Glaucome à angle ouvert : cette maladie silencieuse qui menace notre vue
Souvent, le glaucome est annoncé de façon inattendue. Ni douleur, ni gêne : rien n'alerte de son avancée sournoise, sur plusieurs années. Jusqu'au jour où l'on constate des choses bizarres : une hypersensibilité aux changements de lumière, une maladresse à saisir les objets…
C'est un glaucome à angle ouvert (le glaucome à angle fermé est une urgence médicale ; beaucoup plus rare, il provoque une forte douleur). Cette maladie détruit progressivement le nerf optique. Les symptômes apparaissent lorsque près de 40 % des fibres du nerf optique sont atteintes. Tout l'enjeu est donc de dépister le glaucome avant qu'il ne dégrade irrémédiablement la vue, et d’installer les traitements.
La plupart du temps, il est causé par une pression trop élevée du liquide intraoculaire - au-delà de 20 millimètres de mercure (mm Hg). Ce paramètre dépend beaucoup de l'épaisseur de la cornée, variable selon les personnes.
L'ophtalmologiste procède alors à un examen complet afin d'évaluer si l'œil est en souffrance. Le fond d'œil analyse la rétine et le nerf optique, le champ visuel évalue la vision, et I'OCT (Optical Coherence Tomography) mesure l'atteinte des fibres du nerf optique. Puis, le médecin pose ou non le diagnostic de glaucome (destruction de fibres du nerf optique).
Les collyres efficaces dans les deux tiers des cas
L’écart entre l'iris et la cornée est normal. En revanche, le filtre (le "trabéculum") situé entre ces deux parties est obstrué. Il ne peut donc pas drainer correctement le liquide (humeur aqueuse). Afin d'éviter que le nerf optique ne s'altère, un traitement est initié dès que la pression est élevée. Chez l'adulte, un collyre est presque toujours prescrit en première intention : une goutte par jour durant toute sa vie.
Parmi les cinq familles de collyres, deux surtout sont utilisées : les prostaglandines et les bêtabloquants. Un mois plus tard, le médecin évalue les résultats. La pression oculaire n'a pas assez baissé ? Il change de classe de collyre. Ou en ajoute un second. Grâce à ces possibilités médicamenteuses, plus des deux tiers des glaucomes se stabilisent.
Attention : Si la pression oculaire est très forte ou si le diagnostic est posé très tard, les collyres ne seront pas efficaces. Dans ce cas, il faut recourir au laser.
Le laser quand les collyres ne suffisent pas
Cette intervention est aussi proposée quand les collyres sont mal tolérés, contre indiqués (maladies cardiaques, pulmonaires...) ou deviennent inefficaces. L'opération la plus courante, la trabéculoplastie, consiste à envoyer un impact laser sur le trabéculum, ce qui le détend et le rend plus perméable à l’humeur aqueuse. II s'agit d'une intervention indolore et très courte. Elle ne nécessite ni anesthésie générale ni hospitalisation.
Comptez deux séances laser espacées de quelques semaines, nécessaires pour abaisser la pression d'au moins 30 %. Elle peut même redevenir quasi normale. Malheureusement, elle tend à remonter après deux ou trois ans en général. Si le premier traitement laser a donné de bons résultats, on peut le renouveler au moins une fois.
Le risque ? Quasi nul, mais le laser est inefficace dans 25 % des cas en moyenne. Il faut alors envisager la chirurgie. Elle freine la maladie, mais elle est invasive et elle expose à des risques d'infection et d'hémorragie. C’est pourquoi le laser lui est préféré quand il est compatible avec votre glaucome.
En revanche, seule la chirurgie est proposée si la pression oculaire est trop élevée (supérieure à 30 mm Hg) et chez les enfants, car leur trabéculum est insensible au laser. Une visite de contrôle tous les ans permet de faire le point sur l'avancée du glaucome et l'efficacité du traitement.
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Les séances de laser se sont bien passées. J’avais 42 ans quand le diagnostic est tombé. J’ai commencé par un collyre mais, six ans plus tard, j’ai eu une petite hémorragie sur le nerf optique. L’ophtalmologiste m’a alors proposé du laser. J’ai réfléchi avant d’accepter. Finalement, les séances se sont bien passées, j’ai même pu rentrer en voiture juste après. Aujourd’hui, ma tension oculaire est quasi normale, mais je continue le collyre. J’étais très stressée par mon glaucome, et le laser a été une petite rémission ! Du coup, j’y pense moins…
Avec la chirurgie, mon glaucome est sous contrôle. Mon glaucome s’est déclaré au moment de l’arrêt de ma vie professionnelle. Après des essais de collyres infructueux, la chirurgie s’est imposée, car le laser ne fonctionne pas sur les yeux très clairs comme les miens. J’avais très peur ! J’ai choisi l’anesthésie générale, et cela s’est bien passé, sans douleur au réveil. Mais le mois qui a suivi a été difficile, à cause surtout d’une hypersensibilité à la lumière. Brusquement, je me sentais handicapée. Heureusement, tout est redevenu normal, et le glaucome est désormais « sous contrôle », grâce à un suivi médical rigoureux. Au quotidien, j’évite le mascara waterproof, trop tenace pour être enlevé sans crainte d’irriter l’œil opéré.