La fréquence des allergies dans les pays industrialisés ne cesse d'augmenter. Elles sont classées au quatrième rang des maladies mondiales par I'O.M.S. (Organisation mondiale de la santé). Les enfants sont particulièrement touchés par ce phénomène, notamment par l'asthme qui se situe au premier rang des maladies chroniques chez les jeunes.
Or, les allergies handicapent la vie de l'enfant chez lui, à l'école et dans ses loisirs.
Il existe heureusement des traitements destinés à soulager rapidement les petits malades, sans oublier l'éviction de l'allergène lorsqu'elle est possible. On peut aussi influer sur le cours de la maladie allergique en effectuant une désensibilisation. Aujourd'hui, elle est de plus en plus pratiquée et validée par les experts internationaux. Elle est reconnue par I’O.M.S., depuis 1998, comme "le seul traitement capable de modifier l'histoire naturelle de la maladie allergique". Ses taux de réussite ne sont pas à négliger. Ils atteignent environ 80 % pour les acariens, les pollens, les poils de chat et pratiquement 100 % pour les insectes hyménoptères.
Identifier le coupable
La désensibilisation n'est jamais proposée en première intention, mais seulement après échec du traitement thérapeutique et préventif ainsi que du contrôle de l'environnement (protection de la literie avec une housse anti-acariens, matelas synthétiques, nettoyage régulier des peluches, lavage du chat avec un gant humide, etc.).
Plusieurs conditions sont nécessaires pour sa mise en place : il est impératif de prouver quel allergène est responsable des symptômes de l'enfant. Effectivement, 40 % des personnes ayant un chat depuis cinq ans ont une sensibilisation vis-à-vis de l'allergène, mais cela ne veut pas dire qu’elles développeront les symptômes.
II est également important que la symptomatologie soit équilibrée par un traitement médicamenteux. Des examens sont aussi prescrits tests cutanés (Pfick-test), analyse biologique, exploration fonctionnelle respiratoire en cas d’asthme. Lorsque le médecin a un doute sur l'allergène en cause, il peut, en seconde intention, pratiquer un test de provocation nasal ou bronchique afin d’affirmer le rôle déclenchant de tel ou tel allergène.
À partir de cinq ans
Selon les recommandations internationales actuelles, la désensibilisation n'est proposée qu'aux enfants de cinq ans et plus. Deux raisons à cela : pour des questions d'éthique, aucune étude n'a été faite sur des plus jeunes. Et le système immunitaire des enfants de cinq ans est un peu plus mature vis-à-vis des allergies.
On ne peut malheureusement pas désensibiliser à tout. L'immunothérapie spécifique se fait principalement aux acariens, aux pollens de graminées et à ceux d’arbres, aux poils d'animaux et aux venins d’hyménoptères (guêpes, abeilles). Actuellement, fil n'existe absolument aucune désensibilisation possible en ce qui concerne les allergies alimentaires ainsi que l'eczéma de contact.
En piqure ou sur un sucre
Désensibiliser un enfant, c'est réhabituer progressivement son organisme à l'allergène responsable de sa maladie allergique. Pour cela, deux modes d'administration sont possibles.
La méthode sous-cutanée
Elle consiste à injecter des doses croissantes du vaccin allergénique, dans la face externe du bras de l'enfant. Au début du traitement, les injections se font toutes les semaines. Elles sont progressivement espacées pour devenir mensuelles. Les piqûres sont indolores et toujours effectuées par un médecin, car elles doivent être suivies d'une surveillance d'une demi-heure dans la salle d'attente afin de pouvoir intervenir en cas de forte réaction (manifestations générales à type d'urticaire ou de crise d'asthme, ou choc anaphylactique évalué à un sur deux millions d'injections). Ce qui est extrêmement rare.
En revanche, l'enfant peut avoir des effets secondaires : réaction locale au point d'injection, accentuation transitoire des symptômes en raison d'une montée en puissance des doses trop rapide.
Si le traitement est long et contraignant (trois à cinq ans), il est accepté par la majorité des jeunes patients. Ils sont apeurés la première fois par la piqûre, mais ils dédramatisent vite ensuite. Seuls 5 à 10 % arrêtent en cours de route.
La voie sublinguale
Elle consiste déposer des gouttes de l'allergène sur un sucre et à le laisser fondre sous la langue pendant deux minutes, le matin à jeun. La prise doit être quotidienne.
Cette méthode se fait à domicile. Les rendez-vous chez le médecin sont donc nettement moins nombreux. Aucune réaction grave n'a, jusqu’à ce jour, été constatée. Seuls quelques effets secondaires bénins peuvent apparaître en début de traitement : démangeaisons dans la bouche, légers troubles digestifs.
Toutefois, elle n'a pas que des avantages. II faut effectivement penser à prendre les gouttes tous les jours (ce qui peut poser problème lorsque l'enfant part en "classe transplantée" ou en colonie de vacances). Elle ne marche pas pour les hyménoptères. Le produit doit être gardé au frais, une conservation difficile lors des déplacements en week-end ou en camping, par exemple. L’absence de rendez-vous réguliers chez le médecin fait que le patient est livré à lui-même pour le suivi thérapeutique. Cette liberté entraîne 20 à 30 % d’arrêt de traitement avant la fin de la désensibilisation.
La meilleure période
L’immunothérapie spécifique aux pollens, par voie injectable, doit être démarrée en septembre-octobre et être poursuivie jusqu'en mai avec, ensuite, des injections de rappel pour être efficace. Par voie sublinguale, on peut débuter plus tard — vers janvier-février — et poursuivre jusqu'en juillet. En revanche, bien que les acariens soient plus présents en automne et au printemps, il n'y a pas de saison particulière pour désensibiliser un enfant, le traitement se faisant toute l'année. Par contre, on ne démarre jamais une désensibilisation avant les grandes vacances.
Des enfants qui se portent mieux
Les effets bénéfiques de la désensibilisation apparaissent plus ou moins rapidement. Ce délai est fonction de l'allergène en cause et des symptômes de l'enfant. Le petit patient constate que ses symptômes diminuent (rhinite, hyper-réactivité bronchique, crise d'asthme) voire disparaissent dans certains cas. Ce qui entraîne une réduction de la prise des médicaments ou un arrêt complet dans le cas d'une rhinite saisonnière par exemple, ainsi qu'une baisse du taux d'absentéisme scolaire. Sa qualité de vie change, elle devient nettement meilleure. II peut enfin vivre comme tous ses copains du même âge.
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