il se montre jaloux de son frère.
« Nous avons tout essayé : la raison, la douceur, l'autorité, la force... Rien n'y a fait », dit sa mère. Après avoir écarté la possibilité d'une maladie organique, le médecin homéopathe donne à Quentin 5 granules par jour d'Hyoscyamus niger 15 CH pendant trois semaines. Ce médicament est prescrit pour l'ensemble des symptômes caractérisant les troubles du sommeil chez un enfant agité, nerveux, querelleur, agressif, coléreux, impatient et jaloux.
« Les troubles du sommeil ne constituent pas un motif de consultation à part entière, observe le Dr Michèle Bardin médecin homéopathe. Comme dans toute consultation d'homéopathie, le médecin cherche à connaître le passé du patient, à savoir quand ses troubles ont commencé et pourquoi. »
Conséquence : La consultation est assez longue (plus d'une demi-heure). Le médecin va en effet s'intéresser à un grand nombre de signes dont certains sont apparemment sans rapport avec l'affection mais se révèlent utiles pour déterminer le ou les médicaments appropriés.
Anne, 36 ans, en a fait l'expérience. Enceinte de six mois, elle a du mal à s'endormir et, dès 4 heures du matin, elle s'agite dans son lit à la recherche d'une position confortable. Le matin, impossible de se lever. « Nous avons parlé de mes insomnies mais aussi de mes problèmes circulatoires et digestifs. Il m'a même demandé si j'étais frileuse... » Sa prescription comportera la prise de 5 granules par jour de deux médicaments : un contre ses troubles digestifs, sa frilosité et son hypersensibilité (Pulsatilla 9 CH), un autre pour la circulation (Arnica 5 CH).
L'insomnie est d'abord et avant tout un symptôme dont il faut comprendre le sens. Chaque cas est particulier et le traitement homéopathique reflète justement ces particularités.
Dans le cas d'Anne, il existait d'autres possibilités. Ignatia (anxiété, labilité émotionnelle, etc.) et Sepia (tendance dépressive, troubles circulatoires et hépatovésiculaires) auraient pu remplacer Pulsatilla et Arnica. Le médecin adapte son ordonnance. Au même titre qu'un autre symptôme (digestif, cutané), l'insomnie peut être la manifestation d'un terrain chronique. Lorsqu'elle était petite, Anne a eu des otites à répétition. Ses problèmes circulatoires ont empiré avec la grossesse mais étaient présents avant.
« En pratique, avec une quinzaine de médicaments homéopathiques, nous couvrons quasiment tout le champ des troubles du sommeil », explique le Dr Bardin. Si le médicament allopathique ne traite en général qu'un symptôme à la fois, un ou deux médicaments homéopathiques suffisent pour combattre tous les symptômes.
Solange l'a bien compris. À 71 ans, elle prend de multiples traitements pour son hypertension, ses palpitations, un diabète et de l'ostéoporose. Elle a mis du temps avant de parler de ses insomnies à son médecin. Par peur de voir son ordonnance déjà bien remplie se rallonger.
Quand enfin, elle lui en parle, elle est surprise de le voir prendre ses symptômes au sérieux et lui prescrire un traitement homéopathique : une dose par semaine de Silicea 15 CH (personne déminéralisée, frileuse, émotive), une dose par semaine d'Ambra grise a 30 CH (timidité, palpitations, etc.) et 5 granules de Belladonna 9 CH et de Hyocyamus 15 CH chaque soir (difficultés d'endormissement et du sommeil).
L'homéopathie se recommande particulièrement dans les cas d'insomnies réactionnelles, liées à un événement (émotion, vexation, deuil, ou modifications du cadre de vie). Ces insomnies sont, souvent transitoires, notamment chez l'enfant où elles ont fréquemment pour origine une étape du développement (sevrage, marche, entrée à l'école) ou un changement de vie (déménagement, arrivée d'un frère).
L’homéopathie pour se sortir des somnifères
L'homéopathie peut se révéler également précieuse pour le sevrage des benzodiazépines. Chez l'adulte, les médicaments homéopathiques permettent de diminuer les traitements classiques et d'optimiser la phase de sevrage. Là, pas question de retirer les somnifères au patient du jour au lendemain. Le sevrage se fait par paliers et nécessite généralement un soutien psychologique qui peut être apporté soit par le médecin traitant soit par un psychothérapeute.
Les traitements homéopathiques restent contre-indiqués dans les troubles du sommeil liés à des problèmes psychiatriques sévères. De même, ils ne peuvent venir qu'en association avec un traitement de fond allopathique face à un état dépressif, souvent caractérisé par une insomnie de fin de nuit.
Ils ne peuvent, non plus, être prescrits en première intention dans les insomnies dont la cause est une maladie organique (difficulté respiratoire, douleurs violentes, maladies chroniques, etc.). Dans ces cas-là, il faut d'abord, soigner la maladie elle-même même si l'homéopathie peut très bien venir en complément.
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