Cosmétotextiles : Une tendance qui ne date pas d’hier
Depuis longtemps maintenant d’années, des sous-vêtements d'un genre nouveau sont apparus dans les rayons des supermarchés, des pharmacies et des sites internet. On trouve des collants amincissants ou anti-fatigue, des panties minceur, des soutiens-gorge hydratants... Ce sont les cosmétotextiles.
L'actif minceur, hydratant ou autre, est intégré à la fibre des collants ou des sous-vêtements. D'après les fabricants, celui-ci est libéré et pénètre directement dès qu'il est en contact avec la peau.
Conscients que le marché est porteur, de grands noms du textile se sont lancés sur le créneau. Le collant va servir de vecteur pour transmettre des produits actifs car c'est le vêtement le plus près du corps et il est porté entre 8 et 12 heures par jour. Certes... Mais on peut se demander si ces tissus apportent un vrai "plus" aux femmes ou s'il s'agit d'un "coup de marketing" pour relancer un secteur sinistré.
Algues, caféine... sont les actifs vedette
Pour l'heure, les actifs cosmétiques sont choisis parmi des substances les plus naturelles possibles, souvent d'origine végétale, dont les effets sont reconnus. une façon, peut-être, de rassurer la consommatrice face à une nouvelle technologie qui peut surprendre. Ainsi, les cosméto-textiles recourent beaucoup aux algues pour leurs propriétés relaxantes ou hydratantes.
On emploie également des substances comme la caféine, car c'est l'agent amincissant le plus efficace et le plus connu, ou des composés comme des extraits de marron d'Inde qui favorisent la circulation. Bref, les fabricants ne prennent pas de risque en utilisant des substances connues pour leur innocuité et leur efficacité, du moins lorsque celles-ci sont utilisées en application classique.
Mais alors, pourquoi se compliquer la vie en proposant des actifs cosmétiques via des textiles alors que ceux-ci fonctionnent très bien sous forme de crèmes ? Quand on pose la question aux entreprises concernées, leurs spécialistes vantent la double efficacité de la fibre conjuguée au principe actif du cosmétique.
De dermatologues se sont penchés sur la questions et on réalisés des tests. Ils ont comparés l'efficacité de principes actifs employés dans les cosméto-textiles et dans des crèmes classiques. Selon eux, les cosméto-textiles sont plus pratiques pour les femmes actives et pressées
Pour les collants, par exemple, on fait un geste de moins par rapport à un lait corporel puisque le simple fait de mettre le collant suffit à traiter. De plus, avec la même quantité de produits, l'efficacité est supérieure car l'effet opère pendant toute la durée du port du textile, là où une crème sèche en trente minutes.
Il n'y a pas encore de réglementation
Du côté des laboratoires privés et indépendants spécialisés dans les tests d'innocuité et d'efficacité de produits cosmétiques, les avis sont aussi plutôt favorables. Sur les quelques expériences qui ont été réalisées, les résultats sont très bons et comparables à ceux obtenus avec des produits en application.
Le test à, entre autre, été fait sur un pantie amincissant. Sur trois semaines, les effets sont comparables à ceux de cosmétiques sur quatre ou cinq semaines.
La réglementation gagnerait à être éclaircie. En effet, ces produits appartiennent à la fois à la famille des textiles et à celle des cosmétiques. Des textes et des avis recommandent aux fabricants de pratiquer des tests rigoureux et scientifiques avant commercialisation, pour évaluer, entre autres, les risques toxicologiques.
Mais rien ne les contraint vraiment à les effectuer, même si, en pratique, les plus sérieux s'y soumettent. Bien qu'aucune plainte n'ait été déposée à la Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF) ni à l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments et des produits de santé (Afssaps), ce vide réglementaire semble susciter quelques inquiétudes.
Il n'y pas de législation spécifique. Pour certains cosméto-textiles, le problème de la pénétration de la substance et des effets pharmacologiques possibles pourrait se poser. C'est pourquoi l’Afssaps fait l'inventaire pour évaluer les risques possibles et éclaircir la situation.
Autre point qui intéresse l'Afssaps les termes vantant les effets du produit. Si une entreprise veut faire une publicité pour un bas qui revendique une action bénéfique pour la santé, elle doit demander une autorisation préalable ou visa publicité produit (visa PP). C'est un label de qualité obtenu seulement si l'entreprise a apporté la preuve de son allégation.
Décryptez les étiquettes
La nuance est souvent difficile à faire entre les produits qui annoncent des bénéfices santé, comme l'entend l'Afssaps, et les autres. Ainsi, les fabricants n'ont pas besoin d'autorisation pour parler des qualités amincissantes, hydratantes ou anti-fatigue de leurs collants. En revanche, un visa PP est demandé s'ils veulent mettre en avant la prévention des jambes lourdes. Parce que les jambes lourdes sont une pathologie.
Mais si l'emballage des produits reste sobre, les brochures ou les sites Internet de présentation, eux, n'hésitent pas parler, par exemple, de collants énergisants et tonifiants qui répondent à "l'envie de légèreté" des femmes.
On ne cite pas la pathologie jambes lourdes, mais on la suggère... Certaines marques parlent d'effet relaxant tout en mentionnant discrètement un effet "anti-jambes lourdes". Et cela sans que la mention visa PP obligatoire n'apparaisse !
Pour que l'on puisse utiliser ces nouveaux sous-vêtements en toute confiance, une réglementation adaptée est donc nécessaire afin de pouvoir faire le tri entre les produits testés avec rigueur et les autres.
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