Attendre un enfant est souvent une joie, ponctuée de changements physiologiques plus ou moins marqués. Mêmes minimes, ils gâchent parfois un peu ces neuf mois, surtout quand l'entourage n'y est pas réceptif. Tout cela fait de la grossesse une période à part, qui peut fragiliser la future mère. Comment vivre sa grossesse bien dans sa tête ? D'abord en n'ayant pas peur de ses émotions, forcément intenses.
Une hypersensibilité est naturelle
Chaque grossesse est une expérience personnelle, unique... Certaines femmes la vivent mieux que d'autres. Il faut dire que l'archétype de la future maman tout en rondeurs et épanouie a de quoi donner des complexes.
La femme enceinte renvoie une image de plénitude qui n'est pas forcément ce qu'elle vit. Cela dépend beaucoup de l'histoire de chacune, de ses antécédents personnels, familiaux, du rapport à son corps des circonstances de survenue de la grossesse.
Pourtant, l'hypersensibilité, les crises de larmes, les nausées, les troubles du sommeil, les crises d'anxiété, les cauchemars, les phobies surviennent dans la plupart des grossesses.
Mais les gens pensent que les femmes attendant un bébé n'ont rien d'autre à demander et surtout pas à se plaindre. De quoi culpabiliser les futures mamans en leur laissant penser qu'un mal-être, passager ou pas, est une anomalie. On leur dit qu'elles devraient être heureuses, or elles ne le sont pas toujours. La grossesse peut raviver des problèmes enfouis, des épisodes familiaux passés, renvoyer à sa propre enfance, à des souvenirs pénibles dont les femmes, sinon leur couple, aimeraient se préserver.
Si vous êtes enceinte, sachez que l'émotion signifie quelque chose, maintenant à vous de savoir ce que vous voulez en faire.
Quand les futurs parents ont de bonnes relations avec les leurs, aborder avec eux leur enfance, la grossesse de leur mère ou de leur fratrie peut calmer les angoisses. Si les rapports sont conflictuels, l'aide d'un psychologue est une alternative.
« En tant qu'accoucheur, je reste très attentive au fait que quelque chose d'enfoui peut ressortir au cours de la grossesse et gêner les relations avec le bébé après l'accouchement », souligne Evelyne Petroff dans son ouvrage "Carnet d’une obstétricienne". Je trouve dommage que la femme, encombrée de ces souvenirs douloureux, rate cette première étape avec son bébé. »
Elles sont l'objet de jalousies diverses
Si dans des familles ou cercles amicaux, la grossesse est annoncée, célébrée, accueillie avec bonheur, ce n'est pas toujours le cas, notamment au travail. Pour vivre une grossesse sereine, mieux vaut se protéger de ces agressions extérieures, révélatrices de la phobie et des angoisses des autres plus que des siennes propres.
Les femmes enceintes ont parfois le sentiment que leur ventre est un "punching-ball". Elles suscitent des commentaires de toutes sortes, des récits d'accouchements catastrophiques notamment. Pas très rassurant, alors que le fait d'être enceinte nous met déjà les nerfs à fleur de peau !
Ces agressions sont l'expression d'une rivalité inconsciente : Certaines femmes éprouvent de la jalousie à l'égard de celle qui va avoir un bébé, même si elles sont déjà mamans.
La femme enceinte, par sa capacité à donner la vie, nous rappelle que nous sommes mortels. Elle rappelle aussi forcément que le bébé est le fruit de l'amour entre deux êtres. Et c'est souvent insupportable pour les autres, qu'ils soient hommes ou femmes.
Les femmes enceintes doivent comprendre que les gens qui les agressent parlent en réalité d'eux-mêmes et non pas d'elles. Si cette prise de conscience ne se fait pas, en discuter avec des sages-femmes, dans le cadre des préparations à la naissance, peut calmer leur angoisse. Les sages-femmes sont capables de cette empathie qui permet aux femmes de mieux supporter ce qui leur arrive.
La femme enceinte ne doit pas, en tout cas, s'arrêter à ces manques d'attention dans son entourage familial et social. Elle doit plutôt chercher ailleurs le soutien qui lui manque, auprès de son conjoint, de ses amis ou d'une équipe médicale par exemple.
Les futures mamans doivent se faire confiance
Plus de 90 % des grossesses sont normales et mènent à des accouchements normaux. Les statistiques devraient rassurer. Pourtant, presque paradoxalement, plus le suivi de la grossesse est médicalisé, plus il angoisse.
Pour le gérer, certaines maternités prônent une éducation à la santé et ont mis en place des réunions mensuelles de dix personnes pour expliquer la finalité de l'échographie ou d'une amniocentèse - des actes anxiogènes pour les futurs parents. Lors de l'échographie morphologique précoce, le médecin cherche des anomalies, tandis que les parents tentent de voir leur enfant. Les mots de l'échographiste peuvent créer des malentendus. « L'enfant est gros » peut se traduire par l'idée que l'accouchement sera difficile. Mieux vaut poser toutes les questions, plutôt que d'extrapoler des réponses.
Néanmoins ces angoisses sont utiles pour "se construire" en tant que parents. Elles poussent à réfléchir à l'avenir de l'enfant et signifient que l'on se prépare à être mère avant même d'accoucher. Cette inquiétude-là est une appréhension naturelle que connaissent les parents à chaque étape de la croissance de leur enfant.
Faites-vous confiance, et faites confiance à votre enfant, parce que le bébé est un moteur. Il pousse à réaliser des choses que l'on se croit incapable de faire !
Petits soucis ou grands stress
- Les symptômes courants du premier trimestre sont les malaises, les nausées, les envies soudaines, les troubles du sommeil - de l'hypersomnie (envie et besoin de dormir) à l'insomnie. S'ils deviennent handicapants, consultez le médecin.
- Les trois premiers mois écoulés, il n'y a plus de doute sur l'avenir de la grossesse, qui pouvait sembler abstraite avant. De "Je suis enceinte" la femme se dit "Je vais avoir un enfant". Cette prise de conscience peut entraîner des interrogations, parfois cause d'anxiété. Se confier à quelqu'un de "bienveillant", une amie, un parent, un soignant… permet de rationaliser ces angoisses et de profiter au mieux de sa grossesse.
- Le troisième trimestre peut être marqué par de l'anxiété, des troubles du sommeil, des phobies : angoisse de la déformation du corps, inquiétude pour le bébé (bouge-t-il normalement En parler est un moyen de les comprendre et de les évacuer.
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