Les premiers symptômes d’un dérèglement
Fatigue, prise ou perte de poids, déprime, perte de mémoire, sautes d'humeur... votre médecin a dépisté le problème : un dérèglement de la thyroïde. Le dysfonctionnement de cette glande, située à la base du cou, entraîne des symptômes très variés et sans liens apparents. Parfois, on découvre un nodule thyroïdien à l’occasion d'une consultation de routine. Des médicaments rétablissent, le plus souvent, l'équilibre des hormones thyroïdiennes et donc le bon fonctionnement de l’organisme.
Mais, en cas d'échec du traitement médicamenteux, ou encore pour certains nodules, la chirurgie peut être l'ultime solution.
Dan quel cas précis opérer pour un dérèglement de la thyroïde ?
Vous avez un goitre : On doit généralement opérer un goitre volumineux, dont la taille ne diminue pas après traitement médical. Car, outre la disgrâce esthétique, ce goitre risque d'entraîner une gêne pour la déglutition ou la respiration.
Vous souffrez d'hyperthyroïdie : la chirurgie s'impose aussi en cas d’hyperthyroïdie résistant à la prise de médicaments antithyroïdiens de synthèse (ou ATS).
Vous avez des nodules qui grossissent : ce n'est pas parce que la thyroïde contient des nodules qu'il faut nécessairement l'opérer. L'opération ne se justifie que si le ou les nodules continuent à grossir, malgré la prise de médicaments, et si leur diamètre dépasse 3,5 cm. Très souvent, il s'agit de nodules bénins qui peuvent disparaître avec ou sans traitement.
Ces nodules sont plus fréquents chez la femme, et cette fréquence augmente avec l'âge. A partir de 50 ans, une femme sur deux a un ou plusieurs nodules dans la thyroïde. Après 80 ans, pratiquement toutes les femmes en ont. Il est probable que l'apparition de ces nodules corresponde à une forme de vieillissement de la glande.
Par ailleurs, un nodule évoque l'éventualité d’un cancer. Mais ce cancer est peu fréquent, quoiqu'en augmentation. Point rassurant : plus les nodules sont nombreux, moins ils risquent d'être cancéreux. De plus, ce risque diminue si ce nodule est associé à un goitre. Ainsi, le cancer thyroïdien ne se rencontre que dans 2 à 5 % des goitres multinodulaires. Si le ou les nodules risquent d'être cancéreux, il est nécessaire de les opérer.
Comment se passe l’opération ?
Il s'agit d'une intervention délicate qui demande à être pratiquée par des chirurgiens expérimentés.
Le type d'intervention dépend de la localisation et du nombre des nodules. La thyroïde est partiellement ou totalement retirée selon le problème. En cas de cancer, la thyroïdectomie totale est suivie d'une ablation des ganglions du côté du cancer. L'opération est réalisée sous anesthésie générale. Le jour J, vous devez donc rester à jeun.
L’incision est faite à la base du cou, dans un de ses plis, ce qui rendra, par la suite, la cicatrice la moins visible possible. Pour une intervention classique, il faut compter entre deux et quatre jours d'hospitalisation, suivis de quinze jours à trois semaines d’arrêt de travail.
Quelles suites opératoires ?
Le réveil est un peu pénible. Le cou est immobilisé par un pansement.
Douleurs de la nuque : vous pouvez aussi ressentir des douleurs des vertèbres cervicales. Ceci est dû à la position opératoire en hyperextension, la tête rejetée en arrière. Mieux vaut donc prévenir le chirurgien avant l'intervention si vous souffrez des vertèbres cervicales.
Maux de gorge : des douleurs comme celles ressenties lors d’une angine, des difficultés à avaler peuvent survenir pendant un jour ou deux.
Perte de voix ou voix cassée : une perte transitoire de la voix fait partie des risques de cette intervention. Un nerf situé en arrière de la thyroïde, qui commande la motricité des cordes vocales, peut être traumatisé par l'opération et provoquer une voix affaiblie ou bitonale. Il ne faut pas vous en inquiéter car, dans l'immense majorité des cas, cette situation est transitoire. Pour retrouver plus rapidement votre voix, des séances de rééducation auprès d'un orthophoniste sont très utiles.
Manque de calcium : autre inconvénient possible, les glandes, situées à l’arrière de la thyroïde, assurent le métabolisme du calcium. Lorsqu'elles sont touchées, celui-ci ne se fait plus. Il en résulte des fourmillements au niveau des doigts et des contractures musculaires.
Pour compenser ce manque, on prescrit du calcium et de la vitamine D. La carence est généralement transitoire et le taux de calcium redevient normal après quelques mois. De plus, ce type de problème ne se rencontre jamais en cas d'opération d'un seul côté de la thyroïde.
Avant de vous opérer, le chirurgien vous précisera tous ces éventuels effets secondaires, car il a l'obligation de vous informer des risques liés à l'intervention.
Quels examens avant d'intervenir ?
Après examen clinique, votre médecin vous demandera, tout d'abord, de faire une échographie de la thyroïde.
Celle-ci permet de mieux visualiser cette glande, de déterminer sa taille, son aspect et l’éventuelle présence de kystes ou de nodules. Si nodules il y a, il faut en connaître la nature, savoir s’ils risquent d'être cancéreux ou non.
Vous devrez pour cela subir une cytoponction (prélèvement de cellules thyroïdiennes à l'aide d’une fine aiguille), de préférence sous échographie. L'examen est indolore et les résultats sont obtenus sous huit jours. Il s'agit d'un examen très fiable. Le risque de passer à côté d'un cancer est de moins de 1 %.
La scintigraphie thyroïdienne est surtout recommandée en cas d'hyperthyroïdie et comme examen de surveillance, après traitement d'un cancer de la thyroïde.
Après l’opération, quels traitements ?
Lorsque la thyroïde a été retirée entièrement ou partiellement...
- Il est nécessaire de mettre en place un traitement de substitution, généralement à base de lévothyroxine.
- Plusieurs mois sont parfois nécessaires pour stabiliser le niveau des hormones thyroïdiennes dont l’organisme a besoin. Pour faciliter cet équilibrage, les comprimés de lévothyroxine sont dosés de 25 à 200 micro-grammes.
- Un dosage de l'hormone TSH tous les deux mois permet d'adapter le traitement. Dans tous les cas, ces médicaments à base d'hormones doivent être pris à vie,
Le traitement et la surveillance des cancers thyroïdiens sont plus délicats…
- Selon les cas, l’opération peut être suivie d’un traitement par l’iode radioactif dont le but est de "brûler" les cellules ayant pu subsister.
- La prise d'hormones de substitution est également nécessaire.
Des scintigraphies de contrôle sont généralement demandées six mois et un an plus tard, puis à un rythme déterminé au cas par cas.
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