L’asthme chez l’enfant : une maladie en hausse constante
En France, plus d'un million d’enfants et d'adolescents ont de l'asthme, « soit 8 à 10 % des élèves scolarisés de la maternelle au lycée », précise le Dr Valette. C’est la première maladie chronique de l'enfance. Elle n'a cessé d'augmenter ces dernières années, tant en fréquence qu’en gravité. Malgré son accroissement, cette affection inflammatoire et chronique des bronches reste encore sous-diagnostiquée. L'évaluer de façon précise chez l'enfant est donc très important, afin de mettre en place un traitement de fond bien adapté.
Celui-ci repose principalement sur trois types de médicaments efficaces, s'ils sont pris correctement : les corticoïdes, les bêta 2 mimétiques et les antileucotriènes. Il peut être associé à un traitement de fond homéopathique.
On peut compléter l'action du traitement médicamenteux en agissant sur l'environnement, et notamment les sources de pollution à l'intérieur de la maison. Il n'est pas question de tout éliminer chez soi. En revanche, on peut adapter sa maison ou son appartement pour le rendre moins allergisant pour son enfant.
Non au tabac dans toute la maison !
C’est le plus grand des polluants. Il est à bannir dans toutes les pièces de la maison, ainsi que sur le balcon ou la terrasse, un pied dehors, un pied dedans, pour continuer à discuter ou entendre les enfants ! Le tabagisme passif a d'importantes répercussions chez l'enfant asthmatique : le risque et l'intensité des crises d'asthme sont augmentés de 14 % quand le père fume, de 28 % quand il s'agit de la mère et de 52 % quand les deux parents sont fumeurs.
Aérer tous les jours
Il est important de renouveler l'air respiré dans la maison. Pour plusieurs raisons : aujourd'hui, les maisons et les appartements sont souvent plus chauffés et de mieux en mieux isolés, l'air a donc tendance à y être confiné. Plus on est nombreux à vivre dans une maison ou un appartement, plus on favorise le développement de l'humidité. Sans oublier la présence fréquente d'animaux domestiques, comme les chats et les chiens, qui produisent des allergènes.
Que faire ?
- Ouvrir les fenêtres de chaque pièce 10 à 15 minutes par jour, 30 minutes dans la chambre de l'enfant asthmatique. Idéalement, il devrait dormir avec la fenêtre entrebâillée.
- Ventiler en grand après avoir passé l'aspirateur, dépoussiérer les meubles, etc.
- Ne jamais condamner les bouches d’aération ou la ventilation mécanique contrôlée (VMC), et les entretenir très régulièrement.
Animal domestique : à choisir sans poils ni plumes !
Le chat, à travers sa salive et ses poils, représente un allergène puissant : 25 à 30 % des enfants asthmatiques y sont allergiques. D’autres animaux peuvent également provoquer des réactions allergiques : chien, hamster, cochon d'Inde, lapin, chinchilla, furet, cheval... Mieux vaut donc préférer ceux qui n'ont ni poils ni plumes comme le poisson ou la tortue.
Que faire ?
Les allergologues conseillent aux parents de s'en séparer (ce qui est appliqué seulement dans 20 % des cas). Il faut savoir que les réactions allergiques de l'enfant ne cesseront pas immédiatement. Il faut environ six mois pour ne plus trouver chez soi d'allergènes de chat, car ils sont très résistants et restent fixés longtemps sur les tissus, les vêtements ou les moquettes.
Quand il s'avère très difficile pour l'enfant de quitter son animal, on peut trouver des alternatives plus ou moins efficaces. En maison, le chat peut rester dehors. En appartement, il faut lui interdire la chambre de l'enfant et demander à ce dernier de se laver les mains à chaque fois qu'il caresse son animal.
On peut également utiliser un purificateur d'air ou un aspirateur équipé d'un filtre HEPA, qui réduit de façon conséquente les concentrations d'allergènes.
Autre solution qu'en général le chat apprécie peu : le laver toutes les semaines, pour éliminer ses substances allergisantes.
Dans la cuisine : une cuisinière électrique plutôt qu'à gaz
Plusieurs études montrent que les cuisinières à gaz augmentent le risque d'asthme chez l'enfant. Effectivement, dès leur mise en marche, le taux de dioxyde d'azote passe, en moins d'une demi-heure, de 20 à 30 g par m3 à plus de 9 000 g par m3.
Autre souci : les blattes, qui provoquent des crises d'asthme dans 2 à 3 % des cas.
Que faire ?
- Si on possède ce type de cuisinière, éviter que l'enfant se trouve dans la pièce quand on prépare les repas, penser à ouvrir la fenêtre pour ventiler la pièce.
- Préférer, lors d'un prochain achat, une cuisinière électrique ou des plaques vitrocéramique.
- En cas de blattes, prévenir la mairie ou le syndic de l'immeuble, afin de faire venir le service de désinfection pour traiter tout l'immeuble.
Dans la salle de bains : prévenir l'humidité
Dans cette pièce, l'enfant asthmatique est confronté à deux problèmes : l'humidité, qui se produit à chaque fois qu'il prend un bain ou une douche, et l'utilisation, le plus souvent par sa mère ou encore sa grande sœur, de produits cosmétiques comme les dissolvants ou les bombes aérosol (laques) qui sont irritants pour les bronches.
Que faire ?
- La salle de bains possède une fenêtre, la laisser entrouverte lors de la toilette de l'enfant. Sinon, utiliser la ventilation pour éviter la condensation.
- Entretenir les joints du carrelage, afin d'éviter l’apparition de moisissures qui peuvent être allergisantes. On peut également nettoyer avec de l'eau de Javel.
- Eviter l'utilisation de cosmétiques lorsque l'enfant est dans la pièce (la laque), ou en utiliser une en flacon pulvérisateur à main.
Mobilier : éloigner l'enfant des cartons
Les meubles neufs, surtout ceux en bois aggloméré, émettent des composés organiques volatiles (c'est ce qui leur donne cette odeur caractéristique). Ils peuvent provoquer, les six premiers mois, une inflammation des bronches. Tout comme l'utilisation de peintures, vernis et colles.
Que faire ?
- Eviter de déballer les cartons des meubles à proximité de l'enfant (ou de repeindre une pièce, vernir un meuble, ou vitrifier le parquet en sa présence).
- Penser à ventiler davantage la pièce pendant quelque temps.
Dans sa chambre : traquer les acariens
On estime qu'environ 70 % des enfants asthmatiques sont allergiques aux acariens. Ces petites bêtes mesurant moins d'un millimètre aiment la chaleur (environ 25°) et l'humidité (entre 60 et 70 %). On les trouve principalement dans le lit de l'enfant, où ils se comptent par millions dans le matelas, dans la moquette et un peu dans les peluches.
Que faire ?
- Aspirer et aérer souvent le matelas.
- Préférer un sommier à lattes ou à ressorts plutôt que tapissier.
- Opter de préférence pour un oreiller et une couette en matière synthétique et les laver une fois par trimestre.
- Laver chaque semaine les draps à la machine, à une température supérieure à 60° afin de tuer les acariens.
- Si nécessaire, investir dans une housse de matelas anti-acariens. Attention, pour une housse de qualité, le prix est élevé : plus de 70 euros pour un lit une place.
- Laver les peluches régulièrement à 30 ou 40°, l'action mécanique élimine les acariens et les allergènes.
- La moquette : si on ne peut pas faire autrement, la choisir à poils ras et l'aspirer régulièrement. Dans l'idéal, mieux vaut avoir du parquet vitrifié ou du carrelage, par exemple.
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