Pour Sylvie, journaliste, l'ouverture d'esprit « passe par la lecture, pour s'ouvrir aux autres ». Pour Pierre, 27 ans, chercheur, c'est « une forme d'intelligence : écouter les, opinions différentes des siennes pour innover. » Selon Juliette, 14 ans : « Que mes parents me fassent confiance », pour Suzanne, 83 ans, « l'absence de conflits », et pour Sophie Boulier, sociologue, «la curiosité ». Si les définitions varient, il est toujours question "d'un rapport à l'autre ou au monde", pour améliorer les relations et ses connaissances.
Mais comment l'ouverture d'esprit apparaît-elle ? Est-elle innée ou le fruit d'une éducation ? Pourquoi certains en sont dotés et d'autres non ?
La réponse est scientifique !
Un triste événement apporte la preuve scientifique d'une zone cérébrale de l'ouverture d'esprit y a plus de cent ans, un ouvrier américain reçoit une barre à mine sur la tête qui lui détruit toute la partie préfrontale du caveau. Pourtant, il ne présente pas de séquelle neurologique après l’accident : son langage, sa vue, son audition et sa motricité sont intacts. Or, chose étrange : il perd sa capacité à s'intéresser à l'autre, à tout ce qui est inconnu. Bref, il n'a plus d'ouverture d'esprit ! Cette découverte est confirmée dans les années 1930.
Pour traiter certaines pathologies mentales, des scientifiques procèdent à des lobotomies sur leurs patients (ils sectionnent certaines fibres qui relient le lobe frontal au reste du cerveau). Les patients perdent toute curiosité intellectuelle.
L'ouverture d'esprit est donc cérébrale et plus précisément préfrontale. Ce qui signifie que « tout le monde possède le potentiel cérébral pour être ouvert. A chacun d'apprendre à le développer en fonction de ses prédispositions culturelles et de sa motivation », explique le Dr Franck Boulanger, comportementaliste.
Une ouverture progressive au monde
Si chaque individu possède le capital ouverture d'esprit" à la naissance, alors comment expliquer le caractère égocentrique du jeune enfant, qui refuse de prêter ses jouets, qui n'est pas sensible aux demandes de ses parents ou aux désirs de ses pairs ?
En fait, l'aire préfrontale n'est pas pleinement efficace dès la naissance, mais se développe pendant les premières années de la vie : de manière intensive jusqu'à l'âge de sept-huit ans (l'âge de raison !), puis progressivement jusqu'à l'âge de 25 ans environ.
Ce qui peut expliquer la violence de certains adolescents, leur forte suggestibilité, ou leur dépendance à la mode. Leur intelligence innovante n'est pas encore totalement mature pour leur pennettre de sortir du cadre, d'innover ou de dépasser certains conflits.
Pourquoi une rigidité mentale s'installe avec l'âge ?
« J'ai du mal à faire accepter certaines idées à Mamie, témoigne Juliette, 14 ans. Quand je lui dis que je communique avec mes copains par ordinateur, elle dit que suis folle !»
Pourquoi certains de nos aînés peuvent-ils se montrer réfractaires au changement ? L'aire préfrontale se détériorerait-elle avec l'âge ? Pas du tout. En fait, l'expérience acquise par un individu avec l'âge peut accroître son sentiment de compétence et ses certitudes.
Devenu moins curieux, il sollicite moins la partie du cerveau qui permet de réfléchir à de nouvelles idées. Conséquences : il est angoissé puisqu'il appréhende un monde en mouvement (avec des changements sociaux ou économiques) de manière rigide et se sent dépassé par des événements qu'il ne comprend pas, puisqu'il ne cherche plus à les comprendre.
C'est bon pour la santé
De même, l'ouverture d'esprit peut être sélective : en fonction de l'environnement (on peut se montrer ouvert envers ses enfants mais faire preuve de rigidité avec ses collègues), mais aussi de ses sentiments (ne dit-on pas que l'amour rend aveugle ?), ou de ses émotions comme la colère et la jalousie. Il est très difficile de fonctionner toujours de manière préfrontale car c'est la dernière zone du cerveau à se mettre en activité dans la perception des événements. Cela demande un entraînement et une volonté. Or, la volonté dépend directement de la motivation à vouloir changer son point de vue !
Pourtant, cultiver son ouverture d'esprit à tout âge peut être riche d'enseignement. Car les bénéfices sont énormes : enrichissement intellectuel, curiosité, meilleure sociabilité, et même bonne santé vont de pair avec une bonne pratique de l'ouverture d'esprit.
Car le stress signe un problème d'adaptabilité de la personne face à l'imprévu. Or, aujourd'hui, on demande une bonne adaptabilité des individus, dans l'entreprise en particulier. Ils doivent s'ajuster en permanence à l'évolution de l'économie et aux innovations. Beaucoup n'y arrivent pas. Ce qui explique l'importance du stress et des maladies professionnelles.
Se perfectionner, c'est possible
Chose incroyable : plus on raisonne de manière ouverte, plus l'aire préfrontale devient efficace. Au quotidien, cela consiste à ne jamais rien considérer comme acquis et à sans cesse remettre en cause ses préjugés. De quelle manière ? En faisant de l'ouverture d'esprit aux gens et aux choses un style de vie et même un art de vivre : par le biais des médias, des discussions entre amis, voisins ou collègues. Et penser que chacun, quel qu'il soit, est dépositaire d'une idée différente qui mérite réflexion.
Mais attention : se montrer curieux de tout et de tout le monde, c'est bien, à condition aussi de prendre le temps de s'approprier ces nouvelles idées pour se faire son propre jugement. Car le "libre-penseur" n'est pas influençable, bien au contraire. C'est une personne assez sûre d'elle pour risquer de remettre en cause ses idées… uniquement si elle le juge nécessaire !
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