L'apprentissage de la propreté est long et se fait par étapes. On considère, en général, que la propreté diurne est acquise vers l'âge de deux ans et nocturne entre l'âge de trois ans et trois ans et demi. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a plus d'accidents ponctuels durant le sommeil. C'est pourquoi on ne parle d'énurésie qu'à partir de l'âge de cinq à six ans.
On en distingue deux types d’énurésie
L’énurésie nocturne primaire isolée, la plus fréquente car elle concerne 80 % des cas, touche des enfants n'ayant jamais été propres la nuit. Elle se caractérise par une miction involontaire survenant pendant le sommeil, sans autre symptôme mictionnel dans la journée. De sa fréquence dépend sa sévérité entre trois et cinq accidents annuels on parle d’énurésie mineure ; de un par mois à un par semaine, de trouble modéré, et sérieux au-delà. Environ 66 % des enfants énurétiques mouillent leur lit une fois par mois et 37 % une fois par semaine.
L’énurésie secondaire, bien moins courante, survient chez des enfants ayant déjà été propres pendant au moins six mois. Elle se déclenche suite à un choc psychologique (divorce des parents, décès d'un proche, naissance mal vécue d'un petit frère ou d'une petite sœur...).
Qui est concerné ?
En France, 10 % des enfants de cinq à dix ans souffrent d’énurésie primaire isolée, dont plus de 11 % parmi ceux de cinq à sept ans. Elle concerne plus fréquemment les garçons que les filles, et tout particulièrement les aînés. L'hérédité est également à prendre en compte : le risque d'énurésie est de 40 % quand les deux en ont été atteints.
Autre facteur favorisant : l'obstruction des voies aériennes supérieures (nez, gorge, oreille). Il suffit, chez certains enfants, de les opérer des végétations pour voir le symptôme complètement disparaître.
Deux causes principales pour expliquer cette énurésie : certains enfants ont une trop grande production d'urine pendant leur sommeil, alors que normalement, grâce à la sécrétion nocturne d'hormone antidiurétique (ADH), la production d’urine est nettement moins élevée la nuit que dans la journée. D'autres ont une vessie très petite par rapport à leur âge. Très rarement, on rencontre des enfants souffrant de contractions anarchiques de la vessie pendant le sommeil.
Personne n'est coupable
Actuellement encore, l'énurésie apparaît pour beaucoup de parents comme un problème tabou. Ils préfèrent penser que « ça passera tout seul avec le temps ». D'ailleurs, plus de 30 % des mères dont l'enfant souffre d'énurésie primaire isolée ne consultent pas pour ce problème.
Il n'y a pourtant aucune raison de culpabiliser. L'énurésie nocturne primaire isolée n'a pas de cause psychologique. C'est une question d'immaturité des fonctions du sommeil et de la vessie.
Les parents ne doivent pas tenir leur enfant pour responsable. 8% des mères font changer les draps mouillés à leur enfant "pour lui apprendre" puisque, apparemment, cela ne le gêne pas et 7% le grondent.
Si les parents ont très souvent l'impression que leur enfant se fiche complètement de faire pipi au lit, c'est entièrement faux. Il donne en fait ce sentiment, car il se sent coupable par rapport à ce que ses parents attendent de lui.
Vie sociale et scolaire gâchées
La quasi-totalité des mères dont l'enfant souffre d'énurésie nient les conséquences de ce trouble. Pourtant, près de la moitié des enfants énurétiques affirme être contrariés et affectés dans leur vie sociale. Ayant souvent perdu l'estime d'eux-mêmes, ils développent une anxiété, une culpabilité ou une opposition. Leurs contacts avec leurs copains de classe sont réduits, la plupart ne voulant pas dormir en dehors de chez eux, au cas où... Du côté des mères, ces dernières sont gênées de demander aux parents de prévoir une alèse pour leur enfant.
Ils connaissent des difficultés dans leur vie scolaire, avec souvent de moins bons résultats que leurs copains. Des répercussions confirmées par plus de 60 % des enseignants et médecins scolaires.
Il faut oser en parler
Beaucoup de parents pensent que l'énurésie de leur enfant passera avec le temps. Or, on constate seulement 14 % de guérison spontanée entre cinq et neuf ans. D’où l’importance de consulter un médecin vers l'âge de cinq-six ans. Après un examen clinique complet, le praticien devra bien expliquer à l'enfant et à ses parents le fonctionnement de l’appareil urinaire et, dans le cas présent, de son immaturité responsable de l’énurésie. Cette information est importante, elle permet à l’enfant et à ses parents de ne pas se sentir coupables. Avant de proposer un traitement, il est primordial de s'assurer de la motivation de l'enfant... et de ses parents. Leur coopération active est absolument nécessaire.
Un traitement efficace contre le pipi au lit
La prise en charge de l'enfant énurétique doit être globale.
Alimentation : il faut conseiller à l'enfant des règles hygiéno-diététiques répartir les boissons dans la journée afin de pouvoir les restreindre à partir de la fin d’après-midi. Beaucoup d'enfants ne boivent pas dans la journée, à l’école, mais seulement à partir de 16h30, lorsqu’ils rentrent chez eux.
Hygiène de vie : l'enfant doit penser à aller aux toilettes régulièrement (environ six fois par jour) et impérativement juste avant de se coucher. Il doit éviter de porter des couches la nuit.
Médicaments : il s'agit principalement de prescription de desmopressine, une hormone synthétique qui permet, la nuit, de fabriquer de l'urine concentrée, et donc de moins remplir la vessie. Avant elle était proposée en spray nasal, ce qui avait plusieurs inconvénients : en cas de rhumes, fréquents chez l'enfant, son efficacité était diminuée. Le produit devait également être conservé au réfrigérateur, d'où la difficulté de l’emporter chez un copain, en week-end... Il se présente maintenant sous la forme de comprimés, ce qui rend son utilisation beaucoup plus simple. Grâce à cette présentation, l'enfant peut facilement emporter son traitement partout avec lui et de manière discrète.
Suivi psychologique : il permet à l'enfant de parler de son problème et d'essayer de comprendre pourquoi il fait pipi au lit. C'est aussi pour lui un soutien extérieur. Quel que soit le choix du traitement, l'énurésie se soigne bien. Il serait donc dommage de laisser le problème perdurer par négligence, ou par honte d’en parler au médecin ou au psychologue...
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