Parfois gênés de répondre aux questions imprévues de nos enfants, nous faisons diversion et parlons d'autre chose. On croit qu'ils oublient, passant à un autre sujet. Mais ils reviennent toujours à l'attaque un peu plus tard, espérant alors une réponse. Et puis, il y a la mort. Un mot que nous osons à peine prononcer. Une réalité que nous ne voulons pas imaginer, que nous voulons à tout prix épargner à nos enfants.
L'annoncer sans attendre
Pourtant, un jour ou l'autre, la mort survient. Et là, les adultes doivent avoir le courage de faire face. Pas question de remettre à plus tard ce qui doit impérativement être dit au plus tôt à l'enfant. II faut le considérer comme une personne à pan entière, comme un vrai membre de la famille.
Repousser l'annonce de la mort d'un proche, c'est risquer, face aux questions de l'enfant, de répondre n'importe quoi parce que nous aurons été pris au dépourvu. C'est également prendre le risque de s'enliser dans des mensonges comme
« Tu ne verras pas ton père pendant quelque temps, il est en voyage ». Puis, à l'enfant qui demand est-ce qu'il reviendra ? on répond : « Pas tout de suite, il a dû prolonger son séjour ».
Jusqu'au jour où l'on ne peut plus reculer devant l'annonce de la vérité : « Ton père est mort ». Mais alors, comment en vouloir à l'enfant s'il ne nous croit pas, puisque nous lui avons menti quelque temps avant d'oser lui avouer la mort de son père ? Réagir ainsi, c'est s'exposer à perdre sa confiance pour longtemps.
D'autant plus que les enfants ne sont pas idiots, ils sentent lorsque quelque chose ne va pas autour d'eux.
Oser utiliser le mot "mort"
Il faut donc l'annoncer rapidement, quel que soit l'âge de l'enfant. Sans utiliser de termes vagues, par souci, certes, de ne pas traumatiser l'enfant, mais finalement, peuvent qui, brouiller son esprit et lui laisser imaginer un retour possible. Ne dites pas : « Il est parti » ou « Il est au ciel ». Autant de termes qui peuvent amener l'enfant à se dire : « Mais alors il va revenir bientôt ».
Si le mot mort fait peur à l'adulte, l'enfant l'emploie dans ses jeux. II n'y a qu'à les regarder jouer aux cow-boys et aux Indiens en cours de récréation ou au jardin, les voir tomber par terre suite à un coup de feu et se relever juste après.
Il ne faut pas craindre d'utiliser le mot "mort", et annoncer cet événement tragique sur un ton neutre. Nous savons tous, par expérience, que le ton employé a une grande importance dans la réaction de l'enfant.
N'avons-nous pas déjà grondé un tout-petit en riant et ne l'avons-nous pas vu rire à son tour (ou dit une gentillesse avec une grosse voix et qu'il se mette à pleurer)
S'il ne faut pas lui cacher la vérité, rien ne sert non plus de s'étendre et de faire subir à l'enfant le choc que l'on a reçu. Il n'est pas là pour supporter notre peine. A sa demande, il peut toutefois être bon d'en parler avec lui afin qu'il voie que les adultes ne sont pas sans faille et souffrent aussi, et sur- tout qu'il n'est pas responsable de ce qui arrive. Car, souvent, les enfants se sentent coupables lorsque leurs parents sont tristes. Et pour lui, pour que sa vie quotidienne soit le moins perturbée possible, nous nous devons absolument d'être forts.
Ensuite, chaque famille donnera à la mort sa dimension propre : La mort, c'est quand on ne vit plus et que l'on dort à tout jamais dans une boîte au fond de la terre.
Pour les catholiques, ce sera : « Dieu nous a donné la vie éternelle. L'âme de celui que tu aimes est auprès de Dieu. Là où il est, il est heureux. Chaque soir, tu peux prier pour lui. Il entendra ta prière et restera toujours présent auprès de toi, dans ton cœur. »
Il rit au lieu de pleurer...
En-dessous de cinq à six ans environ, l'enfant n'a pas de connaissance de l'inéluctable.
Par conséquent, ne lui en voulez pas si, juste après l'annonce de la mort, il a des réactions paradoxales et retourne, tout simplement, jouer avec ses petites voitures ou sa poupée au lieu de pleurer. Ce n'est pas parce qu'il n'aimait pas la personne qui vient de mourir.
Petit à petit, en grandissant, il fera son chemin et découvrira à travers des situations vécues la signification du mot mort : la fleur coupée meurt, le poisson rouge qu'il avait gagné à la kermesse meurt aussi.
Plus tard, vers sept-huit ans, quand l'enfant a acquis "l'âge de raison", il peut avoir besoin de parler de ce deuil à un médecin, de préférence un psychiatre. Ce dernier saura détecter peut-être de légers troubles du comportement et aider l'enfant à accepter cette mort.
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