La greffe d’organe : quel suivi médical après ?

Greffe Organe
Plus de 15 000 Français vivent avec un organe greffé. Pour que la qualité de vie soit la meilleure possible, une surveillance s’impose. En quoi consiste-t-elle ?

La greffe d'organe : des conséquences à connaître avant l'opération

Lorsqu'un organe ne fonctionne plus, il est souvent indispensable, voire urgent, de le remplacer. C'est le cas notamment pour le cœur et le foie qui sont des organes vitaux.

Si une greffe a ce pouvoir un peu miraculeux de sauver la vie, il s'agit néanmoins d'une intervention complexe qui engendre de nombreuses conséquences tant psychologiques que physiques. Vivre avec l'organe d’un autre est une situation qui peut être psychologiquement difficile à accepter.

De surcroît vient s'ajouter un risque de rejet de cet organe greffé car l'organisme, grâce à son système de défense immunitaire, a une tendance naturelle à rejeter tout "corps étranger". un certain nombre de conditions devront donc être réunies pour le succès de l'opération.

Pour un maximum de chance après l'opération

Le greffon devra, dans un premier temps, être adapté à l'organisme du receveur. Il existe en effet une véritable carte d'identité immunitaire (système HLA) dont il faudra tenir compte autant que du groupe sanguin (ABO).

Autrement dit, les systèmes immunitaires et/ou sanguins du receveur et du donneur devront être compatibles pour éviter ou limiter le phénomène de rejet.

Greffe d'organe : traitement sous haute surveillance

Chez tout sujet transplanté, le risque de rejet du greffon peut, s'il n'est pas enrayé à temps, aboutir à sa perte. Dans tous les cas, un traitement médicamenteux dit immunosuppresseur est nécessaire, le plus souvent à vie. Son principe est d'amoindrir les défenses naturelles de l'organisme du patient greffé afin de lui faire accepter la présence de l'organe étranger. Mais ce traitement n'est pas sans inconvénient car il diminue de ce fait son système de protection contre les différentes agressions dont il peut être victime (infections virales en particulier).

Pratiquement identique chez tous les transplantés, le traitement est mis en place au début de l'intervention avant même que la greffe soit effectuée. Classiquement, il consiste en l'association de trois médicaments principaux : des corticoïdes, de l'azathioprine (ou du mycophénolate mofétil), et de la ciclosporine ou du tacrolimus. Dans certains cas, un traitement dit "d'induction" (à base d'anticorps) est prescrit en complément ou à la place de la ciclosporine.

En règle générale, de fortes doses de ces médicaments sont administrées immédiatement après la transplantation quand le risque de rejet est important. Puis celles-ci sont diminuées, dès la sortie de l'hôpital, si le patient va bien.

Ainsi, six mois après une greffe, l'immunité du patient est souvent en partie retrouvée. Certains transplantés pourront même voir leur traitement réduit à deux médicaments seulement, parfois un seul.

Un examen de sang : La ciclosporine et le tacrolimus ayant une action reconnue toxique pour le rein, un dosage régulier de ces médicaments dans le sang permet de prescrire la dose la plus faible possible pour une efficacité maximale. Cet examen est pratiqué 2 fois par semaine le 1er mois, une fois par semaine ensuite, enfin en moyenne tous les 2 mois au-delà d'un an.

Des effets indésirables : En abaissant les défenses naturelles de l'organisme, l'association de plusieurs médicaments immunosuppresseurs expose aux risques d'infections. Toutefois, l'excellente prise en charge de ces patients permet de diagnostiquer et de traiter ces infections à leur tout début.

Le traitement immuno-suppresseur augmente aussi le risque de cancers surtout cutanés (souvent peu sévères) et de lymphomes (tumeurs des tissus lymphoïdes). Le risque de développer un cancer (cutané exclu) a été estimé 4 fois plus important chez les sujets transplantés, excepté pour le cancer du sein dont la fréquence n'est pas plus élevée.

La survenue d'effets secondaires liés à la prise de ces médicaments est également surveillée en permanence. Il s'agit d'une hypertension, d'un diabète, de surpoids, d'ostéoporose, de toxicité rénale..

Jamais d'auto-médication après une greffe d'organe

Afin d'éviter d'éventuelles interactions médicamenteuses nuisibles au greffon, aucun médicament ne doit être pris sans l'accord du centre de transplantation. Tout événement nouveau nécessite une consultation chez son médecin qui contactera le centre de transplantation avant toute prescription. Une fièvre (urgence chez un transplanté) est un symptôme qui ne doit pas être masqué par la prise de médicaments.

Par ailleurs, tout traitement potentiellement toxique pour le foie et le rein (antibiotiques par exemple) doit être évité. Néanmoins, un comprimé de paracétamol peut être pris en cas de douleur de type migraine, sans fièvre.

Des précautions au quotidien

Précocement après la transplantation quand les corticoïdes sont administrés à forte dose, ou en cas d'hypertension, un régime sans sel s'impose.

Mais après quelques semaines ou mois quand les doses déclinent, le patient peut manger modérément salé. De même, un régime pauvre en sucres rapides est recommandé les trois premiers mois. Il existe cependant un risque permanent de prise de poids et d'hypertension qui exige une bonne hygiène de vie : consommation d'alcool la plus réduite possible (surtout après greffe du foie), pas de nourriture grasse, poisson en abondance, régime crétois à base d'huile d'olive et d'épices, absence de tabac.

L'exposition solaire est à éviter au maximum. L'utilisation d'un chapeau et d'une crème protectrice très forte (écran total) s'impose. Un brossage régulier et soigneux des dents est indispensable. Une activité physique régulière est conseillée. Les vaccins vivants atténués sont contre-indiqués (vaccin anti-polio oral...).

Danger, le rejet

Il n'y a généralement pas de symptôme en cas de rejet du greffon.

Une fièvre doit cependant toujours alerter, même si elle évoque le plus souvent une infection, car il peut s'agir aussi d'un rejet.

  • Un rejet aigu peut survenir dans les 6 premiers mois. Détecté à temps par des examens spécifiques selon l'organe greffé (analyses de sang, échographie-doppler, etc.), ce rejet est habituellement enrayé par l'augmentation des doses d'immuno-suppresseurs.
  • Un rejet chronique (d'installation plus lente, souvent sur plusieurs années) fait généralement suite à de nombreux épisodes de rejet aigu. Il nécessite généralement une retransplantation.

Dans les deux cas, le diagnostic doit être fait en temps voulu.

Chez un sujet transplanté, toute manifestation particulière (par exemple fièvre, fatigue, essoufflement...) exige donc une consultation médicale.

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