Le premier sourire
Se construire soi-même, se sentir différent de l'autre, c'est passer par des phases d'acquisitions nouvelles. Vers huit semaines apparaît un rayon de soleil dans la vie du nouveau-né et de sa maman : c'est son premier sourire, qui représente "le premier organisateur" de la vie psychique du bébé. Ce sourire est la première manifestation active, dirigée et intentionnelle du comportement de l'enfant.
Comme sa mère y répond avec ravissement, le petit renouvelle l'expérience qui lui apporte bonheur et câlins ! Grâce à la réponse de sa mère, il a compris que le signe qu'il avait émis, le sourire, avait un sens. Et, bien sûr, il recommence l'expérience pour le bonheur de tous !
Bébé a peur quand il ne vous voit plus
"Le second organisateur" est bien moins lumineux et répand une première part d'ombre sur la vie du bébé : c'est "l'angoisse du huitième mois". Mais il est aussi constructeur de sa personnalité. Vers six-huit mois, le bébé manifeste une réaction de détresse lorsqu'il est séparé physiquement de sa mère. Cette détresse se manifeste pratiquement chez tous les bébés, quel que soit leur pays ou leur culture.
L'universalité de cette douloureuse réaction des enfants est une preuve supplémentaire, s'il en fallait une, de la force du lien d'attachement qui les relie à leur mère.
Cette détresse témoigne d'un besoin vital, aussi important que la faim ou la soif. Si l'enfant en est privé durablement, des carences affectives graves s'installent, pouvant aller jusqu'à menacer sa vie.
Qu'est-ce qui se passe dans la tête d'un bébé de huit mois quand sa mère disparaît de sa vue ? Il pense qu'elle n'existe plus. Il lui faudra accomplir tout un travail de maturation psychologique pour se fabriquer une "représentation" une image de sa mère, en son absence, et comprendre que celle-ci va revenir.
Un visage étranger peut l'effrayer
Cette angoisse de séparation peut même se manifester en présence de la maman lorsqu'arrive une personne étrangère à la famille, symbole pour lui de ce qui pourrait le "séparer" de sa mère. Le bébé paraît effrayé, il pleure, crie, et se jette dans les bras de sa mère !
Bébé apprend à grandir
Toutes ces expériences, heureuses ou malheureuses, sont nécessaires et salutaires, et constituent un passage obligé vers l'autonomie. Souvent, l'enfant les revit en rêves qui, parfois, se transforment en cauchemars. Mais, là aussi, la répétition des situations, l'habitude de s'y confronter font progresser l'enfant vers une plus grande conscience de la réalité et la manière de s'y adapter.
Lui parler pour calmer ses craintes
Même chez un bébé, les paroles simples et réconfortantes des parents portent leurs fruits : "Nous sommes là, près de toi, nous veillons sur toi, tout est calme dans la maison, tu peux dormir tranquille."
L'enfant perçoit parfaitement l'ambiance dégagée par ces mots et s'apaise. Quand des pleurs restent inexpliqués après toutes les vérifications d'usage, la maman l'exprime : "Je ne comprends pas toujours ce qui t'arrive, mais je vois bien que tu as de la peine, je vais te consoler et tout ira mieux." L'enfant cesse de pleurer dans la plupart des cas.
Son doudou, c'est vous !
Un mouchoir, une peluche, un foulard, imprégnés de votre odeur, de celle de son lit et de la nuit, calmeront ses craintes au moment de s'endormir. Cet objet précieux, c'est un peu vous et c'est un peu lui : le bébé se l'approprie. Le doudou vous "représente" au sens fort du terme, il lui donne une vraie image de vous à serrer sur son cœur, qui lui permet de supporter votre absence. L'air de rien, le doudou fait partie de l'apprentissage de l'autonomie !
Bébé appelle maman
Les premiers balbutiements ne sont parfois que des syllabes, "mememe", qui s'absorbent et se mangent avant de devenir clairement maman. Cela montre une fois de plus que, pour l'enfant, sa mère représente le "dedans", alors que les syllabes "pepepe", qui donneront "papa", repoussent l'air à l'extérieur pour nommer celui qui est "dehors" et peut venir troubler la relation exclusive mère-enfant des premiers jours.
Dès les premières semaines de fusion totale avec sa mère, le bébé, alerté par de multiples petits signes, commence, dans un léger frémissement de sa conscience, à comprendre qu'il est "un autre".
C'est à ce moment-là que le langage apparaîtra. La plupart du temps, ce moment est lié à la distance par rapport à la mère... Ce moment donc d'égarement, d'inquiétude, ce moment que l'enfant peut interpréter comme un moment d'abandon, il va le compenser par le langage. Il va nommer sa mère, il va l'appeler, il va la rendre présente... Alors, il invente le langage.
Il s'affirme en disant "non"
La possibilité pour l'enfant de dire "non" est "le dernier organisateur" de sa pensée. C'est encore une preuve de son identification à sa mère qu'il imite pour avoir, comme elle, une prise de pouvoir sur son entourage. Il dit "non" comme il a entendu sa mère le faire à son égard. Il en a, d'ailleurs, conçu de la frustration. "Non", c'est "j'existe et vous devez en tenir compte ! "
Il se reconnaît dans un miroir
Un bébé de douze mois placé devant un miroir essaye de jouer avec "l'autre bébé" qu'il voit devant lui. Il pense que c'est un autre enfant. Si on lui met une tache rouge sur le nez, le bébé touche le miroir à l'endroit de la tâche.
Vers deux ans, tout change, l'enfant regarde son image dans la glace, on lui dessine un rond rouge sur le nez, il porte la main vers son propre visage ! Il sait que c'est lui qu'il voit dans le miroir. Il s'est identifié. Étonnant ! En franchissant ces premières étapes, et il y en aura beaucoup d'autres, le bébé progresse dans la conscience de soi et vers l'autonomie.
L'accompagnement de sa mère, son amour, sa tendresse, son renoncement, resteront les ferments les plus puissants pour la réussite de sa vie d'adulte.
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