Qu'est-ce que le bonnet d'âne ?
De nombreuses gravures et illustrations datant du 19ème et du début du 20ème siècle montrent un enfant au coin ou à genou, coiffé d'un chapeau : le bonnet d'âne. Il s'agissait le plus souvent d'un bonnet pointu. Il pouvait aussi être orné de deux oreilles, évoquant celles de l'âne. Souvent réalisé en papier, il pouvait aussi porter la mention "Âne" en toutes lettres. Bien que l'on note une grande variété de modèles, une chose est sûre : il n'était pas très élégant !
Son histoire
L'origine du bonnet d'âne est difficile à déterminer. Les premières représentations datent du Moyen-Âge. Une légende tenace prétend que ce couvre-chef avait alors eu une connotation positive. On l'aurait placé sur la tête des élèves afin qu'ils héritent un peu des qualités de cet animal travailleur, doux et intelligent. Faut-il y croire ?
Il est vrai que l'âne est régulièrement présent dans le bestiaire médiéval, et qu'il est alors l'âne indissociable de la crèche. On le voit systématiquement représenté auprès du boeuf, réchauffant le petit enfant Jésus. Mais la Bible n'est pas la seule à mettre l'âne en scène. Et des fables d'Ésope aux textes du Moyen-Âge, rien à faire : il reste assez idiot et un brin caractériel !
La thèse du bonnet d'âne offert aux élèves pour les valoriser et les encourager a de quoi laisser sceptique... Une chose est sûre : à partir du 19ème siècle, porter le bonnet d'âne est beau est bien une punition !
Pourquoi mettait-on un bonnet d'âne aux mauvais élèves ?
Dans la pratique, l'âne se révèle être un animal plutôt futé. Mais de l'Antiquité à nos jours, la littérature lui a bâti une solide réputation de bête stupide. En témoigne l'expression populaire "bête comme un âne" ou sa variante : "être un âne".
Au 19ème siècle, l'éducation passait par une discipline de fer et un recours à la punition qui a de quoi faire frémir aujourd'hui ! Et quand un élève donnait une mauvaise réponse ou faisait une bêtise, il écopait du bonnet d'âne, et se retrouvait généralement debout, au coin. Suivant la gravité estimée de sa faute, il pouvait même avoir à le porter toute la journée, y compris dans la cour ou au réfectoire.
Imposer le bonnet d'âne à un élève, c'était donc une façon très claire de lui signifier : "tu n'es qu'un âne" et de lui faire honte devant tout le monde. Une vraie double-peine, puisque la punition était doublée d'une terrible humiliation...
Quelles étaient les autres punitions à l'époque ?
À l'époque de la méthode Montessori, le port du bonnet d'âne a de quoi faire frémir les parents. Au 19ème siècle – et pendant une bonne partie du 20ème siècle – ne n'était pourtant pas la seule punition dont usait le corps enseignant ! Instituteurs et professeurs disposaient même d'un arsenal assez conséquent...
Les châtiments corporels ont longtemps été d'usage. Au 19ème siècle, certaines classes étaient même équipées... d'une chaise à fessée ! Certaines étaient équipées de férules ou d'un martinet. À moins que les élèves ne se voient infliger quelques coups de baguette sur les doigts.
En 1835, un arrêté interdit officiellement les châtiments corporels... même s'il dressait une liste peu engageante de punitions autorisées. Un élève pouvait ainsi se voir obligé de passer une partie de la classe ou de la récréation à genoux dans un coin, ou se voir affublé d'un panneau sur lequel était inscrite la faute qu'il avait commise.
Il faut attendre 1887 pour que ce type de pratiques soient proscrites. Restent quelques punitions classiques, dont certaines sont toujours employées aujourd'hui :
- Les mauvais points ;
- Les réprimandes ;
- La privation partielle de récréation ;
- La retenue après la classe ;
- L'exclusion.
Dans la pratique, pourtant, le tirage d'oreille et le coup de baguette sur les mains eu la vie dure ! Sans parler des gifles, dont certaines ne manquèrent pas de défrayer la chronique récemment encore.
N'oublions pas un autre grand classique intemporel : les lignes à copier. Et celle-là, aujourd'hui encore, peu d'écoliers peuvent se vanter d'y avoir échappé !