J’ai le nez qui coule, les yeux facilement irrités, mais bon, je suis comme ça ! raconte Nathalie, 32 ans. En revanche, je suis gênée par le regard méfiant, presque désapprobateur de mes collègues quand j'ai des éternuements à répétition ou que je me mouche. Comme si j'avais un problème d'hygiène ou que j'allais leur passer des microbes ! » Nathalie, comme un quart des Français (sondage Sofres), ne considère pas l'allergie comme une maladie.
Les allergies en augmentation
Les allergies sont en augmentation dans la plupart des pays, sans que l'on puisse bien l'expliquer. De plus, un Français sur trois serait allergique, avec des manifestations plus fréquemment respiratoires que cutanées. Mais la moitié des personnes allergiques ne se soigne pas ou ne suit pas correctement le traitement qui lui a été prescrit.
Selon une enquête européenne, 28 % des étudiants seraient atteints de rhinite allergique. « Leur allergie se déclenche souvent au moment de leurs examens (avril, mai, juin). Et ils ont alors tendance à prendre n'importe quel médicament, à n'importe quelle dose, pour traiter leur irritation des yeux et du nez.
Les choses devraient s'arranger pour ceux qui ont recours à l'immunothérapie allergénique, un traitement par désensibilisation progressive qui a fait des progrès considérables encore aujourd'hui et ce, depuis une vingtaine d’années. L’organisation mondiale de la santé la recommande d'ailleurs pour certains cas de rhinites allergiques et d'asthme, en parallèle aux médicaments qui peuvent soigner les symptômes aussi longtemps que nécessaire.
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Perte de goût, d'odorat, insomnie, fatigue...
Même si avoir le rhume des foins n'a rien de grave, la gêne provoquée par une rhinite ou une rhino-conjonctivite (les deux vont très fréquemment ensemble) est importante, physiquement mais aussi socialement puisqu'il est mal vu de se moucher plusieurs fois par heure, d'éternuer à répétition ou d'avoir l'œil larmoyant toute la journée.
Mais ceux qui souffrent d'allergies respiratoires ont d'autres difficultés. Outre les saignements et démangeaisons du nez, qui sont la conséquence de l'irritation de la cloison nasale, et la perte temporaire de l'odorat (anosmie) et du goût (agueusie), ils sont plus souvent fatigués. « Quand on est obligé de respirer par la bouche, l'air ne s'humidifie pas, comme lorsqu'il passe par les fosses nasales. Il est donc plus sec, la bouche se déshydrate, et l'effort musculaire pour faire passer l'air par la bouche est plus intense car il faut mobiliser l'ensemble de la musculature respiratoire.
« Ce n'est pas grave quand c'est une fois de temps en temps, indique Mathilde, 26 ans, mais moi, j'ai le nez complètement bouché presque tout le temps, cela veut dire que j'ai du mal à respirer, à déglutir, et parfois même simplement à parler ! Et, bien sûr, je dors beaucoup moins bien ! »
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Les allergies : Un vrai handicap dans la vie professionnelle
Certains peuvent aller jusqu'à reconsidérer leur orientation professionnelle. « Les lycéens devraient s'assurer qu'ils ne sont pas allergiques au métier qu'ils ont choisi », note Laurence, 34 ans, ancienne chargée de clientèle, qui a dû s'orienter ensuite vers la comptabilité : « Comment voulez-vous exercer un métier de contact quand vous éternuez, que vous avez la gorge irritée en permanence, que vous avez tendance à avoir les yeux irrités ou qui coulent, et que vous devez sortir vos gouttes et votre inhalateur à la moindre alerte... » une allergie peut ainsi influer sur la vie quotidienne. Dominique, chef d'entreprise de 45 ans, avait prévu de déménager sa société dans des locaux jouxtant une clinique vétérinaire.
L'affaire ne se fera pas. « Je sais qu'en raison de la présence inévitable de chats, même à quelques mètres de mes bureaux, j'aurai des démangeaisons, une gêne respiratoire qui, en trente minutes, deviendra crise d'asthme. Mon nez va se mettre à couler abondamment, mes yeux vont gonfler et pleurer... Ces locaux présentaient tous les avantages pour moi, c'est dommage, mais ce n'est même pas la peine d'y penser ».
Comme pour les chats (et autres animaux), faire le ménage ne suffit pas pour venir à bout des particules allergisantes.
Même après nettoyage minutieux ou départ du chat depuis plusieurs mois, une personne allergique peut faire une réaction.
Chez un grand nombre d'allergiques, le sommeil est tellement perturbé que la productivité au travail, mais aussi à l'école, baisse. Plusieurs études ont également montré que parmi les dépressifs se trouvait une proportion importante d'allergiques.
Bernard, un architecte de 40 ans, est allergique aux graminées et aux pollens de plusieurs arbres : « Cela signifie que, pendant presque toute l'année, je me réveille plusieurs fois par nuit, je respire difficilement, je me mouche alors que mon nez est déjà très irrité, cela m'empêche de me rendormir, je m'énerve, et je suis effectivement fatigué le lendemain parce que j'ai mal dormi. Je suis devenu irritable, et je me rends compte que cela affecte la qualité de mon travail. »
Il est temps de faire savoir que l'allergie nécessite une prise en charge sérieuse, et que plus précocement elle sera soignée, plus elle aura de chances, sinon de guérir, du moins d'être nettement améliorée.
Une désensibilisation personnalisée
L'immunothérapie allergénique, ou désensibilisation, est un traitement efficace en cas d'allergies précises, Elle consiste à prendre, par injection ou en gouttes sous la langue (voie sublinguale), des doses croissantes de substances (allergènes) identifiées comme déclenchantes de réactions allergiques. L'objectif est d'accoutumer l’organisme à ces substances.
Le traitement par voie sublinguale offre désormais une présentation plus pratique grâce à un flacon pompe, est préparé spécifiquement pour chaque patient, et délivre la dose exacte de d’allergène identifié par le médecin pour cet individu pour une durée donnée. Généralement long (3 à 5 ans), ce traitement est personnalisé et facile à prendre, car le patient s'administre lui-même, et à la goutte près, la dose prescrite. Cela donne de bons résultats pour un certain nombre d'allergènes.
Des études très récentes menées ont montré que l'immunothérapie dans sa forme sublinguale était également efficace dans l’allergie aux acariens. Jusqu'à présent, seules les injections avaient montré leur efficacité, avec des contraintes importantes puisque la présence d'un médecin ou d*une infirmière est obligatoire pendant 30 minutes après la piqûre.
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