Bien cicatriser : étapes par étapes
Souvenez-vous de votre dernière coupure au doigt : le sang coule, mais si seules de petites veines ont été coupées, l'hémorragie va cesser grâce au système de coagulation et une croûte va se former. Dix minutes après, la réaction inflammatoire nettoie la plaie en éliminant l'agresseur (débris de verre...) et les cellules abîmées sur les berges de la coupure. La cicatrisation commence.
LA PREMIÈRE ÉTAPE : consiste à remplir le vide, dû soit aux seules cellules lésées si la coupure est nette et que les berges sont accolées l'une à l'autre, soit à l'espace laissé béant si du tissu a été arraché ou que les berges sont écartées. Pour remplir ce vide, le corps fabrique un tissu provisoire, appelé bourgeon charnu, qui remplace en quelques jours le caillot de sang. Ce bourgeon, constitué de cellules fabriquant du collagène, est fibreux et souple. Il contient de fins vaisseaux sanguins pour assurer une bonne irrigation de la zone en réparation, mais aussi des cellules spécifiques (myofibroblastes).
LA DEUXIÈME ÉTAPE : la quantité de collagène synthétisé augmente et les cellules de la peau se multiplient pour fabriquer un nouveau tissu. Enfin, vers six à dix jours, la plaie se referme. Grâce aux myofibroblastes et à leur étonnante capacité de contraction, les berges de la plaie se rapprochent.
LA TROISIÈME ÉTAPE : le remodelage du nouveau tissu va durer des mois. Les fibres de collagène modifient leur orientation pour épouser les lignes de plus forte tension, comme dans une peau normale. Cette étape est nécessaire pour que la cicatrice devienne la moins visible possible.
LE RÉSULTAT ESTHÉTIQUE : dépend d'abord de l'aspect de la plaie. Plus la coupure est nette et les berges rapprochées, plus la cicatrice sera belle, voire inexistante. Le bourgeon charnu, dans ce cas, est très fin et les nouvelles cellules de la peau peuvent se former et s'organiser avec un minimum de gêne. C'est pourquoi il faut suturer ou agrafer les larges coupures. Important aussi, la localisation de la lésion. Vers l’épaule, par exemple, la cicatrisation peut mal s'effectuer.
Les cicatrices hypertrophiques peuvent être dues à une infection locale ou à la présence persistante d'un corps étranger dans la plaie. Le système immunitaire est sollicité en permanence et la réaction inflammatoire dure.
Le bourgeon charnu est alors excessif et la quantité de tissu fibreux plus importante que la normale. Centaines peaux (surtout les peaux noires) donnent des cicatrices peu esthétiques, appelées chéloïdes. Très dures et boursouflées, elles sont dues à la synthèse exagérée d'un type particulier de collagène.
La cicatrisation peut être ralentie en cas d'infection, de trouble de la circulation ou de mauvais état nutritionnel. Les plus touchés sont les personnes âgées ou celles ayant une mauvaise vascularisation. Dans ce cas, la plaie cicatrise lentement car elle est moins bien alimentée en substances nutritives, en cellules sanguines et en oxygène...
D'autres facteurs peuvent être néfastes à la cicatrisation : obésité, tabagisme, diabète, médicaments immunosuppresseurs... Le corps permet aux tissus de se réparer, mais cette réparation, imparfaite, aboutit à une cicatrice fibreuse plus ou moins esthétique.
Parions que la meilleure connaissance des mécanismes de cicatrisation permettra d'envisager d'importants progrès esthétiques.
Pour bien cicatriser : que faut-il faire ?
- En cas de coupure peu profonde, on désinfecte avec de la Bétadine, ou de l'Héxomédine, ou bien du Diaseptyle. Et on s'assure que l’on est vacciné contre le tétanos (un rappel tous les dix ans). Ensuite, on rapproche les berges de la plaie et on les fixe grâce à des sparadraps (sutures autoadhésives).
- En cas d'écorchure, de plaie avec dermabrasion, il ne faut pas laisser la plaie sécher à l’air libre. La formation d'une croûte risque de gêner la bonne cicatrisation. On place un pansement qui garde localement une humidité (pansement hydrocolloïde).
- En cas de plaie pénétrante, plus profonde, surtout au niveau de la main, l'avis d'un médecin est indispensable, Enfin, trois semaines à un mois après, si la cicatrice est rouge et boursouflée, on peut placer localement une plaque de silicone vendue sans ordonnance en pharmacie.
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