Une grande majorité de femmes se sentent mal dans leur corps
À peine plus d'une femme sur dix (14 %) aurait aujourd'hui un corps dans lequel elle se sent bien. C'est ce que nous révèle la première enquête scientifique (enquête Ocha/CSA menée en 2018) menée auprès d’un millier de femmes sur le rapport à leur corps.
La conclusion est un peu triste : les femmes ne s'aiment pas et ne se voient pas belles. Serait-ce de là que naît le succès de la chirurgie esthétique qui se banalise d'année en année ? Mais, devant des changements aussi importants qu'un autre nez ou d'autres seins, les patientes sont-elles assez solides pour supporter ces "transformations" ? Disposent-elles d'informations suffisantes pour donner un avis éclairé ?
Mesurent-elles ce qu'engage la volonté de "se changer" ?
Comment savoir ce que l'on veut vraiment ?
Pourquoi désire-t-on changer son corps ? La question mérite d'être posée quandidats à la chirurgie esthétique vont consulter un psychologue ou un psychanalyste avant de se décider et que de nombreux autres restent insatisfaits du résultat et finissent aussi sur le divan pour essayer de "s'y faire"... Et pourtant ces personnes étaient convaincues de faire le bon choix.
Que cache le désir de changer un nez que l'on n'aime pas ? De réduire ou augmenter des seins ? De se vouloir plus jeune ? Quels sont les désirs qui se dissimulent derrière ces "organes" accusés de laideur par une société qui valorise "l'être beau" au détriment de "l'être soi'.
Une seule question : l'image de soi
Décidé à se faire opérer, il est très difficile — voire impossible — de dire de quoi relève son désir de modification. La preuve comme le dit le Dr Maryline Barroco, psychologue clinicienne : « essayez de faire mettre des mots précis pour expliquer et justifier leur envie de se faire opérer à des patientes et vous mesurerez à quel point la demande est étouffée par un matelas de passé et de raisons inconscientes sous-jacentes. »
Pourquoi un matin comme un autre, la décision d'aller consulter un chirurgien esthétique s'impose à nous. Le bistouri, correcteur de blessure narcissique ? Grand effaceur de mauvaise image de soi ? Sûrement pas. La technique ne peut pas changer la perception que l'on a de soi. Le corps désire, mais la tête brouille les pistes.
Il n'y a pas de corps sans tête
La plupart des femmes aiment être dans la séduction. Elles aiment séduire, se sentir aimées. Et pour cela, il faut d'abord s'aimer soi.
Mais souvent, le rapport au corps est conflictuel pour beaucoup d'entre elles. « Elles portent un regard très dur sur leur physique et se fixent des objectifs déraisonnables ! Dans ces conditions, elles ont toutes les chances de se trouver "laide", et de penser qu'une chirurgie pourra tout résoudre, explique le Dr Barroco. II ne s'agit pas de penser que toutes les candidates à la chirurgie esthétique sont "malades". Elles n'ont pas toutes, heureusement, une vision faussée de leur corps. Mais il faut se méfier de celles qui arrivent en se dénigrant de façon excessive, du type "Je suis horrible", "Il faut à tout prix me débarrasser de cette graisse !", "Mes seins sont affreux", "Arrachez-moi ce nez, je ne peux même plus me regarder dans une glace !" « Ces phrases cachent des souffrances profondes que la chirurgie esthétique ne peut prendre en charge. »
En effet, l'insatisfaction est déjà inscrite dans l'approche que ces femmes ont de leur physique. Elles courent après une image qui n'est pas la leur. Il faut apprendre à faire avec un héritage génétique : le corps ne peut suivre les modes car elles changent. Il n'est pas forcément parfait mais il peut être épanoui.
Un entretien psychologique préopératoire ne doit pas être systématique, mais permettrait de faire le point sur la demande. « Pour la pose d'un anneau gastrique, la loi impose une consultation préopératoire avec un psychologue, peut-être que les chirurgiens esthétiques devraient de plus en plus aborder la consultation dans ce sens également... » propose le Dr Barroco. Il ne suffit pas de changer son corps pour modifier la perception que l'on en a.
Donner du sens à l'acte technique
Souvent, une mauvaise image de soi cache un terrible manque de confiance en soi. Les expressions de lassitude face à son physique, dissimulent des douleurs bien plus profondes qu'un simple problème esthétique.
Sa beauté, au-delà de la génétique, se construit sur les modèles qui ont constitué, depuis l'enfance, notre entourage : sa mère bien sûr, son père aussi et d'autres personnes qui peuvent être référents dans l'histoire de chacun. II suffit parfois d'un mot, d'une attitude pour que tout bascule et que nous grande et aider à ce qu'au bout de sa beauté il y ait satisfaction, que l'on choisisse l'intervention ou pas.
3 grandes règles avant de passer à la chirurgie esthétique
S'engager seule
On ne le fait pas pour son conjoint, ni pour son travail, ni pour les autres, quels qu'ils soient. Il n'existe pas de chirurgie esthétique "collective" qui doit satisfaire plusieurs personnes. Elle ne doit plaire qu'à soi. Toute l'énergie de sa décision doit être mise dans sa propre motivation, pas dans la décision des autres.
Pas de quête d'encouragements des amis, pas d'envie de se voir admirée de ses proches.
Se faire opérer est une affaire de rééquilibrage, de réharmonie entre son psychique et son physique. Il s'agit d'un débat à n'avoir qu'avec soi. Si ce débat ne peut avoir lieu, c'est que ce n'est pas le moment de le faire... et cela ne le sera peut-être jamais.
Ne jamais se mentir
Le succès réside dans le fait d'ouvrir les yeux sur sa réalité. Il s'agit de faire face à ce qui nous déplaît puis de décider de le transformer ou l'améliorer. Seule, face à son miroir, il faut se mettre face à ce que l'on considère comme une disgrâce et se poser la question : "Est-ce que cela m'empêche de vivre ? " Si tel est le cas, alors le résultat en vaut peut-être la peine et la démarche esthétique sera la bonne.
Définir clairement son objectif esthétique
Ne pas se dire "Je veux me faire opérer" quand on vient d'accoucher, ou même à la sortie de l'adolescence. Toutes ces périodes sont des moments de crise qu'il faut vivre et régler, mais qui ne sont en aucun cas des périodes idéales pour opter pour une intervention esthétique.
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