Mon problème de surpoids remonte à l'enfance…
Mon père, qui m'a élevée, faisait bien à manger, mais sa cuisine était tout sauf nutritionnellement correcte ! Comme, en plus, j'étais souvent livrée à moi-même, je grignotais en dehors des repas, par ennui, sans doute aussi par compensation. Au fil des années, je suis devenue une adolescente très forte.
Je me suis donc résolue à faire un vrai régime, puis un autre. Rien de farfelu, bien au contraire : viande, poisson, légumes... Du grand classique. À chaque fois, j'ai perdu beaucoup de poids. À chaque fois, j'en ai repris davantage. À 29 ans, j'avais franchi les 150 kilos.
Un matin, au réveil ma décision était prise
C'est alors qu'une amie m'a parlé de l'anneau gastrique. Je me suis renseignée sur l'intervention elle-même, sur les chirurgiens qui la pratiquaient, sur son prix, sur les polémiques dont elle était l'objet. J'ai beaucoup réfléchi et un matin, au réveil, ma décision était prise. Voyant ma détermination, mon père a accepté de m'avancer l'argent : 12000 francs à l'époque, soit un peu plus de 1800 e.
Certains ont essayé de me dissuader, sans succès. J'étais sûre de moi. Restait à trouver un chirurgien, le meilleur si possible, qui sache adapter ses consignes à mon propre "cahier des charges".
Moi qui ne mangeais que lorsque j'avais faim, quelle que soit l'heure et le plus souvent par petites quantités, jamais je n’aurais pu, par exemple, me plier à la règle des trois vrais repas par jour ! J'ai trouvé le médecin qu'il me fallait. À la fois clair dans ses explications et conciliant dans ses recommandations.
Comme le prévoit le protocole préopératoire, j'ai rencontré à plusieurs reprises une diététicienne, et un psychologue, pour entreprendre un travail sur l'image du corps et ses futures transformations. Un travail qui, à mon sens, est essentiel tout au long du processus d'amaigrissement, et même au-delà.
J'ai été opérée le 21 novembre 2001. L'intervention, m'avait-on expliqué, consistait à mettre l'anneau en place autour de l'estomac, mais ce n'est qu'après six semaines qu'il serait véritablement serré.
D'ici là, je devais manger "mou" et réintroduire peu à peu les bouchées. Rares sont les cas ou le premier serrage est le bon : généralement, il faut y revenir plusieurs fois avant de trouver un niveau qui soit à la fois efficace et tolérable. J'ai eu la chance d'en faire partie. Peut-être parce que, d'emblée, j'ai suivi les conseils du chirurgien à la lettre : manger peu à chaque fois, par petites bouchées et en mastiquant longuement.
Aujourd'hui, je mesure le chemin accompli
Cela dit, "cohabiter" avec un anneau demande un certain apprentissage. Il faut, par exemple, s’habituer à sentir les aliments stationner dans la partie haute de l'estomac, où ils sont retenus par l'anneau, puis descendre lentement, comme dans un sablier. Parfois, ils passent mal et on se met à saliver excessivement. Ou alors pas du tout, et là, on est obligé de vomir. Cela m'arrive encore, surtout quand je suis très fatiguée ou stressée ou avec certains aliments.
En tout cas, ce sont des contraintes qu'il faut accepter et apprendre à gérer, surtout en public. Au bout des quinze premiers mois, j'avais perdu 80 kilos.
D'autres ont suivi, mais plus progressivement. Autour de moi, les avis étaient partagés. Certains étaient admiratifs ; d'autres semblaient dérangés par cette "nouvelle" Sabine, comme s'ils avaient une autre personne devant eux.
Quant à moi, j'étais évidemment satisfaite, mais pas à 100 %. Je notais les résultats sur la balance, je perdais une taille de vêtements tous les mois, et pourtant, devant la glace, je me voyais toujours grosse. On avait beau me dire que j'étais mince, je n'y croyais pas.
C'est mon psy qui, finalement, m'a ouvert les yeux. Ce problème d'image, très fréquent, semble-t-il, chez les personnes qui perdent autant de poids, demeure aujourd'hui, mais je mesure le chemin accompli. Je pèse 60 kilos, j'ai un chéri que j'adore, un travail de directrice de projet dans le marketing la semaine et un autre de barmaid le week-end. Je vis à 100 à l’heure et j'aime ça
Enlever l'anneau ? Ça me trotte dans la tête, mais je dois d'abord m'y préparer psychologiquement. Autrement, ce serait courir le risque d'anéantir le résultat de huit années d'effort. Et puis, j'ai des choses à faire avant. À commencer par du sport, pour remodeler mon corps. Mon rêve : avoir un coach pour moi toute seule, qui m'entraînerait huit heures par jour !
À lire aussi :