L'alimentation crétoise de base
L'alimentation crétoise traditionnelle est essentiellement végétarienne et bio. L'idée principale est de consommer un maximum de fruits, de légumes et de céréales, peu de viande et de poisson, et surtout beaucoup d'huile d'olive.
Oubliez le beurre et la margarine, ou alors une "lichette" de temps en temps pour le plaisir... Sachez également que les Crétois consomment très peu de sucre qu'ils remplacent par du miel.
La grande majorité des produits de base utilisés dans le "manger crétois" est disponible en France. Ce mode d'alimentation est finalement assez économique. Aucun des produits de base ne coûte cher.
L'huile d'olive : le pivot du régime crétois
C'est le pivot de l'alimentation crétoise. Composée en majorité d'acides gras mono-insaturés, elle s'oxyde moins vite que d'autres huiles. Elle est, en fait, un pur jus de fruits pressés.
Elle contient donc beaucoup de polyphénols dont on connaît aujourd'hui les qualités anti-oxydantes. On peut l'utiliser dans tous les modes de cuisson, y compris pour la friture. En effet, l'huile d'olive est stable jusqu'à 200 degrés.
Il est recommandé d'en consommer de 80 à 100 grammes par jour. Cela paraît énorme. En fait, l'huile d'olive ne pénètre pas dans les aliments, contrairement à d'autres huiles.
Résultat : vous en avalerez moins. Les Crétois l'utilisent pour assaisonner, cuire, frire et même pour la pâtisserie. Il suffit, dans une recette, de remplacer le beurre par la même quantité d'une huile d'olive douce. Vous serez étonné du résultat : le goût des gâteaux ne change pas. Choisissez de préférence une huile étiquetée "extra vierge" qui garantit un taux d'acidité inférieur à 1 %. Sélectionnez ce produit comme un bon vin, en fonction de sa provenance et d'une appellation d'origine.
Les plantes sauvages
Les habitants de l'île raffolent de l'artichaut, des épinards et de l'asperge sauvages, de la bourrache, de la mauve, du pissenlit, du pourpier, de la roquette, des champignons, etc.
En France, la plupart de ces plantes se trouvent sur les marchés bio, mais aussi, tout simplement, dans les campagnes et les sous-bois.
Après la cueillette, toutes les recettes sont permises les soupes, les salades, les ragoûts, les purées, les tourtes, les quiches... Quelques conseils de base : lavez soigneusement les plantes à l'eau et faites-les bouillir rapidement avant de les utiliser en cuisine. Vous pouvez les déguster chaudes ou froides, arrosées d'un filet d'huile d'olive ou de citron.
Le vin et le raisin dans l'alimentation crétoise
Un verre de vin par jour, c'est bon pour la santé. Les Crétois le savaient depuis des millénaires, bien avant que les vertus de ce breuvage (à doses modérées !) soient démontrées scientifiquement. Le raisin et le tanin du vin rouge sont très riches en polyphénols antioxydants.
Au moment des vendanges, les Crétois fabriquent une sorte de pâte de fruits, à partir du moût de raisin. La Moustalevria, c'est son nom, est une véritable cure d'antioxydants. Essayez de la préparer si vous passez vos congés dans une région vinicole, ou utilisez tout simplement des grains de raisin frais écrasés.
Les fruits, les légumes et les céréales
Frais ou secs, cuits ou crus, les fruits et les légumes de saison composent l'épine dorsale du "manger crétois". Ils représentent une source inépuisable de vitamines, sels minéraux, anti-oxydants et fibres. Commencez dès le matin par un jus frais pressé, et continuez à chaque repas. La consommation de fruits doit être de 400 g par jour pour une femme et de 450 g pour un homme.
Comptez 200 g par jour pour les légumes verts et les salades et encore 200 g pour les autres végétaux type carottes, tomates, champignons, oignons, etc. Quant aux pâtes et au riz, la bonne quantité se situe autour de 80 g par jour pour une femme et 100 g pour un homme (quantités données crues, avant cuisson). Enfin, préférez le pain complet au pain blanc.
Les fromages de brebis et de chèvre
Les Crétois n'élèvent pas de vaches. Ils consomment donc exclusivement du lait de brebis ou de chèvre, sous forme de yaourts ou de fromages. Bien que la preuve n'en ait pas été apportée, mais eu égard à la longévité de ceux qui les consomment, on peut penser que les fromages de chèvre et de brebis sont meilleurs pour la santé que les fromages de vache, sans doute à cause de la manière dont ces animaux sont élevés et se nourrissent.
Vivant en liberté dans la montagne où elles broutent des plantes sauvages et aromatiques, les chèvres et les brebis produisent un lait qui se distingue par sa teneur en acide alpha-linolénique, ce fameux acide gras qui protège contre la thrombose (la formation de caillots dans le sang). Il est recommandé de consommer 80 g de fromage et 150 g de yaourts tous les deux jours.
Ces produits sont facilement disponibles en France, y compris les fromages frais comme le Brousse de brebis.
Les escargots dans le régime crétois
Il aurait été dommage de ne pas les évoquer, dans ce tour de piste des produits de base. L'Église orthodoxe les recommande lors des périodes de jeûne qui reviennent régulièrement dans la tradition crétoise, au cours desquelles la consommation des animaux à sang est interdite.
Les escargots se prêtent à tous les modes de cuisson. En outre, ils représentent un faible apport en calories et leurs qualités nutritives méritent d'être mieux connues. Jugez plutôt : 75 % de protéines, 15 % de matières grasses (pas de cholestérol), beaucoup de calcium, de fer, de magnésium, de phosphore et de cuivre. A signaler que nos escargots français ne recèlent pas exactement les mêmes vertus que les gastéropodes crétois. Car ce qui fait la richesse nutritionnelle de l'escargot crétois, c'est sa nourriture. Lui se régale de plantes sauvages, notamment de ce fameux pourpier qui renferme de précieux acides gras.
Fort de toutes ces données ainsi que des recettes proposées ci-dessous, il ne reste plus qu'à vous laisser tenter par le "manger crétois" !
75 % d'infarctus en moins avec un régime crétois !
Les Crétois qui se nourrissent de façon traditionnelle ont une santé de fer. Ce "miracle" a beaucoup intéressé les scientifiques qui ont cherché à percer leur secret. En 1956, le nutritionniste américain, Ancel Keys, s'est penché sur les habitudes alimentaires de sept pays occidentaux (Finlande, États-Unis, Pays-Bas, Italie, Yougoslavie, Japon, Grèce dont Corfou et la Crète) qu'il a comparé à la mortalité coronarienne. Dans chacune de ces régions, le chercheur a observé pendant 10 ans le devenir d'un millier d'hommes âgés de 40 à 60 ans.
Les résultats furent spectaculaires : la mortalité cardiovasculaire était nettement plus basse en Crète que partout ailleurs, y compris à Corfou, région plus développée de Grèce. Autre curiosité, les Crétois affichaient un taux de cholestérol total comparable à la moyenne européenne. Après avoir éliminé différents facteurs (hérédité, environnement, etc.), l'alimentation apparut comme la raison principale de cette santé éclatante.
Pour en avoir le cœur net, deux chercheurs lyonnais, Serge Renaud et Michel de Lorgeril, ont étudié, entre 1988 et 1993, une population de 600 patients qui venaient de faire un infarctus.
Le premier groupe a été nourri selon le régime classique indiqué en cas de problème cardio- vasculaire par l'American Heart Association. Le second groupe a reçu une alimentation de type crétois. Au bout de 27 mois, on constatait déjà une différence énorme : 75 % de rechute d'infarctus en moins dans le groupe crétois !
En 1998, les résultats complets de cette étude ont été publiés. Pour résumer, la réduction du risque chez les sujets expérimentaux (ceux qui ont reçu l'alimentation crétoise) était de 56 % pour la mortalité totale et de 61 % pour les cancers.
La plupart des produits de base de l'alimentation crétoise possèdent des vertus antioxydantes reconnues. L'oxydation, comme la rouille qui ronge le fer, menace en permanence nos cellules. Elle favorise le vieillissement et l'apparition de maladies comme les cancers.
Certains aliments peuvent combattre ce phénomène, en particulier ceux qui contiennent beaucoup de polyphénols : la peau des fruits, l'huile d'olive, le raisin, les légumineuses, etc.
Par ailleurs, les Crétois ont opté pour les bonnes graisses, celles qui ne ruinent pas notre santé.
L'huile d'olive est riche en acides gras mono-insaturés et elle ne s'oxyde pas facilement ; contrairement à un produit comme l'huile de tournesol, riche en acides gras poly-insaturés oméga 6.
Consommer de trop grandes quantités d'huile de tournesol favorise l'apparition de cancers du côlon et des intestins, ainsi que des cancers génitaux chez la femme. Rien de tel chez les Crétois. Les anti-oxydants, tel est leur secret !
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