Première nécessité : savoir identifier votre mal
C'est le meilleur moyen de s'en protéger, car très souvent il est difficile de distinguer l'importance, voire le danger de certaines morosités.
Trop méconnues, ces humeurs maussades risquent - si vous n'y prenez garde - de dégénérer en une véritable dépression.
Il peut s'agir d'une simple déprime. C'est-à-dire une sensation de malaise, d'anxiété passagère qui n'affecte pas véritablement votre quotidien. Vous parvenez toujours à travailler, à mener une "vie normale" malgré les quelques symptômes liés à votre anxiété : palpitations, sueurs, tremblements... Rien de très grave, direz-vous : qui n'a jamais connu des épisodes de cafard ? Mais attention, explique le docteur Antoine Lesur, psychiatre, « les sujets qui ont ce genre d'épisodes feront plus facilement de véritables dépressions ». Sans compter qu'il est parfois difficile pour la personne évoluant dans cet inconfort de discerner lorsque le mal devient important ou non.
Temps gris, humeur maussade
Pour ces accès de déprime, les médicaments ne sont pas toujours d'un grand cela est possible : il est également important de trouver l'origine de ces épisodes de déprimes, et éventuellement leur facteur déclenchant.
C'est souvent avec l'un de vos proches, ou peut-être mieux avec un médecin, que vous parviendrez à identifier l'élément responsable. Ces épisodes peuvent, par exemple, survenir lors de certains événements, ou à des dates clés, ou plus précisément juste avant : à quelques jours de la rentrée scolaire ou de certaines fêtes, comme Noël, un anniversaire... Cette déprime survient, en général, chez des sujets particulièrement émotifs. Il faudra aménager votre quotidien pour que ces rechutes ne se produisent pas. Vous devrez adapter votre vie relationnelle, familiale et professionnelle. Dans les cas sévères, il est conseillé d'avoir recours à une psychothérapie.
Il arrive encore que cette baisse de moral dépende de la saison... En effet, l'automne et l'hiver sont propices aux humeurs grises. Leurs manifestations : une fatigue, une irritabilité, une baisse d'entrain, etc. Mais parfois ces signes sont plus importants. Il s'agit, dans ce cas, de la dépression saisonnière, encore appelée par les Anglosaxons : le sad (seasonal affective disorder). Ces personnes sont déprimées, en général, à partir de la mi-octobre jusqu'au mois de mars, Elles deviennent plutôt agressives, mangent et dorment davantage. Elles présentent également d'autres signes de dépression, notamment une fatigue et une lassitude intenses.
Des dépressions saisonnières hivernales sont dues au raccourcissement des jours. Autrement dit, en raison d'un éclairage moins important et moins long. La preuve : des études américaines ont montré que ces troubles sont plus fréquents dans les Etats du Nord que dans ceux du Sud. Cette dépression est encore trop souvent associée à un surmenage, à un stress... alors qu'en réalité le mal provient d'un manque de lumière.
Traitez-vous par la lumière !
Le traitement spécifique du "sad" est la photothérapie. Il consiste à s'exposer régulièrement devant un écran lumineux de forte intensité spécialement conçu à cet effet.
Quant à la prévention, elle paraît également fort simple et présenterait, en outre, l'avantage d'éviter les médicaments. Il suffit de profiter autant que l'on peut de la lumière du jour.
En pratique : faites une promenade quotidienne. Si vous travaillez : aménagez votre emploi du temps pour être dehors, en plein air, à l'heure du déjeuner ; et si cela est possible, installez votre bureau près d'une fenêtre. Allumer tous les halogènes, néons et autres ampoules de toute sorte dans votre appartement ne sert à rien. Leur luminosité est insuffisante et votre note EDF sera élevée... pour rien ! Dans certains cas, il peut être recommandé, d'effectuer quelques séances de photothérapie devant écran. A titre préventif cette fois.
Mais ces pannes de lumière ne sont pas, à elles seules, responsables de toutes les dépressions. Loin de là même ! Elles sont quelquefois liées à une maladie physique. Une affection thyroïdienne, un zona... provoquent bien souvent des troubles psychologiques. Il est alors souvent difficile de discerner les symptômes en rapport avec la dépression et ceux dépendant de la pathologie organique. Ce n'est pas tout : un désordre physique, comme un diabète, par exemple, peut être révélé par des signes de dépression. Dans ce cas, la tâche du médecin n'est pas toujours facile.
Aussi s'efforcera-t-il de bien analyser l'ensemble de ces troubles tant physiques que psychologiques et surtout de les traiter.
Tous ces arguments illustrent combien il faut être vigilant à la santé du corps mais aussi à celle de l'esprit pour guérir, ou éventuellement prévenir, un syndrome dépressif. Lorsque certains signes surviennent et surtout lorsqu'ils persistent, n'hésitez pas à consulter. Vous vous retrouvez figés, prostrés, fatigués, et vous avez perdu tout esprit d'initiative. En plus des troubles de l'humeur, vous manifestez une grande irritabilité et des troubles physiques liés à l'anxiété : palpitations, sueurs, maux d'estomac, etc.
Autre symptôme survenant encore très souvent : une modification du poids, un amaigrissement ou, au contraire, une prise d'embonpoint. Quand ces signes s'installent durant plus de quinze jours, c'est une véritable dépression. Elle peut survenir dans des contextes différents liés à des troubles de la personnalité, ou à un environnement professionnel ou familial défavorable. Reste encore à envisager le cas particulier de ceux qui souffrent de psychose maniaco-dépressive. Ce trouble peut se manifester de façon périodique et il n'est pas rare qu'il y ait des récurrences en automne et au printemps. Le traitement de ces crises se fait le plus souvent grâce à des médicaments : les antidépresseurs.
Mais comment éviter que ces épisodes ne se reproduisent ? Une récidive est en effet toujours possible, même après une guérison totale. Dès les premiers signes, il faut aller consulter sans délai votre médecin qui vous apportera un soutien psychologique indispensable et vous proposera une thérapie adaptée.
Si ces rechutes ont tendance à se rapprocher, on peut envisager un traitement prophylactique. Le lithium est souvent utilisé : il atténue les grandes modifications d'humeur. Les autres médicaments utilisés sont : la car-bamazépine ou un antidépresseur au long cours.
Conseils aux proches
La dépression, véritable épreuve pour le malade, n'est pas non plus chose facile pour les proches et la famille. Comment rassurer, ne pas perdre confiance, éviter de dire le mot qu'il ne faut pas ? Nos conseils en 8 points.
À faire :
- Reconnaître qu'il souffre d'une maladie.
- Admettre qu'il va guérir.
- Le stimuler, mais sans l'énerver.
- Se faire aider par un médecin.
À ne pas faire
- Etre agacé par son manque de volonté.
- Réagir violemment contre sa lenteur
- Vous culpabiliser
- Répondre de façon autoritaire à son irascibilité.
Ce qu’il faut retenir
- La dépression se caractérise aussi par des symptômes physiques : maux d'estomac, palpitations, changement de poids...
- Ne sous-estimez pas un "coup de cafard" qui dure : consultez !
- Certains médicaments (des antihypertenseurs) favorisent la survenue d'une dépression.
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