Constipation : les solutions pour un transit apaisé

Constipation
Du régime à la rééducation en passant par les laxatifs, voici le tour des solutions contre la constipation. Parmi les patients qui consultent pour les voies digestives, quelque 65 à 70 % viennent pour des problèmes de constipation. C’est dire l’importance de ce trouble de fonctionnement de l’intestin.

La constipation : des selles rares

Même si, en pratique, la définition est à modérer - l'histoire des intestins étant avant tout une histoire personnelle -, en théorie on parle de constipation pour un nombre de selles inférieur à trois par semaine. Chez la plupart des sujets, on admet que la fréquence des selles varie en effet de deux par jour à cinq ou sept par semaine.

Lorsque les selles sont rares, le diagnostic est très facile. Il faut définitivement oublier l'ancienne croyance suivant laquelle la stagnation prolongée des matières fécales dans l'intestin serait à l'origine d'on ne sait quel phénomène d'"auto-intoxication". Il s'agit d'une notion complètement erronée.

Les selles du constipé se présentent le plus souvent comme des matières dures, déshydratées, dites surdigérées. Mais il existe aussi de fréquentes constipations à selles molles. Ainsi, sur 75 patients ayant une sensation d'évacuation incomplète (donc s'estimant constipés) 50 avaient des selles dures et 25 des selles molles. Il existe même des selles liquides chez d'authentiques constipés.

De fausses diarrhées : cela peut arriver en cas de constipation

Soulignons d'ailleurs que l'alternance constipation-diarrhée peut arriver. Elle se manifeste par des périodes de quelques jours de selles nulles ou insuffisantes se terminant par de brusques et importantes évacuations liquides durant 12 à 24 heures. Puis le cycle constipation/diarrhée recommence. Cela s'explique par le fait que durant les jours où les selles sont nulles et insuffisantes, les matières s'accumulent dans l'intestin qui s'en débarrasse au bout de quelques jours par une hypersécrétion réactionnelle provoquant des selles liquides.

C'est ce que l'on appelle la "fausse diarrhée" : elle doit être traitée comme une vraie constipation. Il arrive aussi que des personnes pensent être atteintes de diarrhées lorsqu'elles vont plusieurs fois par jour (quatre à cinq fois) à la selle, alors qu'en fait l'évacuation est chaque fois insuffisante. Cela se produit relativement souvent chez les personnes âgées alitées. Là encore, et malgré les apparences, seul le traitement de la constipation est à même de régulariser ce problème de transit intestinal.

Enfin, dans le cas de constipation dite "terminale", due le plus souvent à une hypertonie du sphincter anal (appelée rectale), les matières peuvent stagner dans le rectum et ne pas donner lieu à des évacuations spontanées faciles.

Des examens complémentaires pour diagnostiquer la constipation

Le diagnostic d'une constipation est simple : l'interrogatoire du patient, la palpation de l'abdomen et le toucher rectal suffisent habituellement.

Dans certains cas, des examens complémentaires pourront être prescrits : l'anuscopie (ce qui permet de vérifier la présence ou l'absence d'hémorroïdes), la rectoscopie et la coloscopie. À l'âge moyen de la vie (40-50 ans), la coloscopie est moins indiquée par l'existence de la constipation elle-même que par la nécessité d'un dépistage systématique des très fréquents polypes intestinaux et cancers recto-coliques qui peuvent être des infections tout à fait latentes et longtemps ignorées des patients.

Ces examens sont généralement pratiqués dans les services de gastro-entérologie ou de proctologie.

Différents types de constipation : simple ou avec des signes associés

Il existe trois types de constipation.

  • Tout d'abord, la constipation symptôme. Elle est occasionnée par une maladie qui provoque une obstruction intestinale. Ainsi, à la cinquantaine, par exemple, une constipation peut apparaître brutalement et révéler un cancer du côlon ou toute autre cause organique comme le fécalome (concrétion de matières fécales dans le rectum).
  • Deuxième type : la constipation simple et isolée. Elle débute à l'enfance, à l'adolescence ou à l'âge adulte. Elle est chronique ou ponctuelle. C'est celle de la femme enceinte ou de la femme après l'accouchement, du voyageur, de l'individu sous certains médicaments (antidépresseurs, par exemple), etc.
  • Certaines constipations appartiennent au registre des colopathies fonctionnelles (appelées aussi colites par les patients).

Cette affection est très fréquente puisqu'elle touche 20 à 25 % de la population française (mais aussi anglaise, américaine et australienne). Elle constitue une maladie à part entière qui doit être traitée comme telle.

Il s'agit alors d'une constipation avec signes associés : douleurs intestinales, ballonnements, troubles neurovégétatifs et existence fréquente d'un état anxio-dépressif.

En sus de tous les troubles qu'elle engendre, la constipation a, dans tous les cas, pour risque majeur de créer des complications ano-rectales : hémorroïdes (qui se révèlent par du sang dans les selles), fissures anales (extrêmement douloureuses) et prurit anal. D'où l'importance de consulter.

Les traitements efficaces et adaptés

Ils dépendent, bien entendu, du type de constipation dont il s'agit (avec ou sans signes associés), de sa sévérité et de sa durée dans le temps.

Par ailleurs, il faut savoir qu'aucun traitement ne peut être envisagé sans la preuve faite que l'intestin est anatomiquement normal.

Voici les principaux traitements prescrits dans les cas de constipations simples ou avec des signes associés.

Le régime alimentaire

Si les liens entre troubles digestifs et alimentation existent fortement dans l'inconscient de la personne constipée, ils sont parfois à relativiser. Au risque de devenir un "obsessionnel de l'intestin". Le régime alimentaire ne s'impose avec nécessité qu'en période de souffrance. En temps normal, un régime alimentaire doit en effet rester équilibré.

Il est indispensable de ne pas supprimer tous les aliments que l'on pense, souvent à tort, à l'origine de la constipation : la maladie a en effet d'autres origines. Il importe, en revanche, que le bol alimentaire ait une hydratation (boire 1,5 litre de boisson par jour, nettement plus en période chaude) et un volume suffisants, car à l'instar de la nature, l'intestin a horreur du vide. Le volume des selles représente donc le meilleur stimulant de la motricité intestinale.

Les fibres alimentaires

Présentes dans les fruits, les légumes et les enveloppes de céréales, elles sont parmi les plus recommandées car constituées de polysaccharides (cellulose, hémicellulose et pectine). Elles ont la propriété d'augmenter le volume, le poids et l'hydratation des selles. Donc de stimuler le transit.

Attention cependant à ne pas abuser des fruits et des légumes ! D'une part, ils ne contiennent que 4 % de fibres et, d'autre part, ils sont riches en sucres nocifs pour l'intestin, provoquant gaz et ballonnements. Même recommandation pour le son de blé, il ne doit être absorbé qu'en accord avec un médecin ; sa haute teneur en fibre (45 %) permet un traitement efficace de la constipation mais aggrave aussi souvent les douleurs et ballonnements.

Enfin, les amidons représentent une autre source glucidique de fermentations intestinales. À ceux qui fermentent beaucoup (pain frais, haricots secs, pois cassés, lentilles...), il est plus sage de préférer ceux qui fermentent moins et sont, de ce fait, mieux tolérés : tapioca, pâtes alimentaires.

Les laxatifs

Un laxatif, à condition qu'il ne soit pas irritant, peut être utilisé de façon ponctuelle. Mais en aucun cas il ne saurait constituer la base d'un traitement de rééducation du transit intestinal. Beaucoup utilisent les laxatifs de façon irraisonnée, considérant qu'il est simple de prendre un ou deux comprimés le soir pour avoir une selle le matin.

Mais ces substances ingérées sont souvent nocives par leur agressivité, elles déclenchent de véritables coliques et entraînent souvent des troubles fonctionnels intestinaux. De telles manifestations constituent la "maladie des laxatifs". La plupart des laxatifs irritants sont vendus sous forme de comprimés ou de dragées, ce qui impose de ne les utiliser que le plus rarement possible et avec prudence.

Pour stimuler physiologiquement le transit intestinal, il convient, d'abord, d'augmenter le bol fécal. Pour y parvenir, la meilleure solution est d'avoir recours à des fibres végétales ayant la particularité de ne pas être dégradées par les enzymes bactériennes du côlon. Certaines gommes (sterculia, karaya) ou mucilages extraits de graines (ispaghule, psyllium) vendus dans le commerce sont recommandés parce que non agressifs.

Ils sont à prendre deux à trois fois par jour, à la fin des repas et toujours avec un grand verre d'eau. Il est souvent recommandé de leur associer de l'huile de paraffine (deux cuillerées à café deux fois par jour), qui agit comme un lubrifiant et comporte une action laxative mécanique. Enfin, la lactulose, un disaccharide de synthèse, peut aussi se révéler efficace dans le traitement des constipations tenaces : sa posologie est à adapter en fonction de chaque patient.

Les suppositoires

À condition de ne pas être irritant, le suppositoire est un procédé sans danger et dont l'action souvent positive est essentiellement mécanique. L'utilisation d'un suppositoire à la glycérine - ou à dégagement gazeux - suffit souvent à provoquer la défécation. Utile lorsque persiste, même après traitement de la cause, une difficulté de l'évacuation spontanée de la selle.

Les lavements ou micro-lavements

Ils ne seront utilisés qu'exceptionnellement, lorsqu'il y a risque ou déjà formation de fécalome, après une intervention chirurgicale.

La rééducation

Effectuée dans les centres de proctologie par apprentissage instrumental ou biofeedback, elle sera prescrite pour les formes les plus sévères, en particulier les dyschésies ou spasmes constrictifs de l'anus. Des examens spécialisés (défécographie, manométrie ano-rectale, électromyographie) permettront de préciser la nature et l'importance du trouble.

Les psychotropes

Prescrits sur une durée limitée dans le temps, et associés parfois à une véritable prise en charge, ils donnent de bons résultats dans les cas sévères de colopathies fonctionnelles.

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