Les multiples visages de la tentation d'infidélité
Une complicité professionnelle ou amicale qui se transforme peu à peu en trouble, une rencontre qui ouvre la porte aux fantasmes, un petit jeu de séduction qui joue à "j'y vais, j'y vais pas"... La tentation de l'infidélité a plusieurs visages, plusieurs degrés, mais concerne tout le monde. Tel est le constat et la conviction des psychothérapeutes et sexologues qui recueillent les interrogations, les peurs et les désirs des hommes et des femmes.
La tentation de l'infidélité, même fugace, est un mouvement inévitable, car nous sommes des êtres de désir, c'est ce qui nous rend vivants. Être tenté, c’est ressentir un trouble, et cela ne veut pas dire que l'on va passer à l'acte ou que son couple est à la dérive. Même si tout le monde ne vit pas la tentation de la même façon.
Certains sont des habitués de la tentation, d'autres, en revanche, ne s'autorisent pas la moindre brèche psychique dans le mur de leur fidélité. Selon la psychanalyste, tout dépend de la façon dont on s'est construit inconsciemment. Notre rapport à la culpabilité et au plaisir va dépendre de notre organisation psychique. Certaines personnes, lorsqu'elles se sentent au bord du trouble, ne sachant pas comment elles vont réagir, prennent la fuite, tandis que d'autres vont passer à l'acte.
Jeux de séduction et fantasmes: entre équilibre et tentation
À contrario, les hommes et les femmes, qui sont bien ancrés dans leur relation de couple, peuvent s'autoriser des petits jeux de séduction, comme des "séances de fantasmes", sans pour autant remettre leur relation en cause ou en danger.
Les sexologues voient dans cette capacité à cultiver simultanément sa relation de couple et son petit jardin secret la preuve d'un certain équilibre psychologique et souvent aussi le secret de la durée des couples amoureux. Dans l'imaginaire, le tiers sur qui l'on fantasme momentanément vient remettre du piment dans la relation. Il ne s'agit pas de tromper son conjoint en pensée, mais de profiter de l'énergie, du coup de fouet que redonne la sensation que l'on peut désirer et être désiré en dehors de son couple. C'est une dimension narcissique très importante et bénéfique.
Toutes les tentations ne se ressemblent pas. Tout d'abord, et même si c'est un cliché, il reste en partie vrai : les hommes et les femmes sont tentés différemment. Les hommes, plus enclins à séparer sexe et sentiments et très stimulables visuellement, sont très souvent tentés, sans que cela génère de la culpabilité ni remette leur couple en question.
L’infidélité : un petit jeu qui donne des frissons
Les femmes peuvent aussi éprouver une tentation purement physique, mais statistiquement si elle dure, des émotions, des sentiments peuvent la rendre culpabilisante ou perturbante pour la relation. Tout dépend de ce que la tentation signifie pour soi. Un petit jeu qui donne des frissons, le moyen de relancer sa libido sans passer à l'acte ou encore le révélateur que quelque chose ne fonctionne plus dans la relation.
Souvent, ce sont les femmes qui se rendent compte, en désirant fortement ailleurs, qu'elles sont déçues, frustrées dans leur couple. C'est le cas lorsque, dans celui-ci, il n'y pas plus de partage émotionnel, quand le couple se résume à une SARL : payer des factures et résoudre des problèmes. Grand est alors le désir de passer de la tentation à la concrétisation. Tout dépend du choix que l'on va faire. Soit on s'investit dans une liaison mais sans intention de mettre fin à sa relation de couple, soit on se sert de cette tentation pour partir, soit on s'en sert de levier pour faire repartir son couple.
Être désiré rend désirable
Lorsque l'on désire ailleurs, il est rare que le conjoint ne remarque pas un changement de fond. Dans l'attitude au quotidien, les apparences, l'intimité. Les psys et les sexologues sont unanimes pour conseiller la discrétion. Pourquoi blesser l'autre avec une "faute" qui n'a pas été commise ? L'autre erreur serait de faire un bilan de son couple très négatif, ou de considérer son partenaire comme l'unique responsable, afin de se déculpabiliser de désirer ailleurs.
Culpabiliser et dramatiser ne sont pas des énergies porteuses mieux vaut se demander : "Que puis-je faire pour remettre du carburant dans ma relation ? " Il faut partir des manques que l'on ressent : qu'aimerait on vivre ou revivre avec son partenaire ? En partant de là, on peut prodiguer les bons soins.
Plus de sensualité, de temps à deux, d'écoute attentive, d'attentions... Sans compter qu'il n'est pas rare que le conjoint qui se sent intuitivement placé en rivalité fasse des efforts pour partir à la (re)conquête de l'autre. Le fait d'être désiré rend désirable et la petite pointe de danger qu'introduit le soupçon peut servir à se remettre dans une position plus active de séduction. Un soupçon de mystère et une pointe de danger, deux ingrédients majeurs pour réveiller le désir.
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