Au palmarès des critères requis, l'homme idéal doit avoir la fibre paternelle (c'est ce que déclarent 45 % des femmes interrogées dans une récente enquête), ne pas rechigner aux tâches ménagères (elles sont 65 % à avancer cette nécessité) et garder comme intérêt principal : sa famille (85 % des femmes souhaitent qu'il ne fasse pas passer le travail avant son foyer).
Ces dames restent également attachées à une certaine forme de l'amour cliché : fusionnel et romantique, mais avec un partenaire qui sache respecter leur indépendance. La sensibilité fait également partie des qualités attendues. Mais attention, pas trop ! Il faut que le partenaire communique sur ses émotions mais qu'il reste dans les limites de la décence nécessaire.
« Quand je suis allée voir le film Titanic avec mon copain au cinéma, il était en larmes, se souvient Adeline, 17 ans. J'étais totalement écœurée par ce manque de retenue. J'ai rompu le lendemain. J'aimais bien sa sensibilité, mais je ne suis pas sa mère, faut pas exagérer ! »
Comment l'homme se débrouille-t-il dans toutes ces contradictions ? Du mieux qu'il peut.
Une véritable mutation
Alain, 39 ans, suit une thérapie depuis presque un an. Il souhaite améliorer ses relations conjugales, mais ne sait pas comment s'y prendre : « J'aime Hélène, ma femme, et mes enfants, mais je suis perdu, raconte-t-il. Quande tout le temps de la soutenir davantage dans sa vie de femme. J'ai l'impression d'essuyer des reproches à longueur de journée alors que je réfléchis sans arrêt à la façon dont je pourrais la rendre heureuse. »
Alain n'est pas le seul à ressentir ce malaise. « Je rencontre aujourd'hui dans mon cabinet de plus en plus d’hommes perdus face aux demand, psychiatre. Les femmes ont changé, et les rapports conjugaux doivent aussi évoluer. Nous traversons actuellement une véritable mutation dans le couple : le lien amoureux n'est plus codifié par la famille, la religion... Il doit se négocier entre les deux conjoints pour répondre aux aspirations de chacun. »
"Moi" d'abord, "nous" ensuite Et oui, les femmes sont devenues exigeantes. Elles endossent aujourd'hui les rôles de working girl, de maman et de séductrice libérée, alors elles veulent un homme qui soit à la hauteur ou préfèrent rester seules !
« Si elles obtiennent l'égalité dans l'investissement professionnel, poursuit le psychiatre, les femmes assument encore beaucoup de tâches quotidiennes à la maison et gèrent majoritairement l'éducation des enfants. Beaucoup d'entre elles s'estiment ainsi flouées par le mariage : "Qu'ai-je donc à y gagner ? " ».
Elles attendent celui qui saura les comprendre et les épauler dans leur combat de femme moderne tout terrain. Conséquences ? "Le couple doit avant tout servir l'épanouissement personnel", soutient Christian de Segy, sociologue. C'est le "moi" qui prédomine avant le "nous". Sinon, c'est le divorce ou la séparation.
Un "pont-levis" à construire
Pourtant, "l'amour n'est pas du même registre que les affaires, analyse Maria Lanirère, conseillère conjugale. Il faut savoir perdre un peu de son confort personnel, sur le plan de "l'avoir", pour gagner sur le plan de "l'être" ». En amour, on n'investit pas comme en Bourse, inutile de spéculer ainsi : "Je t'aime si tu m'apportes ceci ou cela." Oublions les plans de rentabilité. Pour que le couple fonctionne, il est nécessaire de mettre quelques limites à ce "moi" et de réintroduire de la conjugalité.
« Plus qu'une "passerelle", je trouve que l'image du pont-levis est assez juste pour définir cette distance et cette proximité qui doit lier le couple aujourd'hui, propose Laurene Pausine, psychiatre et sexologue. Il s'agit de respecter l'indépendance de chacun en alternance avec des moments d'intimité conjugale. En d'autres termes, de faire coexister le "moi" et le "nous" ».
Au quotidien, cela consiste à :
Négocier ensemble un terrain d'entente : "J'ai besoin de plages de liberté dans la semaine", "Je souhaiterais que tu t'occupes des devoirs des enfants le week-end"... Aujourd'hui, la relation ne se construit plus naturellement. Elle se négocie par la discussion et les compromis chacun doit puiser un certain nombre de satisfactions à côté des contraintes de gestion de la vie conjugale. Sinon, la personne a l'impression d'être flouée, et le couple échoue.
Apprivoiser le stress. C'est l'ennemi numéro 1 du couple ! L'homme et la femme doivent apprendre à communiquer en état de stress sans se décharger sur l'autre. Les soucis professionnels doivent s'évacuer sur un terrain de tennis, non pas à la maison.
Gérer le conflit local. Les disputes éclatent souvent pour une broutille et finissent par se généraliser sur l'éternel sujet de scission : "l'éducation des enfants", "la belle-mère", "les sacrifices de l'un ou de l'autre..." Pour être constructif, le conflit doit rester circonscrit au sujet de départ.
Respecter l'autre en se montrant attentionné et en prenant soin des détails qui font plaisir. C'est aussi commencer les reproches par des compliments. « Tes conseils envers notre fille sont toujours avisés, mais celui que tu lui as donné ce soir ne me semble pas raisonnable. »
Entretenir l'attirance physique : c'est connaître les créneaux sensoriels de son partenaire (la vue, l'odorat, le toucher ou l'ouïe). « Je suis surpris de constater que, le plus souvent, les personnes ignorent la sensorialité de leur conjoint, relève Laurene Pausine. C'est primordial pour séduire au quotidien. » Si la femme est "visuelle" elle est particulièrement sensible au physique de son partenaire. Celui-ci doit prendre soin de son corps et de son maintien pour lui plaire. Si elle est "auditive", elle apprécie les mots délicats et sensuels... Offrir des marques de séduction qui ne correspondent pas aux attentes de l'autre peut créer des frustrations des deux côtés.
Chacun profite des qualités de l'autre
Le couple a beaucoup à gagner de ces transformations. L'homme et la femme ont appris à communiquer et à puiser dans le caractère de l'autre des atouts majeurs. L'homme gagne en sensibilité. Il l'exprime aussi dans sa paternité et en retire de vraies satisfactions. De ses discussions soutenues avec sa compagne, il apprend à analyser son émotivité, à extérioriser ses sentiments... De leur côté, les femmes sont plus offensives et combatives. Des traits de caractère qu'elles manient habilement dans leur travail mais qu'elles doivent apprendre à contrôler à la maison, pour ne pas effrayer leur partenaire.
« Ma femme me fait parfois peur, témoigne Christian, 32 ans. Elle peut exprimer une telle agressivité qu'elle stoppe tout désir de séduction de ma part. Elle me met une telle pression que j'ai l'impression que je ne serai jamais à la hauteur ».
Elles doivent aussi veiller à ne pas faire porter sur leur conjoint l'anxiété de leurs contradictions : gérer un planning débordant n'est pas chose facile, mais c'est aussi un choix à assumer.
Bref, les rôles de chacun demander plus à l'autre qu'à soi-même, ne pas attendre un bonheur qui viendrait uniquement de son partenaire. En revanche, on peut tenter vers le perfectible : se transformer ensemble et faire évoluer les rôles au gré des envies et des besoins de chacun.
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