« Pour pouvoir respirer convenablement, je suis sous oxygène en permanence. Quand je sors, je place la bouteille d'oxygène dans un sac à dos mais les tuyaux qui sortent de mon nez trahissent mon état. Ce n'est pas toujours facile à vivre ! Je ne peux même plus passer l'aspirateur ou étendre le linge. Cela m'essouffle trop. » Sylvie a 58 ans et fume depuis une trentaine d'années. Comme près de trois millions de personnes en France, elle souffre de bronchopneumopathie chronique ou BPCO, une maladie essentiellement due au tabac qui rétrécit progressivement les bronches.
C'est actuellement la troisième cause de mortalité (par maladie) dans notre pays. Chaque année, plus de 15 000 personnes meurent de ses complications (dégradation du système respiratoire, surinfections bronchiques...).
Des symptômes trop souvent banalisés
Attention à la toux
L'inconvénient majeur de la maladie, c'est son évolution sournoise. Il faut expliquer l'origine des lésions pour mieux comprendre. Toutes les substances inhalées via la fumée de cigarette provoquent une inflammation de la muqueuse respiratoire. Bien sûr les cigarettes light sont aussi en cause.
Les bronches réagissent en sécrétant de plus en plus de mucus, mais elles ne peuvent plus éliminer correctement les sécrétions. Résultat : le malade est obligé de tousser pour les éliminer.
C'est l'image du fumeur qui crache tous les matins. Or, à cause de la BPCO, cette image peut être réelle dès 40 ans, après une vingtaine d'années de tabagisme.
Le terme de bronchite chronique est désormais abandonné puisqu'il correspond aux prémices de la BPCO. Ainsi, tout fumeur qui se met à tousser et à cracher régulièrement doit s'inquiéter et consulter son médecin pour une exploration approfondie. A ce stade précoce, les bronches n'ont pas perdu de leur tonicité.
Un essoufflement caractéristique
Par la suite, le muscle bronchique se détruit progressivement et devient incapable de se maintenir ouvert. Il freine le passage de l'air. Apparaît alors le signe caractéristique de l'essoufflement. « J'ai commencé par m'essouffler en montant les escaliers. Ensuite, j'ai été obligée de ralentir ma marche. II m'arrivait même de devoir reprendre mon souffle en bavardant au téléphone », se souvient Sylvie.
Aujourd'hui, malgré son handicap, elle continue de fumer un peu. Mais elle le sait, si elle veut continuer à s'occuper de ses petits-enfants, elle doit faire une croix définitive sur la cigarette.
Faites mesurer votre souffle
Si le sevrage tabagique ne "répare" pas les bronches, il permet de stabiliser les lésions. Et ce, à tous les stades de la maladie. La courbe du débit respiratoire de l'ex-fumeur décline ensuite au rythme observé chez un non-fumeur. Logique lorsque l'on sait qu'un fumeur atteint de BPCO perd 80 à 100 ml de souffle par an, contre 30 ml normalement. Ainsi, l'évolution de la maladie dépend uniquement de l'arrêt ou non du tabac.
Bien sûr, plus le sevrage est précoce, plus le débit respiratoire restera élevé. Au stade précoce où le seul signe est la toux, la BPCO peut même guérir. Mais une fois le calibre des bronches restreint, les méfaits ne sont guère réversibles. Les traitements médicamenteux disponibles sont les bronchodilatateurs inhalés, mais leurs effets restent symptomatiques. Et les bronches sont toujours obstruées. En outre, ils ne servent à rien lorsque les malades continuent de fumer.
Dans les cas graves, les corticoïdes inhalés sont indiqués. Mais quand le niveau de souffle baisse en dessous de 30 % de la norme, l'oxygénothérapie (au minimum 15 heures par jour) doit être associée. Si, à ce niveau d’insuffisance respiratoire, le malade continue de fumer, c'est sa vie qu'il met en en jeu.
Le dépistage précoce peut donc éviter le pire. La marche à suivre : mesurer son souffle à partir de 40 ans si l'on fume. Et ce, à l'aide d'un appareil calculant le VEMS (volume gazeux rejeté pendant la première seconde d'une expiration forcée), que possèdent les médecins du travail et les pneumologues. Bientôt, il sera à la disposition de tous les généralistes.
II suffit d'inspirer à fond et de souffler très fon dans un embout. Toute diminution du souffle signe un problème d'obstruction bronchique (l'air passe moins bien) et implique des examens plus poussés.
À savoir : Le débitmètre de pointe ou peak-flow ne permet pas de détecter les stades précoces où seules les petites bronches sont atteintes. Beaucoup de personnes ignorent leurs faibles performances respiratoires. Or, la diminution du souffle n'est que la partie visible de l'iceberg alors que les bronches sont déjà altérées. Si vous fumez depuis des années, n'attendez pas qu'apparaissent les symptômes d'une faiblesse respiratoire pour réagir.