Chacune a son expérience à raconter : conflictuelles, calmes, difficiles à "gérer" ou agréables à vivre, les relations changent quand la fille devient jeune femme. Et ce changement est toujours une étape, pour la mère comme pour la fille.
Entre la "maman cool" et la "maman poule", la mère copine et la mère traditionnelle, la mère libérale et la mère protectrice, toutes ont un point commun : les rapports mère-fille, ça les connaît !
Et quoi qu'il arrive, les choses se compliquent quand la petite fille sage devient l'adolescente difficile.
La crise d'adolescence, si elle reste un cliché, n'en est pas moins tenace, et c'est de là que découlent certains problèmes intra-familiaux.
Changements choc
Mieux vaut être prévenue : la "métamorphose" peut se faire en quelques mois, voire quelques semaines !
L'adolescente "se cherche" ; à cet âge transitoire enfant-adulte, il faut qu'elle se forge une personnalité et parfois cette recherche ne se fait pas sans heurts ! Une période souvent difficile à vivre pour la fille, qui voit son corps se transformer d'une façon qui ne lui plaît pas toujours.
Le "garçon manqué" n'accepte pas les signes de sa féminité naissante (seins et formes qui s'arrondissent, premières règles, etc.) ; la jeune femme supporte très mal les traces d'acné, sa peau et ses cheveux trop gras...
Face à ce malaise (mal-être et "mal-paraître"), la mère de l'adolescente ne savent pas comment réagir. Souvent l'exaspération va avec la volonté de l'aider à passer ce cap. Parce que l'on est toutes passées par là et que l'on n'en garde pas forcément de bons souvenirs.
Recherche repères désespérément
Mais aussi parce que, face à une "adolescente en pleine crise", la mère ne sait plus quelle conduite adopter. Exaspérée par son arrogance (dans sa façon de parler, de s'habiller ou de se comporter), la mère libérale aura tendance à sévir, à devenir stricte et inflexible ! A l'inverse, la mère sévère, qui vit la crise de sa fille comme une agression contre elle, risque de faiblir. Et "lâchée subitement dans la nature", la jeune fille, livrée à elle-même, peut se sentir perdue sans les repères qu'on lui avait inculqués.
Rassurez-vous et prenez cela avec résignation et philosophie : il est bien connu que les ados en veulent à la Terre entière, donc forcément à vous aussi ! Cela passera...
Pas d'éducation modèle
« Je gardais un tel souvenir de mon "passage à l'âge adulte", de mon esprit d'indépendance que je revendiquais haut et fort face à une mère sévère que, quand ma fille a approché ce cap, je m'angoissais pour elle et aussi pour moi ! Je ne voulais pas revivre les conflits que j'avais connus », se souvient Marie. « Mais, en réalité, je suis tombée dans l'effet inverse et je suis devenue une mère trop libérale. Je voulais sans arrêt discuter avec elle, la comprendre, et plus je voulais créer une complicité non spontanée - ma fille a toujours été très réservée -, plus elle ressentait ma "curiosité" comme un "viol" de son intimité. Elle ne supportait plus que je m'immisce dans sa vie, et elle a même fugué. »
Au moment de la puberté, la jeune fille a besoin d'une intimité préservée. C'est l'époque des premières amours et des premiers chagrins, des "incompatibilités d'humeur" avec les profs, l'époque aussi où les copains et la meilleure amie-confidente jouent un rôle très important. Autant d'éléments qui font qu'il risque d'y avoir en même temps "rupture" avec la mère et besoin de contacts. Equilibre difficile, que Marie n'a pas su trouver.
Transfert de vie et d’envies
Autre son de cloche chez Céline, professeur et mère de trois enfants, dont une adolescente de 15 ans. Elle aussi a souffert des réactions de sa mère, quand elle était ado. « Ma mère était le genre de personne qui pense à la place des autres ! Elle croyait toujours savoir ce dont j'avais envie, ce que je voulais faire. Etant fille unique, sa façon de me "dicter ma vie" m'étouffait complètement. » Nombreuses sont les femmes, d'ailleurs, qui font un transfert sur leurs filles. Un transfert de vie et d'envies... Les ambitions qu'elles avaient pour elles-mêmes (un "beau mariage", une "belle situation"), elles les renvoient sur leur fille et finissent par vouloir décider pour elles. Inutile de dire que ce climat très étouffant éclate tôt ou tard, et la tempête risque d'être violente !
Quand elle en sort ! »
« Je la traite en adulte »
Le respect mutuel entre Céline et Lilou se retrouve dans toute l'éducation. « J'ai tellement mal supporté "l'interventionnisme forcené" de ma mère et ses conséquences, continue Sabine, que je considère maintenant que ma fille se responsabilisera si l'on parle de ses projets toutes les deux comme des adultes. Et je n'irai pas à l'encontre de ses désirs, si elle a des motivations valables. »
Le dialogue, que ce soit en matière d'orientation professionnelle, de sexualité, etc., est le plus sûr moyen de prévenir l'adolescente et d'être à l'écoute de ce qu'elle veut. Et n'oubliez pas qu'une ado avertie en vaut deux !
Telle mère, telle fille
Vous le croyez vraiment ? Si elles se ressemblent trop, un risque plane : celui de la rivalité, une jalousie complètement féminine, qui se déclenche quand la fille est de plus en plus séduisante.
Et il arrive parfois que la mère refuse inconsciemment de voir sa fille grandir. Peur de la perdre ? Peur de vieillir ? Alors, beaucoup se réfugient dans une attitude critique. « Ma mère critiquait mes copains, mes sorties, bref toutes mes fréquentations. Inutile de vous dire que mon premier amoureux n'a pas plu. J'ai compris ensuite que son agressivité était simplement de la jalousie doublée de la peur de me voir m'éloigner », raconte Lydie. Et forcément, cela doit arriver un jour...
La boucle est bouclée
Le départ de la fille est une autre étape importante qui marque ses relations avec sa mère. A son tour, elle devient épouse et mère. Quand elle se marie et s'installe, tout lui rappelle sa mère : la maison, la cuisine, puis l'éducation des enfants. Là encore, cette "rupture-rapprochement" est vécue de façon différente selon chacune : soit la fille "prend exemple" sur une mère "modèle", une référence qu'elle connaît bien ; soit elle ne veut pas revivre les mêmes choses de la même façon et s'en éloigne.
Dans ce contexte, le rôle de "la pièce rapportée", en l'occurrence le mari-gendre, est très important. Si celui-ci s'entend bien avec sa belle-mère et dispense sa femme de ses remarques désobligeantes - ce qui n'est pas toujours le cas ! -, les choses se passent bien. Si, en revanche, il ne supporte pas ses conseils ou simplement son avis, cela risque de se compliquer, car la fille est prise entre deux feux : sa mère et son mari. Mère et fille doivent savoir alors gérer cette nouvelle égalité (de femme à femme) sans empiéter sur la vie de chacune.
Ah, c'est bien compliqué tout ça ! Non ? Et si, mère et fille, on se mettait d'accord - pour une fois ! - afin de vivre les choses simplement ?
À lire aussi :