Autrement dit, laisser échapper quelques gouttes à l'occasion d'un fou rire peut être considéré comme normal. En revanche, des fuites survenant à l'occasion d'efforts, de besoins impérieux non retenus, de simples changements de position - qui peuvent nécessiter de porter une protection - méritent un avis médical.
Hélas, ce sujet reste encore tabou puisque seulement 50 % des patientes en parlent spontanément à leur médecin. Pourtant des solutions existent. A commencer par une rééducation qui donne de bons résultats, surtout chez les femmes jeunes présentant une incontinence légère. Si, par exemple, l'incontinence ne survient qu'au cours d'efforts importants, la kinésithérapie est en général la solution la plus appropriée. Dix à quinze séances suffiront pour en juger l'efficacité. Des médicaments sont aussi parfois proposés, ils n'apportent pas toujours entière satisfaction...
Quand opérer ?
La décision dépend du médecin, mais aussi de la patiente qui s'estime plus ou moins gênée dans sa vie quotidienne. L'intervention peut être proposée en cas d'échec des autres traitements, ou si le caractère de ces fuites (facteurs déclenchants, fréquence...) paraît majeur. La solution chirurgicale est d'autant plus indiquée que la patiente souffre aussi d'une ptose vésicale ou utérine (« descente » de la vessie ou de l'utérus).
Avant d'opérer, l'urologue examine la patiente et demande quelquefois des explorations complémentaires. Un examen urodynamique permet en quelques minutes de mesurer à l'aide d'une microsonde reliée à des capteurs électroniques la pression à l'intérieur de la vessie et de l'urètre lors de différentes circonstances (remplissage vésical, toux, effort de retenue). Les examens radiologiques sont rares.
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Comment se déroule l'intervention ?
En fonction de la spécificité du problème, différentes opérations peuvent être effectuées. Certaines ont pour objectif de renforcer les supports de l'urètre (conduit par lequel l'urine sort). L'opération la plus souvent pratiquée - et qui dure environ une heure - consiste à retendre ce qui soutient le col (le bas) de la vessie, et l'urètre.
Cette intervention peut être effectuée de façon « classique », par une discrète incision au bas de l'abdomen, ou par les voies naturelles. Les chirurgiens réalisent aussi cette opération sous coeliochirurgie (de petites incisions sont effectuées sur la paroi abdominale pour faire passer de fins instruments et des sondes dont l'une est munie d'un appareil optique).
D'autres techniques chirurgicales sont plus rarement indiquées : elles visent à renforcer le sphincter (l'anneau musculaire), ou parfois même à le remplacer.
Une autre solution consiste à injecter une substance (téflon, collagène, silicone, ou de la graisse) sous la muqueuse urétrale pour renforcer le fonctionnement de contrôle des urines. Le chirurgien peut également placer un sphincter artificiel. Il s'agit d'une petite prothèse interne constituée d'un manchon de silicone implanté autour de l'urètre et relié à un réservoir abdominal par l'intermédiaire d'une pompe placée sous la peau. La manipulation par la patiente de cette pompe permet d'uriner à volonté. Cette opération dure deux heures et est effectuée en dernier re- cours (en cas d'incontinence déjà opérée et qui récidive).
Toutes ces opérations peuvent être réalisées sous anesthésie générale, ou péridurale.
Quelles sont les suites et les résultats ?
Un cathéter péridural peut être maintenu durant deux à trois jours après l'opération pour injecter des analgésiques et éviter la souffrance postopératoire. Les éventuelles complications (rares) sont celles de toute intervention chirurgicale et anesthésie (infection, phlébite...). L'hospitalisation dure de trois à huit jours, en fonction de l'intervention elle-même, de l'état de santé de la patiente, etc. Puis pendant deux mois, la patiente devra éviter les gros efforts, et en particulier de porter des objets lourds.
Dans 80 % des cas, les opérées se disent satisfaites. Elles ne perdent plus leurs urines ou, en tout cas, s'estiment bien améliorées, menant une vie beaucoup plus confortable. En cas d'échec, après un nouvel examen, des séances de kinésithérapie peuvent être proposées, ou une deuxième intervention envisagée.
À retenir sur l’incontinence urinaire
- Plus de tabou ! Si vous souffrez de ce problème, n'hésitez pas à en parler à votre médecin.
- Aujourd’hui les solutions sont nombreuses et les opérations plus fiables qu'auparavant.
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