En 1980, 8,5 % des accouchements étaient déclenchés, ce qui veut dire qu'un accouchement sur 10 environ était "facilité". D'après les derniers chiffres datant de 2016, ce taux est passé à presque 23 %, soit près d'un accouchement sur quatre. C'est davantage dans certains établissements, ou plus d'un accouchement sur deux est déclenché.
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Pour répondre à ceux qui disent que ces bébés sont en moins bonne santé, pas finis, non pourvus de toutes leurs défenses... et même que cela modifie leur destinée puisqu'il n'était pas prévu qu'ils naissent ce jour-là : voici le point sur les conséquences sur cette pratique de plus en plus répandue.
Le déclenchement pour des raisons de "confort"
Agnès a 29 ans, elle est enceinte de 8 mois et demi de son deuxième enfant.
"Quand j'ai accouché de mon premier bébé, cela a été une vraie panique : J'ai perdu les eaux dans un magasin en pleine après-midi, mon mari était en déplacement pour son travail. Il n'est arrivé que le lendemain de la naissance de son fils ! Cette fois-ci, je veux qu'il soit là. En plus, je trouve le neuvième mois franchement long ! Je me sens lourde, je n'arrive plus à dormir et mon médecin m'a dit que le bébé était déjà bien gros. Je vais le voir très régulièrement ; il m'a dit que dès que le col serait un peu ouvert, il était d'accord. »
Le cas d'Agnès est devenu monnaie courante. Les déclenchements sans indications médicales, dits "programmés", ont doublé au cours de ses trente dernières années !
Mais pour beaucoup de femmes, programmer son accouchement c'est aussi :
- être rassurée,
- avoir accès immédiatement à la péridurale ;
- être sûre que toute l'équipe sera sur place (quelle angoisse que d'accoucher la nuit, un jour de grève ou en plein mois d'août !).
Et puis reconnaissons-le, cela arrange aussi bien des médecins : pas facile d'assurer une consultation difficile et d'avoir deux patientes qui accouchent en même temps.
Faut-il s'en choquer, s'en inquiéter ? Voyons, les raisons médicales.
Déclencher l’accouchement pour des raisons médicales
Anne a 36 ans. Elle vient d'avoir son troisième bébé et raconte ce qui s'est passé :
« Cette grossesse s'est merveilleusement bien déroulée. Nous avions déjà deux filles et nous attendions un petit garçon. Tout allait bien. La naissance était prévue pour le 8 décembre. J'ai abordé ce mois-là dans un état d'excitation totale. Tous les jours, j'étais sûre que c'était le bon. Mais le 8 décembre est arrivé et je n'avais pas l'ombre d'une contraction vraiment sérieuse.
Ensuite, les jours ont tous compté double. J'appelais mon médecin sans arrêt, j'étais persuadée que mon bébé vieillissait dans mon ventre, c'était une sensation très bizarre et désagréable.
Au bout d'une semaine mon médecin a décidé de déclencher l'accouchement. Cela a été un peu long mais tout s'est bien passé. Et il était temps, mon bébé avait des ongles très longs et il était couvert de poils ! Depuis, tout cela est oublié. »
On déclenche pour raisons médicales parce qu'il existe :
- Un risque pour la mère : hypertension artérielle sévère, maladie du foie ;
- Un risque pour le bébé : dépassement du terme (c'était le cas d'Anne), rupture prématurée de la poche des eaux, bébé de petit poids ayant arrêté sa croissance, malformation du bébé, souffrance...
- Ou pour les deux lorsqu'il y a risque d'hématome rétroplacentaire.
Enfin, dans certains cas, les raisons semblent moins impératives mais il y a intérêt à déclencher pour améliorer la prise en charge à la naissance : grossesses gémellaires, hypertension artérielle modérée ou encore diabète de la mère. Ces déclenchements-là n'ont que peu augmenté ces dernières années (proportionnellement aux autres).
Mais même si de telles indications ne sont pas contestables, le déclenchement inquiète encore parfois.
Pour éviter de potentiels risques supplémentaires
Y a-t-il des inconvénients ou, pourquoi pas, des avantages à déclencher certains accouchements quand aucune raison ne s'impose, et quelle est la meilleure technique pour le faire et les conditions qui devraient être réunies ?
La conclusion des experts est précise. Il n'y a aucun bénéfice à réaliser ce genre de déclenchement. Les études réalisées ne montrent aucune réduction des complications chez la mère et chez le fœtus. On observe même que les contractions sont plus intenses et les forceps davantage utilisés.
Cela dit, ce déclenchement "programmé" ne semble pas exposer la mère ou son enfant à des risques supérieurs à ceux du travail spontané. Mais cela est vrai à une condition : que l'on respecte certaines consignes.
Comment cela se passe-t-il ?
Quand il s'agit de déclenchements "programmés" et que les conditions locales sont favorables, le médecin va poser une perfusion (qui restera en place durant tout l'accouchement) d'une substance le souvent de l'ocytocine - qui provoque les contractions.
L'avantage de cette technique est que l'on arrête très vite l'effet du produit lorsque l'on stoppe la perfusion. On associe également une rupture de poche des eaux, si elle n'a pas lieu spontanément, ce qui accélère le travail.
Le médecin et la sage-femme surveillent le rythme du cœur du bébé et l'intensité des contractions pour vérifier que celles-ci ne sont pas excessives, ce qui pourrait le faire souffrir. II est vrai que certaines femmes trouvent de ce fait que leur accouchement est très médicalisé. Mais c'est à ce prix que l'on est arrivé à obtenir une grande sécurité à l'accouchement, moment de la vie d'une femme qui n'est jamais dénué de risques.
Quandines que l'on applique à l'intérieur du col. Ensuite on peut se contenter d'appliquer ce gel dans le vagin pour déclencher des contractions.
Dans les situations intermédiaires, on peut appliquer aussitôt le gel de prostaglandines dans le vagin. L'avantage, là, est qu'évidemment la femme peut se déplacer.
Ajoutons que tous ces accouchements peuvent être faits sous anesthésie péridurale qui est alors mise en place dès le début des contractions utérines.
Quand peut-on déclencher l’accouchement ?
II n'est pas question créer médicalement des prématurés, ce qui pourrait être lourd de conséquences : On ne doit pas déclencher un accouchement sans raisons médicales avant 39 semaines d'aménorrhée (soit 37 semaines de grossesse).
- II faut que, localement, les conditions permettent, c ' est-a-dire que le col soit "mûr" déjà en partie ouvert. Si l’on respecte bien ces conditions, parfois l’accouchement déclenché ne précède que de quelques jours l’entrée en travail.
Bien des femmes accouchent spontanément la veille du Jour pour leur déclenchement.
Des médecins émettent des réserves
S'il semble que la plupart des obstétriciens, des sages-femmes et des anesthésistes voient un avantage au déclenchement des accouchements, il apparaît que certains pédiatres sont réservés.
Ils demandent que des études soient réalisées pour conforter certaines de leurs "impressions".
En l'occurrence, il leur semble que les bébés nés par déclenchement présenteraient plus de pathologies. Cette "impression" n'a pas été mise en évidence par les diverses études menées sur la question mais il est vrai qu'elles se sont toutes intéressées aux problèmes graves.
De plus il est demandé que des études soient menées pour apprécier de façon beaucoup plus fine les résultats pédiatriques, notamment en ce qui concerne le comportement alimentaire et relationnel de l'enfant.
D'autres personnes souhaitent également que des études soient faites afin de déterminer les conséquences psychologiques du déclenchement artificiel du travail... chez les mères cette fois.
Et les femmes, qu'en pensent-elles ?
On ne peut nier que ces accouchements pour des raisons de convenance concernent dans notre pays une femme sur sept, ce n'est pas rien ! Or, une enquête réalisée auprès de 200 femmes entre la 34e et la 36e semaine de grossesse montre que la plupart d'entre elles connaissent ces déclenchements et y sont favorables. 72 % pensent même qu'ils raccourcissent la période d'accouchement. Mais 44 % croient qu'ils le rendent plus douloureux que s'il est spontané.
Quant à la façon dont on contrarie les astres de son bébé : "L'important est le moment où le bébé pousse son premier cri en dehors du ventre maternel ; que ce moment ait été décidé ou soit venu de lui-même." Et qui peut d'ailleurs dire que ce déclenchement n'était pas prévu dans la destinée de cet enfant ?
Qui est responsable ?
La responsabilité de la décision du déclenchement est entièrement assurée par le médecin. La surveillance est effectuée sous la responsabilité conjointe de la sage-femme et du médecin de la salle d'accouchement.
Tout est prévu médicalement :
- Tenue d'un dossier avec suivi de grossesse et datation précise.
- Indispensable consentement éclairé : Le médecin doit tout expliquer à la femme, avant, de la façon dont se déroule ce déclenchement et risques éventuels.
- L’indication est clairement reportée dans le dossier par écrit.
- Au moment du déclenchement, le médecin réévalue les conditions locales, surtout en cas de déclenchement pour indications non médicales.
- Les moyens doivent être suffisants et conformes tant en matériel qu’en personnel médical et paramédical.
- La technique de déclenchement et la surveillance sont transcrites sur le dossier.
- L'obstétricien responsable du déclenchement doit s’enquérir lui-même régulièrement du déroulement du travail, au moment de l’accouchement et dans les suites immédiates.
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