Souvent vécu comme une agression nocturne qui perturbe la nuit du conjoint, le ronflement peut cacher un trouble plus grave : l'apnée du sommeil, qui correspond à des interruptions répétées de la respiration pendant la nuit. Quelques 4 % des ronfleurs seraient touchés par ce syndrome, en majorité des hommes.
Ces apnées sont considérées comme normales lorsqu'elles ne dépassent pas dix interruptions par heure. Au-delà, la qualité du sommeil est altérée et les risques deviennent non négligeables pour la santé.
À l'origine, un passage difficile de l'air
Au fond de la bouche, derrière la langue, l'espace libre est relativement étroit. En dormant, certains organes (voile du palais, luette, base de la langue) se relâchent et s'affaissent. L'air a alors du mal à se frayer un chemin. En passant, il provoque une vibration des tissus, à l'origine du ronflement. Mais lorsque ce passage est trop réduit, il se crée un phénomène de soupape qui empêche l'air de passer dans les poumons. Inconsciemment, le ronfleur inspire plus fortement, ce qui accentue le blocage : c'est l'apnée. Heureusement, ce manque d'oxygénation entraîne un réflexe de survie du cerveau, qui provoque un réveil partiel. Stimulés, les muscles de la gorge se contractent et libèrent le passage.
Fatigue, difficultés à se concentrer…
Maxime, 47 ans, raconte : « J'étais un gros ronfleur. Ma femme s'agaçait d'entendre mes ronflements, au point de mal dormir. J'ai alors consulté un médecin O.R.L. » Le ronflement est le premier signe de consultation. En effet, tout apnéique est un ronfleur. Mais tout ronfleur n'est pas forcément apnéique ! Seul un questionnaire permet de s'orienter vers une apnée du sommeil, qu'il faudra confirmer par la suite.
Même après une bonne nuit de sommeil, Maxime se réveille fatigué et a du mal à se concentrer sur son travail. Des symptômes que l'on retrouve chez 80 % des apnéiques. En effet, ces pauses sont responsables de micro-réveils inconscients qui perturbent les phases du sommeil profond.
Conséquence : des difficultés dans ses activités quotidiennes. C'est d'autant plus dangereux qu'on peut s'assoupir en conduisant.
Un test pour enregistrer le sommeil
Pour confirmer le diagnostic, Maxime passe une somnographie, un test qui enregistre les différentes phases du sommeil et détecte d'éventuelles apnées.
« J'ai effectué ce test chez moi. On m'a placé des électrodes sur le cou, le thorax et le bras. Elles étaient reliées à un appareil qui enregistrait mon sommeil », se rappelle-t-il.
Cette nuit-là, il a fait plus de trente apnées par heure, soit un micro-réveil toutes les deux minutes ! Son médecin lui prescrit alors un appareil qui sert d'assistance respiratoire pendant la nuit. Cette petite machine, appelée ventilation à pression positive continue, pousse l'air dans les poumons.
Cette insufflation forcée lève le blocage à l'origine de l'apnée. Mais Maxime doit porter ce masque toutes les nuits. « En plus, la ventilation faisait tellement de bruit que ça me gênait pour dormir. » Il se résout, après quelques mois, à changer de méthode.
Les avantages de l'opération au laser...
Avec une apnée modérée, un voile du palais très gros et une luette volumineuse, Maxime est le candidat idéal à l'opération au laser YAG. Ce laser permet de "cuire" le voile du palais et la luette, ce qui retend les tissus et libère le passage de l'air. En brûlant les tissus en profondeur, ce procédé agresse moins les muqueuses, qui sont surtout sensibles en surface. Les douleurs sont moindres et durent deux jours, contre quatre avec la chirurgie classique.
En deux séances, Maxime a subi une « retension » du voile du palais et de la luette.
« L'opération dure moins d'une heure. Après la séance, on sort de l'hôpital avec un léger mal de gorge, comme une angine », note Maxime, qui a repris aussitôt son travail. L'absence d'hospitalisation est un gros avantage du laser sur la chirurgie classique. « J'ai eu pendant quelques jours des difficultés à manger à cause du gonflement des tissus de la gorge », ajoute Maxime. Des symptômes post-opératoires qui durent moins longtemps que lors d'une opération classique.
…et ses limites
La chirurgie au laser est impossible dans certains cas. Certaines apnées sont liées à un retranchement de la mâchoire et à une base de la langue volumineuse, qui nécessitent une opération bien plus important. Le laser YAG apporte 60 % de bons résultats. Sinon, les personnes doivent se résoudre à porter un masque. Reste que l'opération au laser YAG coûte environ 220€, non remboursés par la Sécurité sociale. La chirurgie classique, elle, est prise en charge sous certaines conditions.
Trois mois après, Maxime a refait un enregistrement de son sommeil. Bilan : plus d'apnée. Depuis, il ronfle très rarement. Cependant, un bémol subsiste : avec l'âge, les tissus se relâchent et l'apnée revient. Dans quelques années, Maxime devra se faire réopérer ou utiliser à nouveau le masque.
Qui est à risque ?
Les personnes qui ont un voile du palais épais, des amygdales volumineuses, une luette allongée, une cloison du nez déviée ou une mâchoire inférieure peu développée sont plus à risque de ronfler ou d'avoir des apnées du sommeil.
Nos conseils au quotidien
- Ne fumez pas.
- Évitez les boissons alcoolisées, les tranquillisants et les somnifères.
- Gardez la ligne. L'excès de poids réduit la taille des voies respiratoires.
- Dormez sur le côté. La position sur le dos obstrue les voies respiratoires.
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